Notes
1 Le bilan de masse d' un glacier résulte de la différence entre l' accumulation et l' ablation. On range sous le terme d' accumulation tous les processus qui fournissent du matériel au glacier ( chutes de neige, accumulation de neige soufflée, dépôts d' avalanche, regel d' eau de fusion ). L' ablation regroupe tous les processus au cours desquels le glacier perd de la neige ou de la glace ( fonte avec écoulement, evaporation, évacuation par le vent ). Pour l' établis du bilan, tous les chiffres de l' accumulation sont affectés du signe positif, ceux de l' ablation du signe négatif ( cf. Willhelm 1975:197 ).
On distingue alors les années selon leur bilan positif ou négatif. Les chiffres d' une seule année ne sont pas très significatifs: ce qui est déterminant pour le comportement du glacier, c' est une suite d' années « favorables » ( bilan positif, progression glaciaire ) ou « défavorables » ( bilan négatif, retrait ). Le temps de réaction du glacier aux variations climatiques dépend dans une large mesure de sa taille et du relief ( les petits glaciers réagissent plus rapidement que les grands ).
2 A propos des cartes de notre pays, cf. notamment IM HOF 1927 et Nos cartes nationales ( les ALPES 1979 ). Pour les reliefs, cf. Gygax 1937, Kreisel 1947 et Imhof 1946, 1974, 1981.
3 On qualifie de « fossiles » le bois ou les sols anciens qui ont été recouverts. Mais, pour ce qui est du bois, il ne s' agit pas du tout de fossiles au sens habituel de pétrification.
4 L' âge réel d' une substance datée au carbone 14 a une probabilité de 68,7% de se situer à l' intérieur de la marge d' erreur donnée. Si l'on double cette marge, cette probabilité croît jusqu' à 95,5%. Un échantillon daté au 14C 62080 VBP a donc 68,7% de chance de se situer entre 540 et 700 ans, et 95,5% entre 460 et 780 ans. Pour effectuer une datation au carbone, on a besoin d' au moins 20 g de bois déshydraté et d' un ou de plusieurs kilos de sol ( selon sa teneur en carbone ). Mais il est possible aujourd'hui de dater de plus faibles quantités de matière organique ( de l' ordre du milligramme ) grâce au double ac-célérateur couplé AMS de l' Ecole polytechnique de Zurich ( sous la direction du professeur W. Wölfli ). On parle de dates conventionnelles lorsqu' elles ont été calculées sur la base de la demi-vie du carbone 14 établie par Libby ( 5568 ans = temps de la désintégration d' un atome de carbone 14 ). On est parvenu aujourd'hui à une détermination plus précise de cette durée ( 573040 ans ), et les dates sont souvent corrigées en fonction de cette nouvelle donnée ( la correction doit alors être expressément signalée ). Les dates données ici sont toutes des dates conventionnelles ( pour plus de renseignements, cf. Geyh 1971,1980, 1986 ).
En développant la méthode de datation au carbone 14, on partait de l' idée que le taux de carbone radioactif ( 14C ) dans l' atmosphère était constant. On sait maintenant que ce n' est pas le cas: ce taux a été et est toujours soumis à des variations. Grâce à la dendrochronologie, on a pu éta- Méthodes pour déterminer les variations des glaciers au cours des siècles blir des courbes de correction qui permettent de tenir compte de ces variations pour une datation au carbone 14 ( cf. Suess 1969, Radiocarbon 1986 ).
5 La dendrochronologie consiste à mesurer les cernes de croissance annuels, qui sont plus ou moins larges selon les conditions climatiques de l' année. On reporte ensuite ces mesures sur une courbe. Si différents arbres présentent des courbes très semblables sur une large surface, cela signifie qu' ils ont poussé à la même époque. Il suffit alors de connaître l' âge réel d' un de ces arbres pour en déduire celui des autres. A partir des âges connus de différentes courbes qui se chevauchent, on reconstitue en quelque sorte un « arbre infini » et on peut établir ainsi des chronologies absolues qui permettent de dater un arbre fossile à l' année près, pour autant qu' il ait poussé à une époque dont on connaît les courbes. Cf. Schweingruber 1983.
Outre leur largeur, on mesure aussi aujourd'hui la densité des cernes ( en g/cm3 ) à l' aide de techniques radiographi-ques ( radiodensitométrie ). Un cerne annuel se compose de cellules assez lâches pour le bois de printemps et plus denses pour le bois d' automne, ce dernier se formant surtout durant les mois d' août et de septembre. La densité du bois d' automne se trouve en étroite corrélation avec les températures estivales. Les courbes de densité du bois d' automne établies pour les siècles ou les millénaires précédents peuvent ainsi donner des renseignements précieux sur l' histoire du climat. Pour la dendrochronologie, cf. Schweingruber et al. 1978; Bircher 1982; Renner 1982.
6 Le stade d' un glacier désigne la progression ou la situation durable d' un glacier, avec formation de moraines. Un maximum glaciaire se rapporte alors à un stade comparable à celui de 1850. Par extension glaciaire, on entend une débordement momentané du glacier, sans formation de moraines ( Furrer et al. 1978: 77 ). Lorsque les oscillations glaciaires ne se perçoivent qu' à l' aide de moraines latérales ( les moraines frontales faisant donc défaut ), ces diverses notions perdent de leur pertinence et doivent être maniées de manière moins rigoureuse ( RÖTHLISBERGER F. 1986: 14-15 ).
L' époque moderne désigne la période qui a commencé en 1500 après Jésus-Christ.
7 Le début du Petit âge glaciaire n' est pas établi de manière précise. Les différentes indications que l'on trouve dans la littérature scientifique ont pourtant un dénominateur commun, dans la mesure où elles renvoient toutes au Moyen Age tardif. Le tableau suivant donne un aperçu des positions de divers auteurs:
Auteurs Début et durée du Petit âge glaciaire Steensberg ( 1951: 672-674 ) Gribbin and Lamb ( 1978: 70 ) LAMB ( 1981: 302 ) Lamb ( 1982: 202 ) Pfister inZUMBüHLetal.
( 1983:8 ) Holzhauser ( 1983:131; 1984a ) Auteurs Lamb ( 1982: 204 ) Pfister ( 1984; 1:127 ) Pour Lamb ( 1977: 435 ), la péjoration climatique de 1300 a été précédée par une période au climat favorable de cent à deux cents ans, qu' il nomme le « Little Optimum » de 1150 à 1300.
Les indications susmentionnées ne sont valables que pour l' Europe de l' ouest: selon Dansgaard et al. ( 1975: 26 ), la phase chaude du Moyen Age s' était terminée cent à cent cinquante ans plus tôt en Islande et deux cent cinquante à trois cents ans au Greenland. Ces régions ont donc connu une phase froide comparable au Petit âge glaciaire entre 1150 et 1400. Sur la base de leurs résultats, Dansgaard et autres ( 1975: 26 ) en arrivent à la conclusion que les variations climatiques de longues durées accusent toujours un retard de quelque deux cent cinquante ans en Europe de l' ouest par rapport au Groenland, en tous les cas pour le dernier millénaire.
»Cf. Welten ( 1978: 10, 11 ), Frenzel ( 1980: 51 ), Hantke ( 1978-1983 ) et Maisch ( 1981,1982 ).
9 Matthes ( 1939: 520 ) écrit: « we are living in an epoch of renewed but moderate glaciation - a « little ice-age », that already has lastet about 4000 years. » Plus tard, Matthes ( 1940: 398 ) indiquait que c'était un journaliste qui avait transformé en slogan l'expression de little ice-age ( «... that the present age is witnessing a mild recrudescence of glacial conditions - that it is, as a clever journalist has suggested, a separate little ice-age»}.
« Cf. MATTHES ( 1939: 520; 1940:403; 1945: 1181; 1949: 207 ). Actuellement, on rencontre dans la littérature américaine le terme de Neoglacial. L' époque du Neoglacial est souvent donnée comme équivalente au little ice-age de Matthes ( les derniers 4000 à 5000 ans: cf. PORTER and Den-ton 1967 ). RÖTHLISBERGER F. ( 1986: 14 ) fixe le début du Neoglacial à 3500 ans avant le présent.
11 Le Roy Ladurie ( 1967: 211 ) parlait déjà d' une distorsion de cette notion et proposait de désigner la dernière grande phase de crue par l' expression « phase multiséculaire ultime de crue des glaciers » ou encore, à la suite de Kinzl(1929: 103 ), par le simple terme de Fernau. Pour désigner les moraines du XVIIe siècle, Kinzl parle en effet de « moraines de Fernau », du nom du glacier de Fernau ( Stubai, Autriche ). Patzelt ( 1980: 16 ) remarque lui aussi: « Appliquée à cette période, la notion de « Petit âge glaciaire » ( couramment utilisée dans la littérature anglo-saxonne et reprise un peu partout ) ne se justifie en aucune manière. » Pfister ( 1984, 1: 149 ) propose de désigner les crues bien établies de la fin du XVIe siècle et des années 1820 ( et qui ont affecté l' ensemble des Alpes ) par des noms de localités types. Pour la période 1570-1630, il propose ainsi le terme d'«oscillation de Grindelwald », en raison des nombreuses données que l'on possède pour les deux glaciers de Grindelwald de cette époque.
Tournant climatique autour de 1300 1430-1850 Première phase: 1300-1450 ( 1190 ?) 1420-1850/1900 Moyen Age tardif-1850/60 Seconde moitié du XIIIe siècle jusque vers 1850/60 Cœur du Petit âge glaciaire 1570-1600 1690-1740 1688-1701 Le grand glacier d' Aletsch 1 Aellen et RÖTHLISBERGER H. ( 1981 ) dans: Cinquantenaire de la Station de recherches alpines du Jungfraujoch. Edité par le service économique de la Banque cantonale bernoise.
Vitesses d' écoulement du grand glacier d' Aletsch ( moyennes annuelles ):
m. s. m. m/an Jungfraufirn, à l' est du Sphinx350025-30 Jungfraufirn, au sud du co1335035-40 Jungfraufirn, au-dessus de la place Konkordia2900100-120 Grand glacier d' Aletsch, près de la cabane Konkordia2710185-195 Grand glacier d' Aletsch, 0,5 km en aval ( vitesse maximum2675195-205 Grand glacier d' Aletsch, près du lac de Märjelen2410136-144 Grand glacier d' Aletsch, à la hauteur de la forêt d' Aletsch117074 2 Au maximum de sa crue, le glacier d' Oberaletsch ( appelé autrefois glacier de Jägi; carte Siegfried, feuille 493, 1882 ) se divisait en deux langues: celle de gauche, s' insi par la gorge étroite du glacier d' Oberaletsch, rejoignait le grand glacier d' Aletsch au lieu dit Tälli, celle de droite, moins épaisse et plus large, s' écoulait par le verrou rocheux d' Oberfliejeregga et menaçait les chalets de l' Lls Aletschji ( Oberaletsch ), mais elle a fondu rapidement après le maximum de la crue. Sur le panorama de Chr.Gugolz ( al 34 ), relevé après 1865 ( cf. AL 32 et AL 33 ), mais avant 1880 ( vers 1870 probablement ), la langue droite du glacier d' Oberaletsch descend encore assez bas en direction de l' Üssere Aletschji, mais elle a déjà bien diminué, surtout en épaisseur.
La majeure partie de cette langue glaciaire a fondu entre 1870 et 1880. Surla carte Siegfried de 1882 ( feuille 463, extension glaciaire de 1880/81, AL 37 ), elle s' est passablement retirée et ne recouvre plus que la partie supérieure du verrou rocheux de l' Oberfliejeregga. FOREL ( 1881: 38/39 ) écrit: « Glacier d' Aletsch supérieur ( glacier de Jäggi ). En retrait depuis 1870 ( A. Minning ). La branche de droite ne vient plus jusqu' au grand glacier d' Aletsch; la branche de gauche s' arrête au haut de la paroi de rochers ( F.A. Forel 1880 ). » ( Forel appelle branche de gauche celle qui se trouve orographiquement à droite, et vice-versa. ) 3 Dans les anciens documents écrits, le lac de Märjelen est désigné par les termes « Merjolun » ( 1315; L' abbé Gremaud, 1884, tome V: 11 ) et « Märgelen » ( 1593, 1756; Briw 1961: 38 ). On l' a aussi appelé « Aletsch-See » ( feuille 10 de I' Atlas Suisse de Meyer-Weiss-(Muller ) de 1797 ), « Aletschsee » ou « Mörilersee » ( L. AGASSIZ 1841: 316/317 ), « Lac Méril » ( E. DESOR 1844: 120 ) et « Mergelensee » ( 1874; Briw 1961: 38 ).
On suppose que le lac de Märjelen s' est formé vers la fin de la dernière période glaciaire, lorsque le grand glacier d' Aletsch, dans son retrait, a libéré la combe de Märjela. Par la suite, le niveau de la surface du lac a constamment varié, en liaison avec les phases de crue et de décrue du glacier, l' eau pouvant presque atteindre les chalets d' al de Märjela et former une retenue longue de 1,6 km, large de 500 mètres et profonde de 77,3 mètres ( LÜTSCHG 1915: 19, 67 ) lors des maximums glaciaires. Quand le glacier présente une extension suffisamment réduite, le niveau de l' eau s' abaisse et le lac de Märjelen est divisé en deux bassins par un seuil de terrain: le plus grand et le plus profond, qui jouxte le barrage de glace, s' appelle le « Glet- schersee » ou « Hintersee », tandis que l' autre, moins profond et s' étendant au voisinage des chalets de l' alpe de Märjelen, est dénommé « Vordersee » ( Briw 1961: 38 ). Durant les maximums glaciaires, l' eau du lac se déversait fréquemment dans la vallée voisine de Fiesch, particulièrement lors de fortes pluies et pendant la fonte des neiges, en provoquant parfois des dégâts importants. C' est pour cette raison que l'on a creusé, en août 1828, sous la direction de I. Venetz, un petit canal qui détournait directement dans cette vallée les eaux des torrents dévalant les pentes du Strahlhorn en direction du lac. Auparavant et par crainte de dommages plus considérables encore, les habitants de Fiesch s' étaient élevés contre la réalisation d' un chenal plus grand, qui aurait élargi le trop-plein naturel du lac, à proximité des chalets de Märjela, et abaissé son niveau de 3,6 mètres. Ce projet n' a été exécuté qu' en 1829, lorsque le gouvernement s' est déclaré d' accord de couvrir les dégâts éventuels ( cf. à ce propos LÜTSCHG 1915: 211-239 ).
En outre, le lac de Märjelen présentait la fâcheuse particularité de se vider brusquement. En effet, lorsqu' une crevasse importante s' ouvrait rapidement dans le grand glacier d' Aletsch à la hauteur du lac, dix millions environ de mètres cubes d' eau se précipitaient avec violence par-des-sous la masse de glace et provoquaient des inondations dévastatrices à Naters et dans la vallée du Rhône. Lors de la vidange de 1892, ce fleuve est monté de 2 mètres à Brigue et de 1,5 mètre à Sion ( Briw 1961: 39 ). Quanta la durée du phénomène, elle s' est élevée à 30 heures et demie en 1878 et à 10 heures environ en 1887 ( LÜTSCHG 1915: 69/70 ). Il était du devoir des bergers de l' alpe de Märjelen de se rendre en toute hâte à Naters, afin d' avertir la population, dès qu' ils se rendaient compte de l' imminence de la catastrophe. Le premier d' entre eux qui délivrait le message recevait une paire de souliers neufs en récompense ( G. Studer, cité dans E. Desor 1847: 161 ). Le plus ancien rapport certifié d' une vidange de ce lac porte la date de 1813 ( GÖSSET 1888: 350; cf. aussi la liste de Lütschg 1915: 66-73 ). Mais cela s' est aussi produit quelquefois au XVIIIe siècle, ainsi qu' en témoigne une page du texte de Grüner ( 1760, vol.l: 199; cf. également rem. 6 ). Dans une des plus anciennes légendes du Valais, ces crues soudaines sont imputées au « Rollibock », un mauvais esprit incarné dans un bouc aux cornes vigoureuses et au pelage duquel pendaient des morceaux de glace. Son repaire était le grand glacier d' Aletsch ( Guntern 1979: 655/656, N°1714 ).
Entre 1889 et 1893, on a foré une conduite souterraine, longue de 583 mètres, en direction de la vallée de Fiesch, pour atténuer le danger présenté par le lac de Märjelen ( LÜTSCHG 1915: 223-239 ). Ce trop-plein n' a servi qu' une seule fois: en 1896, l' eau s' est écoulée vers la vallée pendant six semaines. Depuis lors, le niveau du lac n' a plus jamais atteint l' altitude de l' entrée de ce tunnel. ( Pour d' autres précisions sur le lac de Märjelen, cf. GÖSSET 1888: 340-354; Bonaparte 1889; Coolioge 1914: 94-102. LÜTSCHG en a publié une monographie complète en 1915. Documentation illustrée: AL 13.1, AL 13.2*, AL 15*, AL 20, AL 21, AL 26, AL 27, AL 28.1, AL 28.2, AL 29.1, AL 29.2. ) 4 L'«Üssere Aletschji » est appelé « apud Alech » dans un document de 1231 ( L' Abbé Gremaud 1875, tome I: 293 ). Dans un écrit ultérieur, provenant des archives de la commune de Naters ( D 25, 9 octobre 1429 ) apparaît la dénomination « Inferiori Aletz » pour le même endroit.
5 Document C 10 du 31 mai 1684, archives de Bitsch. Il s' agit du jugement prononcé en conclusion du premier procès, issu de la controverse au sujet des « Meder » ( cf. pp. 148-T50 ). Il décrit les limites exactes des communes, notamment par les termes suivants « die Massa ab dem Aletzgletscher ab aquilone,... ».
6 Concernant la Massa, émissaire du grand glacier d' Aletsch, Stumpf écrit en 1547 ( pp.343b-344 ): « Venant du septentrion, de la haute montagne en direction du lac de Brienz, cette Massa sort d' un glacier... ». Chez Grüner ( 1760, vol I: 198/99 ), on lit: « A deux heures de Brigue près de Naters, s' ouvre une nouvelle vallée qui est fermée en amont par la barrière élevée des monts Anthonien. On appelle cette vallée la vallée d' Aletsch. Le torrent de la Massa s' y écoule à grand bruit, en formant plusieurs belles chutes parmi des rochers abrupts. Cette gorge remplie de glace est magnifique. Elle se prolonge au levant, entre les montagnes, par une vallée de glace, longue de plusieurs lieues. Vers le couchant, une autre vallée de glace recouvre de manière presque ininterrompue les creux de la montagne, jusqu' à la Gemmi. A l' endroit où cette gorge englacée s' élargit au-dessus de Naters, la glace, qui présente une épaisseur considérable, est ornée de séracs très élevés. Un lac assez important s' y trouve. Il crée souvent des soucis car, lorsque la glace fond, il se vide brusquement à travers les abîmes de la montagne qui l' enferme. Après un parcours encaissé d' une lieue, le glacier apparaît au-dessus de Naters dans toute sa splendeur et le jeu de belles couleurs qu' il offre de Brigue frappe les regards ».
Même pendant le maximum d' une crue, le grand glacier d' Aletsch n' est pas visible de Brigue. Il est probable que Grüner voyait, d' un endroit situé au-dessus de cette ville, les glaciers d' Oberaletsch et de Driest, ainsi que celui d' Unnebäch, situé au nord-ouest de Belalp.
7 Ce texte latin manuscrit se trouve dans Historia Colle-gii Societatis Jesu Brigae in Vallesia ab Adventu. Socio-rum usque ad Annum 1700 ( Archives d' État de Sion, Vs, AV L 149: 15 ). Traduction en allemand par le chanoine D. Imesch de Sion ( Lütschg 1926: 387 ). « Parmi les diverses excursions, il faut particulièrement citer celle qui a conduit à travers une certaine montagne se trouvant aux frontières de la communauté de Naters. Elle s' était formée au cours des ans par un amoncellement et un empilement de glace. Elle avait atteint une hauteur extraordinaire, elle mesurait six lieues de longueur et elle menaçait déjà les pâturages avoisinants, propriété des gens de Naters. Pour échapper à cette fatalité, ils ont envoyé des messagers à Sierre ( où se trouve un établissement de Jésuites ), et, prêts à apaiser la colère divine par la pénitence et toutes sortes de bonnes œuvres de la religion chrétienne, ont demandé secours et conseils. On a fixé le jour où les pères ( père Dan. Charpentier et père Petrus Thomas ) iraient à Naters. Au moment choisi, deux de nos pères se trouvent là-bas. Après sept jours de travail fructueux dans ce champ de mission ( prêches etc. ), une procession est organisée vers cette montagne de glace, éloignée de quatre lieues. [...] Cette confiance dans les mérites du saint n' est pas restée sans résultat. Celui-ci a arrêté le glacier qui n' a plus progressé depuis ce moment-là. Mois de septembre 1653. » 8 On connaît plusieurs bannissements de glaciers effectués en Valais; mais ce n' est que pour celui du grand glacier d' Aletsch que nous possédons une description précise du déroulement d' une procession de ce genre.
Ainsi, le glacier voisin de Fiesch a progressé de façon menaçante une année auparavant, en 1652. Nous n' avons connaissance d' une adjuration de ce glacier pour ces mêmes raisons que par une courte notice du curé d' Ernen, Michael Feliser, dans la Michel-Chronik ( p. 19, archives paroissiales d' Ernen ).
D' autres bannissements de glaciers ont eu lieu en Valais au milieu du XIXe siècle, notamment ceux des glaciers de Ried et du Gorner pendant leur avance de 1850 ( Tscheinen 1863; 202-205; 1872: 78, n° 76; Biffiger et Walter 1973: 1-9: Holzhauser 1982: 118-120 ).
9 Actes de justice de 1684, 1754/55 et 1855/56: Archives paroissiales de NatersC1618 janvier 1684 C108 février 1684 C1713 avril 1684 C1031 mai 1684 C1627 septembre 1855 10 janvier 1856 22 mars 1856 Archives paroissiales de MörelC3121-27 novembre 1754 C32janvier 1755 C334 février 1755 C3412 avril 1755 C3521 avril 1755 Pour le plan, voir le catalogue ( AL 02.1 et AL 02.2* ) 10 On reconnaît aisément sur le plan les canalisations d' eau ( en bleu ) et les chemins ( en brun clair ). Deux bisses passent au-dessous du lieu dit « Nessel » et se prolongent jusqu' à « Winterna », où ils se rejoignent. De là, une seule conduite se dirige vers Oberried et la vallée du Rhône. Connu sous le nom d'«Oberriederi », ce réseau d' irrigation porte la même dénomination sur le plan. On en reparlera ( cf. pp. t55-159 ) à propos de vestiges archéologiques retrouvés sur le terrain. Un autre aqueduc ( Aquae Ductus ) est alimenté par la Massa au voisinage du pont « Brugge » ( pont de Gibidum ). Jusqu' à la mise en service de la galerie creusée sous le Riederhorn en 1946, les eaux d' irrigation s' écoulaient par ce bisse, le « Riederi », vers les prairies de Ried-Mörel ( Seiler dans Bürcher Cathrein 1977: 131-148 ).
11 Lütschg ( 1915: 209 ) écrit:
« L' ancien chemin d' alpage de Naters à Aletsch conduisait les bergers et leur bétail par le pont de Gebidem et la rive gauche de la Massa jusqu' au lieu - dit « Kohlplatz » ( à 740 mètres en amont du pont de Gebidem ). De là, on longeait le glacier jusqu' à l' alpage d' Aletsch et, plus loin:
« En 1875, le glacier s' avançait encore jusqu' à la « Kohlplatz », puis il a reculé de manière continue. C' est en 1886 que l'on a fait passer pour la dernière fois le bétail sur le glacier ».
Pour pouvoir continuer de mener le bétail jusqu' à l' Üssere Aletschji, il a fallu, vers la fin du XIXe siècle, emprunter un autre chemin, allant de l' hôtel Belalp jusqu' au glacier; l' ac chemin d' excursion conduisant de Belalp à la Riederfurka suit cet itinéraire sur une courte distance.
12 En liaison avec la sentence du tribunal terminant le procès de 1754/55, il fut précisé par écrit que les marques « seraient désignées et déterminées aux endroits mêmes » ( C 35, 21 avril 1755, commune de Naters ).
Pendant le procès de 1855/56, on se réfère à ces repères: 27 septembre 1855 ( C 16, commune de Naters ): « 1. La marque du Hohstock ou Wandstock, utilisée comme point d' origine dans l' acte ou le jugement du 12 avril 1755, se trouverait réellement à l' endroit désigné par les termes Hohstock ou Wandstock sur le plan ou le croquis présenté par les gens de Naters. Elle serait reconnue et acceptée par les deux parties ». On relève au point 7 du même document: « Le fait que le millésime 1756 gravé au bord supérieur des rochers appelés Tapfernacken sur le croquis ( le plan: annotation particulière ) se trouve à presque égale distance de l' Oberriederi que la marque située au-dessus des Mädern ».
Il ressort d' une autre pièce ( C 16, 10 janvier 1856, commune de Naters ) que le tribunal a recherché dans le terrain les repères inscrits sur les rochers en 1755 et en 1756. « Au point supérieur du rocher sur le plan Tapfernacken se trouve réellement le même millésime que celui inscrit sur le repère au-dessus des Medern; il est effectivement à une distance guère plus grande de l' Oberriederi que la marque située au-dessus des Medern; en revanche, le chiffre 7 est retourné (: 1V56 :) et le repère ne porte pas de croix en son centre.
13 Les détails de la vie et de l' œuvre de J. E. Müller se trouvent dans Ed. Imhof ( 1981 ): Sculpteurs de montagnes. Cahier spécial des ALPES revue du Club alpin suisse, 3e trimestre, 57e année.
Sur le relief que J. E. Müller a modelé ( al 09, terminé en 1819, Dufner 1980, 36-40 ) sur la base de ses esquisses réalisées entre 1791/92 et 1812(17section de la région d' Aletsch ), les glaciers présentent un stade de crue. Toutefois, comme J. E. Müller relevait encore des croquis en 1817 ( al 08 ), son relief ne présente pas obligatoirement l' extension des glaciers de la fin du XVIIIe siècle. Il est même étonnant que seule la langue droite du glacier d' Oberaletsch y soit représentée, bien que J. E. Müller l' ait dessiné avec ses deux lobes sur ses esquisses. Le cours du Seebach révèle une autre inexactitude. Sur le terrain, celuici s' écoule de l' alpe de Märjelen vers les avancées du glacier de Fiesch, où il rejoint la Glingulwasser. Sur le relief de J. E. Müller, en revanche, le Seebach s' écoule plus loin en aval et se jette directement dans la Wysswasser.
14 Coordonnées des croix de bois: Croix sur le « Baselflie »: 643.450/137.950; 1785 m s. m.
Croix sur l'«Oberfliejeregga »:
644.020/138.770; 2020 m s. m.
Le millésime gravé sur la croix du Baselflie est caché par une croix vissée récemment. Celui de la croix de l' Oberflie jeregga est partiellement et difficilement lisible.
15 Après sa crue de 1870, le glacier de Fiesch s' est retiré de 300 à 350 mètres ( H. Holzhauser 1984a: 345, 364-367 ). En 1839, E. Desor ( 1847: 163 ) a observé les faits suivants: « Certainement, ce glacier était en train de se retirer, car ses moraines se trouvaient à une certaine distance; dans le cas contraire, elles auraient été en contact direct avec la glace ». Certains glaciers du massif du Mont Blanc ont aussi fondu quelque peu après 1820; c' était le cas de la Mer de Glace ( 200 mètres environ, Wetter 1987: 217 ), des glaciers de Miage et de la Brenva ( J. de Charpentier 1841: 26/27, Orombelu et Porter 1982: 33 ). En Valais, on a aussi mis en évidence une courte période de retrait des glaciers de Fee et de Schwarzberg ( Bircher 1982: 37/38, 55/56 ), ainsi que de celui du Rhône ( entre 90 et 150 mètres, cf. fig.4 du dépliant ).
1« Voici ce qu' écrit E. COLLOMB ( 1849 a: 34-36 et 1849 b: 7-9 ) sur le grand glacier d' Aletsch: [...] « Sur sa rive gauche il est bordé par une chaîne de montagnes qui fait suite à l' Aeggishorn, ces montagnes sont couvertes en partie d' une forêt de sapins très compacte, et sur 4 kilom. de longueur mesurés en partant du talus terminal en amont, le glacier ravage et détruit une grande quantité de ces sapins. La moraine latérale gauche les at- teint, les attaque d' abord par les racines, puis, l' arbre tombe, et se trouve entraîné par le mouvement des glaces. Ceux qui sont pris entre la glace et la roche encaissante sont promptement déchirés, ceux qui tombent à la surface prennent part au mouvement général, mais ils ne tardent pas à être entraînés sous le glacier. Au talus terminal on les voit sortir de dessous les masses de glace, les uns à moitié engagés, d' autres complètement libres, ceux-ci sont expulsés et précipités dans le torrent; tous ces arbres sont entièrement décortiqués et déchirés; il n' en reste que le tronc principal et quelques fortes branches pliées et contournées.
Quant à l' âge de ces sapins, il peut être évalué au minimum à 200 ans, ils sont forts, puissants, robustes, et l'on sait combien dans ces hautes régions, à la limite de la végétation arborescente, les sapins restent de longues années avant d' arriver à un fort diamètre. Il y a donc au minimum 200 ans que ce glacier n' a pas atteint la lisière de la forêt qu' il ravage aujourd'hui.
Si, de la rive gauche, nous passons sur la rive droite, nous trouvons encore des preuves de son gonflement séculaire. Sur une anse latérale située un peu en aval de l' affluent d' Unter, existent encore aujourd'hui de riches pâturages, dont les habitants du pays tiraient grand parti autrefois. Pour arriver à cette localité, le chemin longeait le pied de la montagne en laissant le glacier à distance, aujourd'hui la moraine latérale de droite a détruit le chemin et envahi le pied de la montagne, le passage est devenu impraticable. Cependant, comme on n' a pas voulu renoncer entièrement à ces beaux pâturages, on y envoie encore aujourd'hui des chevaux et des mulets, en leur traçant avec la hache un chemin sur le glacier même, mais ce moyen de communication n' est pas praticable pour les vaches.
A quelques kilomètres en aval sur la même rive, il y a une autre anse latérale également riche en pâturages, et sur laquelle on remarque 24 maisons en bois disséminées à distance; autrefois ces maisons étaient habitées, leur ensemble formait un village qui portait le nom d' Aletsch. Depuis quelques années, plusieurs de ces maisons ont été détruites par le gonflement latéral du glacier, elles ne servent plus d' habitations permanentes, elles sont transformées en granges, quelques-unes seulement sont encore habitées pendant quelques mois de l' année Au moment où nous explorâmes les lieux, une de ces maisons n' allait pas tarder à être engloutie par les pierres et les blocs énormes qui se détachaient de temps en temps de la moraine, et qui avaient en partie entamé le frêle édifice ».
17 Légendes des illustrations d' HOGARD ( 1858: 316, 319 ): AL 16 ( p. 316, pi.20/F1 ): « Envahissement du glacier d' Aletsch à sa pente terminale. En 1849, il continuait à couper la chaussée, dite le chemin des Maures, et à s' avancer vers un groupe de sapins qu' il a renversés depuis cette époque ». AL 17 ( p. 319, pi. 31 ): « Empiétement du glacier d' Aletsch sur la forêt peuplée de vieux sapins ( rive droite de la vallée ), près de sa pente terminale ».
AL 18 ( p. 319, pi. 30 ): « Envahissement par le glacier d' Aletsch du village situé sur les flancs de Belalp, rive droite de la valle ».
18 Actes concernant un abattage de bois dans la forêt d' Aletsch, Archives cantonales, Sion VS:
DTP 47 ( Mörel4 mai 1851 22 août 1851 17 août 1852 7 janvier 1853 10 janvier 1853 DTP 47 ( Brigue19 janvier 1853 Voir d' autre part: Meyer ( 1955: 603-622 ) 19 FOREL ( 1881: 38 ): « Glacier d' Aletsch. En retrait depuis 1873 ( ME. Cathrein ), depuis 1870 ( A. Im Hasli, de Fiesch et A. Minnig, de Goppisberg ), depuis 1860 ( J. Tyndall, à Bell-Alp ) ».
FOREL ( 1882: 139 ): « Glacier d' Aletsch: Etait en progression en 1826 ( Venetz ), en 1841 ( Escher de la Linth ), de 1853 à 1867 ( Huber ). Contrairement à cette dernière donnée, il était déjà en retrait depuis 1854 ( Fritz ). Le retrait a commencé en 1860 environ ( Tyndall ). En 1869 le glacier était fort affaissé ( Ch. Grad ) ».
Forel ( 1891: 358 ): « Glacier d' Aletsch: Aux diverses dates que j' ai indiquées dans mon IXe rapport pour l' époque du commencement de la décrue actuelle de ce glacier, je puis ajouter la suivante de G. Bonney; d' après le géologue anglais, la décrue n' a pas commencé avant 1859, et elle n' a bien été indiquée qu' après 1861 ».
20 E. COLLOMB ( 1857: 44 ): « A son talus terminal, que j' ai visité pour la dernière fois en 1855, on ne trouve que fort peu de débris rocheux; par contre on y remarque un assez grand nombre de troncs de sapins et de mélèzes à moitié triturés que le glacier rejette; ces troncs d' arbres proviennent de la forêt d' Aletsch que le glacier entame depuis quelques années, sur sa rive droite et sur sa rive gauche ».
21 Forel ( 1892: 300 ): « Le glacier d' Aletsch a commencé à s' allonger » ( M. A. de Torrente à Sion. ).
22Guntern(1979:38, n°8 ):
« (... ) Sur l' alpe de Zenbächen ( Innere Aletsch, 2119 m ), on peut encore voir aujourd'hui les panneaux coulissants ( « Schiebblatten » ) d' une étable. Ainsi s' explique le fait qu' il existait autrefois de gros villages à Olmen ( 2443 m ) et à Aletsch, qui à chaque Fête-Dieu envoyaient à l' église de Naters sept hommes habillés de manteaux et 25 jeunes filles à marier, toutes habillées de blanc (... ) ». La légende raconte aussi les faits sur la décadence du village d' Olmen: Voir aussi Guntern ( 1979: 94, n° 176; 327, n°796 ).
23 Archives paroissiales de NatersC1 27 mars 1468 C2 2 janvier 1479 C2 1er janvier 1480 C4 2 novembre 1486 C3 22 février 1487 C5 21 février 1488 D21 21 mai 1502 C6 17 août 1525 C7 14 juillet 1527 C5 14 mars 1531 C6 11 mai 1531 C7 14 octobre 1540 H 25 25 mars 1584 Archives paroissiales de MörelC1 8 juin 1404 D25 9 octobre 1429 C5 1er octobre 1587 24 Les levés à la planchette sont des feuillets de cartes topographiques dessinés à la main; ils n' existent donc qu' en un seul exemplaire ( Alpes 1 :50000, Plateau 1 :25000 ). Exécutés au milieu du XIXe siècle, ils ont servi de base à l'«Atlas topographique de la Suisse », mieux connu sous le nom de « carte Dufour », puis à l' établissement des « cartes Siegfried » ( voir, d' autre part, Nos cartes nationales. Edité par le Club alpin suisse en collaboration avec le Service topographique fédéral - appelé aujourd'hui: Office fédéral de topographie -, 1979, Berne ). Les levés à la planchette ont été exécutés à une époque où la presque totalité des glaciers alpins présentaient une extension maximale. Ces cartes sont donc des documents d' importance primordiale pour la détermination du « stade de 1850 » ( de la dernière crue glaciaire ).
25 Communication orale de M. Zenklusen, de Naters.
26 A propos des « bisses » du Valais, citons les ouvrages du Blotnitzki ( 1871 ), de Rauchenstein ( 1907 ), de Stebler ( 1913,1921 ) et de Schnyder ( 1926 ).
27 Archives paroissiales de NatersF 10 8 mars 1372 H 156 17 novembre 1408 Archives paroissiales de MörelH 2 22 mars 1404 C 3 5 mai 1483 C2 10 avril 1509 28 Document H 156 ( 17 novembre 1408, Archives paroissiales de Naters ). Extraits traduits du latin par le D' B, Archives cantonales de Sion, VS.
29 On rencontre souvent dans les documents, à partir de 1582, la tournure suivante: « ...cum fundo vijs, vadijs, aquis aquaeductibus.fi Le mot « aquae ductibus » ne se rapporte en aucun cas à une canalisation existante, mais fait partie d' une formule de « jargon juridique », simplement reprise de documents antérieurs par les scribes de l' épo, souvent pas très calés en latin ( communication orale du B. Truffer, Archives cantonales de Sion, VS ).
30 Communication orale de I. Kummer, de Ried-Mörel.
31 Jusqu' à présent, les besoins quotidiens en eau ont été couverts par la pluie récoltée dans des citernes. Dès 1987, Oberried devrait être enfin alimenté par le projet du lac de Märjelen ( conduite partant d' un bassin de rétention situé sur l' alpe de Märjelen ).
32 Forel ( 1902: 209 ) cite un extrait de l' article de Correvon, paru dans la Gazette de Lausanne du 31 juillet:
«... Nous venons de découvrir sur les confins du glacier d' Aletsch et sur les deux rives de ce glacier, dans sa partie terminale à peu près, les vestiges d' une belle forêt de mélèzes (... ). Nous avons donc là les preuves incontestables qu' autrefois, dans une époque où le glacier d' Aletsch était fort reculé, une forêt de mélèzes existait dans le vaste bassin et sur les pentes qui le dominent, c'est-à-dire à 2000 mètres d' altitude... » 33 Des troncs d' arbres fossiles datant d' une période située entre 1860yBPet 1600 yBP ont été découverts au début des années soixante par Haefeli près de Ze Baechu ( Radiocarbon 163: 308 ), en 1975 par Röthlisberger H. ( 1978: 12 ) tout près de la langue glaciaire et, un peu plus tard, par Röthlisberger F. ( dans Röthlisberger F. et al. 1980: 47 ) sur les côtés du glacier. Nos propres trouvailles, datées au carbone 14, remontent entre 1750 yBP et 1480 yBP.
Les examens dendrochronologiques ont montré que ces arbres, malgré leurs âges différents, ont tous été renversés par la même crue du glacier qui s' est produite vers 1550 yBP ( plus ou moins 100 ans ) environ.
34 Cela a été confirmé récemment par une datation au carbone 14 d' un sol fossile situé près de Ze Baechu, à proximité de la limite actuelle de la glace. Sa substance humique a été aimablement mise à ma disposition par H.P. Liniger ( Berne ) en 1984. Ce sol fossile a été découvert et dégagé lors de l' établissement d' un profil pédologique sur l' alpe de Ze Baechu ( coordonnées 646.100/140.250; 1990 m. s. mer ). Cette analyse a donné les âges suivants: substance organique résiduelle: 150075yBP ( uz-944 ) acide humique: 160080yBP ( uz-945 ) 35 D' après Brockhaus et conformément à des opinions antérieures, le Moyen Age commence en 375 après J.C. ( invasions barbares ) ou en 476 après J.C. ( chute de l' Em romain d' Occident ). Pour des raisons de simplification, nous avons fixé son début vers 500 après J.C. Les Temps modernes commencent en 1500 après J.C.
36 Par la suite, les dates sans indication particulière concernent notre ère chrétienne.
37 Les bases utilisées pour la détermination des extensions du glacier en 1926/27 et en 1957 sont les cartes suivantes:
Carte spéciale Aletschgletscher :25000, parue en 1967. Supplément de Les variations des glaciers suisses 1965-1966, 87e rapport par P. Kasser. Extension des glaciers en 1926/27 et en 1957. Feuille 3 de la carte spéciale Aletschgletscher au 1 :10000 ( 5 feuilles ). Editée par les VAW/EPFZ, l' Office fédéral de topographie et la CG/SHSN 1960. Extension des glaciers en 1957.
38 Cette souche est exposée au Centre écologique d' Aletsch ( Villa Cassel, Riederalp VS ). Peu après le prélèvement d' un échantillon pour analyse, l' érosion l' a complètement dégagée de la moraine, et elle est tombée sur le glacier. D' après ses déchets organiques, le sol fossile correspondant est âgé de 80565 yBP ( uz-552 ).
39 Celle-ci repose uniquement sur l' analyse au carbone 14 d' un tronc d' arole ( 62060 yBP ), retrouvé enfoui dans la moraine de phase maximale, déposée à cette époque au lieu dit Silbersand. La périphérie de ce tronc est fortement usée, et il manque jusqu' à vingt cernes annuels. On lui a donc attribué un âge de 60060 yBP, ce qui donne la date de 1350 ( plus ou moins 60 ans ) après J.C. pour cette crue. Par manque d' échantillons adéquats, on n' a pas pu procéder à une analyse dendrochronologique permettant de préciser, à l' année près, la date du maximum de cette crue glaciaire.
40 On a tenté, sur la base de datations précises d' ar, d' estimer les vitesses d' avance et de recul du grand glacier d' Aletsch lors de ses différentes phases de progression et de retrait. Cela a donné les valeurs suivantes:
Phase de m/année Phase de m/année retrait progression 1100-1184 15-20 1300-1350 40 1350-1454 23-27 1590-1653 18-25 1856-1987 22 1590-1600 30-40 1892--1987 20 1600-1610 70' Début de la mensuration 1610-1653 5-10 du glacier II ne s' agit donc que de valeurs moyennes qu' il convient de considérer avec un certain sens critique.
41 Différents restes d' arbres fossiles provenant des parties latérales des avancées du glacier, dont l' analyse au carbone 14 a donné des âges entre 9560 yBP ( moderne ) et 20565 yBP, semblent témoigner des maxima récents du XIXe siècle. Mais les dates fournies par le carbone 14 pour les temps modernes sont assez peu fiables. Il n' est pas possible de différencier l' avance de 1820 de celle de 1850, car, avec la marge d' erreur de la méthode, les arbres examinés peuvent avoir été renversés par le glacier aussi bien au XIXe siècle qu' au XVIIe siècle déjà. Souvent, une date doit être attribuée à une crue déterminée en fonction des circonstances de la découverte. C' est ainsi que, tout récemment, on a réussi à dater, au moyen de la dendrochronologie, un mélèze provenant des avancées du grand glacier d' Aletsch ( mélèze 2 fig. 2 du dépliant ). Cet arbre a été saisi par le glacier en 1600. La datation au carbone 14 lui avait conféré un âge trop récent ( 17040yBP, uz-412 ).
Le glacier du Rhône 1 « Nivosum in auras erigunt Alpes iugum a solis ortu et arva Gallici soli ìntersecantur scrupeo fastigio et antiela semper fiabra tempestatibus. effusus ille et ore semet exi-gens hiantis antri vi truci sulcat sola aquarum in ortu et fonte primo naviger. at rupis illud erigentis se latus, quod edit amnem, gentici cognominant solis columnam ». Nous ne possédons plus que les 713 premiers vers de l' oeuvre de Rufius Festus Avienus, qui date du IVe siècle après Jésus-Christ. Ils nous donnent une description des côtes, de la Bretagne à Marseille. Cet écrit se fonde sur une autre œuvre rédigée à peu près en 530 avant Jésus-Christ. Considérablement augmenté au fil du temps, ce premier texte a probablement été mis en vers au Ier siècle avant notre ère. En fin de compte, Avienus l' a réécrit en tri-mètres latins, tout en l' enrichissant à l' occasion d' em faits à d' autres géographes et d' adjonctions personnelles. ( Notre citation est tirée d' HowALD, 1941.: 3/4 ).
2 Voir Weisz 1942: 8/9 ( 5-15 ) où l'on trouve des indications sur la vie de Johann Stumpf, sa chronique et ses cartes. STUMPF, 1547/48, chapitre Grimslen berg ( la montagne du Grimsel ), signale la montagne de cristal qu' il aurait découverte, «... als ich über disen berg wandret. Anno dorn. 1544 ». (... lorsque je passai cette montagne, en l' an du seigneur 1544 ).
La chronique de Stumpf était illustrée de treize cartes gravées sur bois. Plus tard, en 1522, ces dernières furent publiées sous la forme d' un atlas, à l' exception de la treizième intitulée: L' Helvètieprimitive.
3 S. Münster a publié sa description du glacier du Rhône pour la première fois dans la version latine de sa Cosmo-graphei,en 1552 ( p. 322, cité par Le Roy Ladurie 1967: 300/301 ). Le pont n' est pas signalé dans ce texte latin. Le Roy Ladurie cite deux sources concernant la longueur de pique qu' il donne:
- dans la salle des armes du Musée d' Art et d' Histoire de Genève, on trouve deux piques de l' infanterie suisse datant du XVe siècle et provenant de la caserne de Lucerne. Leur longueur est de 4,6 m chacune.
- Dans la littérature spécialisée, on trouve la longueur de cinq mètres pour les piques suisses du début du XVIe siècle.
Au contraire du texte, les cartes de la Suisse dressées par S. Münster ne signalent pas te glacier du Rhône dans le secteur Gothard-Vallée de Conches ( Weisz 1969; 57-64.
4 On trouve le passage suivant chez Kaufmann ( 1950: 3 ): « en 1547 le glacier inférieur s' était tellement avancé, qu' il menaçait le lieu de pèlerinage » ( il s' agit ici probablement de la Petronellen-Kapelle ). Il est vraisemblable que le glacier avait partiellement formé le « Schweif » ( crinière ), c'est-à-dire que les masses de glace avaient franchi en partie les rochers du Schopf pour redescendre dans la vallée. La langue aurait alors eu une situation comparable à celle de 1720, mais non pas à celle de 1778/79 ( cf. Zumbûhl dans Holzhauser/Pfister/Zumbühl, à paraître ).
5 Cette carte des territoires bernois, dressée en 1577/78 par Th. Schoepf, est constituée de dix-huit feuilles ( 138 x 195 cm ), dont l' échelle varie entre 1:85000et 1:115000, et elle est orientée vers le sud. En 1970-1972, le Prof. D' Georges Grosjean en a publié un fac-similé ( chez J. Stocker, Dietikon/Zürich ), basé sur deux originaux de la Burgerbibliothek de Berne et de la Zentralbibliothek de Zurich.
s Au sujet de J. Scheuchzer, on consultera Durst 1971 et surtout Weber ( 1984: 84,89-93 ). Scheuchzer voulait dissiper le malentendu au sujet de la vraie et de la fausse source du Rhône au moyen de son texte et de la planche ro 02.1. De l' avis des Haut-Valaisans, le Rhône trouvait son origine dans une source thermale d' eau claire, le « Rhodan- brunn », ( légende M/N de l' illustration ), bien que le cours d' eau qui s' en écoulait fût beaucoup plus petit que celui provenant du glacier, donc de la source véritable. L' irrita de Scheuchzer, face à la prédominance des préjugés sur la raison, s' exprime dans les lignes suivantes: « On pourrait encore pardonner l' erreur de ces populations montagnardes si ce fameux Roddanbrunn était situé le plus haut sur la Furka, ou bien si d' autres sources du même type s' écoulaient dans son voisinage. Mais voir une source aussi petite à côté d' une grande, voir un ruisseau aussi maigre à côté d' un torrent trente-six fois plus important qui sort lui-même d' un double glacier aux dimensions d' une montagne, et, ce voyant, penser que cette première source est la vraie source du Rhône, et ce ruisseau le fleuve lui-même, voilà qui me semble relever d' une grave faiblesse de l' esprit. La couleur blanc de lait du Rhône lorsqu' il sort de ces glaciers aurait déjà dû, à elle seule, ouvrir les yeux des habitants de l' endroit ». ( Scheuchzer 3, 1708: 102, Schweizerische Berg-Reisen, le 29 juin 1707. ) 7 J' ai bénéficié de l' aide amicale du Dr P. Martig et de Monsieur H. C. Wäber, des archives du canton de Berne, pour le déchiffrage de ce texte difficilement lisible. A propos de Samuel Bödmer, on consultera aussi GROSJEAN KKPB 1960: 34/35 N° 361, ZUMBÜHL 1980: 21, 91, note 18,200. Le texte explicatif se trouve dans Bödmer 1706: 247.
8 La plus ancienne représentation imagée du glacier du Rhône est manifestement celle de J. M. Fuessli ( 1677-1736 ) que l'on peut identifier et dater grâce à la signature écrite en caractères inversés, comme dans un miroir: « Joh. Melchior Fuessli fecit Ao 1707 ».
L' attribution de RO 02.3 à F. Meyer ( 1653-1713 ) ne pose pas de problème non plus, puisqu' elle est attestée par une signature ( « Dessiné d' après Nature par F. Meyer » ) et aussi par le texte de Grüner 1760, 1: 200 ( « F. Meyer, dont le nom se trouve au bas de la gravure, a dessiné cette vue du glacier. Il a vécu il y a plus de septante ans » ). Etant donné les rapports peu clairs entre ces divers documents, on peut envisager plusieurs hypothèses:
a ) RO 02.1 est l' œuvre de Fuessli ( pratiquement sûr ).
b ) RO 02.1 est une copie de Fuessli d' après un original de F. Meyer ( peu vraisemblable ).
c ) RO 02.3 est l' oeuvre de Meyer, et il existe alors deux vues originales du glacier du Rhône, réalisées pratiquement à la même époque.
d ) RO 02.3 est une copie que Meyer a réalisée d' après l' œuvre de Fuessli.
e ) En tant que copie, RO 02.3 est attribué par erreur à F. Meyer.
L' hypothèse a ) est relativement sûre et les variantes c ) et d ) sont pensables. Dans tous les cas, nous ne connaissons que les gravures, et non pas les dessins originaux, voire les tableaux à l' huile, qui leur auraient servi de bases. Cf. discussion du problème dans ZUMBÜHL 1980: 21/22, 91, 132, 202;ZUMBÜHL 1983:21, 30, 31; Weber 1984:82-84,91; Boerlin-Brodbeck/Weber/Zumbühl, zak en préparation.
s Cf. Blumer, 1957: 93/94 N° 256q, Grosjean kkpb 1960: 5N°11; DÜRST 1969; Zumbühl 1980: 136 K 17.1/17.2.
10 Carte nationale: environ 671.700/158.125, altitude d' à peu près 1810 mètres ou peut-être un peu plus haut dans la pente.
11 H.B. de Saussure, 1796, 3: 485 1721 ( Dans ce chapitre, il est question du troisième voyage que l' auteur entreprit en 1783 ):
« Dans mon voyage de 1770, que j' eus le plaisir de faire avec Milord Palmerston, connu par son goût pour les lettres & pour les beaux arts, nous gravîmes ensemble, par la rive droite du glacier, la montagne de laquelle il descend. On voit de près, en montant, les belles pyramides de glace dont sa pente est hérissée; mais quand on est parvenu à son plateau, on voit la glace former là une plaine doucement inclinée qui n' est coupée que par quelques cre- 12 A propos de Grindelwald, cf. Zumbühl, 1980: 26: « II n' existe aucun dessin dont on puisse dire sans le moindre doute qu' il s' agisse d' une esquisse prise durant le voyage même. » ( Wilton 1979: 38 ).
13 Le tableau de Wûest représente le glacier du Rhône. Il s' agit en fait de la réplique d' une œuvre disparue, commandée en novembre 1772 par le collectionneur anglais John Strange ( 1732-1799 ) et peinte au plus tôt dans les années 1772/73. Connu comme naturaliste, archéologue et amateur d' art, John Strange séjourna à Zurich du printemps 1772 jusqu' au mois de novembre ou de décembre de la même année. Wûest parle de cette commande dans son autobiographie, commencée le 6 janvier 1813, et dont le texte nous est parvenu grâce à une copie de la main de son beau-fils Seiler ( manuscrit conservé au musée des beaux-arts de Zurich dans le recueil O 49 ): « A cette époque [1772] » écrit Wûest, « le lord anglais Strenge ( sic ) me demanda si je voulais bien entreprendre à ses frais un voyage en montagne afin de peindre pour lui le glacier du Rhône et d' autres objets dignes d' intérêt. Une telle proposition ne pouvait que me plaire [...]. Tout le monde doutait du succès de l' entreprise en arguant du fait qu' en novembre les montagnes sont déjà trop enneigées. Mais je ne me laissai pas effrayer par ces Cassandre et fis ce voyage en douze jours par un temps très favorable. Le lord accueillit les fruits de mon travail avec les applaudissements les plus vifs. Quant à moi, j' eus non seulement la joie de toucher une substantielle rémunération, mais ce voyage m' avait en plus permis d' admirer un bon nombre des grands phénomènes naturels de notre pays et de réaliser ainsi une belle série d' esquisses d' après nature » cit. de Boerlin-Brod-beck 1980:89. Au sujet de Wûest, on consultera aussi We ber 1981:126, 331 et Steingräber 1985: 270.
14 Carte nationale: environ 672.115/157.605, altitude 1920 mètres. Ou bien, dans le terrain: 170-180 mètres à l' est du Thûrmbach, sur l' ancien chemin de la Furka. Cf. Mercanton 1916, Plan N° 3, RO 91.
15 Visées azimutales du point S, d' où Wûest ( CN ) peignit son tableau: Carte nationale: environ 672.115/157.605, altitude: 1920 mètres environ.
Mesure Mesure sur dans le la carte terrain Azimut entre S et le Gerstengrat ( lienv. 329° mite gauche de l' image ) Azimut entre S et les Gerstenhôr- env. 337 " env. 337 "
ner, point 3166 m Azimut entre S et Obersaas, pt.env. 0° env. 355° 2295,6 m Azimut entre S et le milieu deenv. 10°?
l' image Azimut entre S et les Furkahörner, env. 47° env. 43° principalement le Kleines Furkahorn.
Angle de l' image de J. H. Wûest:
74°-78° 16 Pour la localisation du front sur le tableau à l' huile de J.H.Wûest(Ro06\p.176)cf. Mercanton 1916: PlanN°3, RO91:
A: Point inférieur ouest de la corniche rocheuse grise, brune et verte qui s' étend au-dessus du Saasbach ( altitude: 1900 mètres environ ).
B: Le Saasbach atteint le fond de la vallée dans un terrain à la végétationgris-vert clair ou éventuellement brun-gris, vert sombre. Altitude: 1790 mètres environ. C: Dôme ou échine rocheuse où le glacier du Rhône change de direction d' écoulement, du sud au sud-ouest. Derrière cette échine, du côté de la pente, les eaux s' écou par un ruisseau d' origine naturelle pour se jeter plus bas dans le Saasbach. Sur la Carte nationale, le point C est situé approximativement sur les coordonnées 672.030/158.425, et son altitude est de 1935 mètres environ. D: Point inférieur ouest de la corniche rocheuse, située à l' est et au-dessus du Saasbach.
G: Le front du glacier dans le fond de la vallée en 1772. Go: La limite latérale de la langue sur la gauche de la vallée en 1772.
S: Emplacement d' où Wüest a travaillé, situé sur la Carte nationale aux coordonnées approximatives 672.115/157.605, à une altitude de 1920 mètres environ. L' extrémité de la langue qui s' abaissait de C à G a dû se trouver, en 1772, un petit peu à l' extérieur d' une ligne imaginaire reliant les lieux B et S.
Voici la fourchette des valeurs que l'on obtient en essayant de restituer ces points sur des plans, des cartes ou même des photographies aériennes:
G1 représente la valeur minimale de l' extension du glacier et se trouve approximativement aux coordonnées suivantes sur la Carte nationale: 671.620/157.920. L' altitude de ce point est à peu près de 1790 mètres, et la distance qui le sépare des moraines frontales de Gletsch atteint au maximum 1040 mètres.
G2 indique la valeur maximale de cette même extension ( env. 671.520/157.845, altitude approximative: 1780 m ). La distance qui le sépare des moraines frontales de Gletsch est d' au moins 910 mètres.
En 1772, le front du glacier était donc situé entre ces deux points G1 et G2 ( la distance entre G1 et G2 est d' environ 130 mètres ). Cette reconstruction se voit aussi confirmée par le fait que le front G se trouve assez à l' ouest, sur l' œuvre de Wüest, un peu à gauche de la ligne imaginaire reliant Go aux Gerstenhörner dont la silhouette domine le côté gauche de l' image.
17 Au sujet du « dessinateur », on peut consulter Weber 1977:59,77, note 198.
Nous trouvons souvent des personnages décoratifs trop grands chez d' autres peintres de la même époque. C' est par exemple le cas du tableau représentant le glacier inférieur de Grindelwald et peint en 1748/49 par E. Handmann ( cf. ZUMBÜHL 1980: 134 [K 11.1], 186 [ill.] ). Mais on tombe parfois sur le cas contraire, comme par exemple dans une œuvre représentant une table glaciaire sur le glacier inférieur de l' Aar ( cf. au 07.1* p. 276, AU 07.2* p. 277 ).
18 Luxueusement illustré de 318 vues, cet ouvrage encyclopédique sur la Suisse fut publié entre 1777 et 1788. Ses auteurs étaient donc A. Ch. Besson ( 1725-1809 ) et A.F. Quêtant ( 1733-1823 ) ainsi que A. Zurlauben ( 1720-1799 ), historien zougois et lieutenant général au service de la France. Quant aux initiateurs de l' ouvrage, il s' agissait du musicien et bibliophile J.B. de Laborde ( 1734-1794 ), du libraire-éditeur P.M. Lamy et enfin du graveur F.D. Née ( 1739-1817 ) et de son associé L.J. Masquel-lier ( 1741-1811 ). C' est donc à leur service que Besson parcourut les Alpes, probablement de juillet à octobre 1777. Il y réalisa des dessins qui, pour l' époque, étaient des documents scientifiques de grande valeur et il rédigea leurs légendes. Ce Discours sur l' histoire naturelle de la Suisse fut intégré en 1780 à l' ouvrage de Zurlauben avant d' être publié une seconde fois par Besson, en 1786, sous l' impulsion de S. Wyttenbach. Cet ouvrage en deux parties « avec des Notes par Mr. W " " », soit par Wyttenbach lui-même, ce Manuel pour les savans et les curieux qui voyagent en Suisse, est en fait le premier guide de voyage sur notre pays dont l' optique fût essentiellement scientifique ( cf. DÜB11910:45 ).
On trouvera des renseignements sur la vie et l' œuvre de Besson et sur l' ouvrage de Zurlauben dans Weber 1973, surtout 19, 20; Zumbühl 1980, surtout 30, 61-63, 97/98 note 51; Weber 1981: 308; Weber 1984: 26, 27, 33, 56, 94, 116-117,182.
19 La petite esquisse à l' encre RO 09.2 de Johann Heinrich Meyer ( 1755-1829 ) est très vraisemblablement une copie de la gravure de Besson représentant le glacier du Rhône. On peut aussi tirer la même déduction d' une gravure à l' eau de petit format ( RO 09.3 ), parue en 1805 dans l' ouvrage de Reichard intitulé « Voyage pittoresque à travers une grande partie de la Suisse, avant et après la Révolution » ( Malerische Reise durch einen großen Theil der Schweiz vor und nach der Revolution ). Dans les deux cas, les artistes n' ont pas cru bon de citer leur source, c'est-à-dire Besson.
20 Besson, 1780: xxvu, écrit notamment au sujet des moraines du glacier du Rhône:
« Ce qui rend ce glacier très-intéressant & très-instructif pour la connoissance des accroissemens & des décroisse-mens des glaciers, ce sont les différentes marêmes ou enceintes, dont il est entouré à son pied, que la perspective a empêché de rendre dans le dessin, phénomène qu' on remarque peu, & dont on ne dit pas grand chose, quoiqu' il soit bien intéressant dans l' histoire des glaciers, pour la théorie même de la terre, puisqu' il nous indique la nature des rochers, de ces pics élevés & inabordables. (... ) Les Peintres et les Dessinateurs ne mettent jamais ces enceintes au bas des glaciers. Cela fait un mauvais effet, peindre un tas de pierres! sans doute il faut les rendre quand ils sont instructifs & qu' ils sont essentiels à la chose. Il n' y a pourtant pas un glacier ou il n' y en ait, à moins qu' il ne se précipite sur un plan très-rapide; mais c' est pour faire un bon effet qu' on place des arbres, n' im de quelle espèce, dans des lieux où il n' en croit pas, ou seulement d' une espèce particulière & propre aux lieux élevés ».
21 Cas D: On prend le vallum 1 ( C/D ) comme point de départ; à ce moment-là, le vallum 2 se trouverait soit à peu près à l' emplacement de la moraine F ou alors entre C/D et F, si l'on reporte les valeurs exactes sur le terrain. D' après les distances que nous connaissons, les vallums 3 et 4 se trouvaient alors entre le vallum F et l' emplacement où la crue de 1856 déposera sa moraine terminale ( G ); le front se serait donc trouvé alors à peu près à l' endroit de ce futur vallum de 1856. Mais une simple comparaison de la gravure de 1777 ( RO 09.1*, p. 179 ) et de la photo de 1856 ( RO 64.1, p. 220 ) qui présentent de grandes différences suffit à démontrer que le cas D est vraiment très peu probable.
22 Situation sur la Carte nationale de la moraine latérale dans la région Augstenweid entre le Muttbach et le Belvédère ( voir carte 3, p. 169 ), P1: CN env. 672.655/158.495, altitude: env. 2020 mètres / P2: CN aux environs du P. 672.650/158.225, altitude d' environ 1940 mètres. Il est possible que la moraine se soit aussi étendue sur le flanc gauche de la vallée, exposé au nord-ouest.
23 Grâce au travail du Dr Willi Raeber ( 1897-1976 ) et à la rédaction postérieure de Madame Edith Raeber-Zûst qui permit d' en faire l' opus magnum Caspar Wolf I735-I783, Sa vie, son œuvre ( Caspar Wolf, 1735-1783, Sein Leben und sein Werk ), la personnalité et la production de cet artiste sont accessibles à un plus large public depuis 1979, cf. R 1979.
L' exposition qui a permis à ses visiteurs d' admirer le plus grand nombre de toiles de Wolf fut l' œuvre du D' Yvonne Boerlin-Brodbeck, du musée d' art de Bâle, qui avait d' ail rédigé un catalogue très instructif pour cette même exposition, cf. Boerlin-Brodbeck 1980.
24 C' est à peine si l'on peut voir le Galenstock de l' en où fut peint le tableau ( cf. Boerlin-Brodbeck 1980: 74, n° 174 ). Ce sommet est aussi mentionné par Wagner/ Wyttenbach 1779: 49, N° 59.
25 Cela est confirmé par le texte de Wyttenbach dans les Vues Remarquables ( 1776/77:1 ): « Mais comme la diversité des objets représentés pouvait permettre à quelques erreurs de faire leur apparition, Wolf se décida à refaire son voyage une nouvelle fois pour comparer les tableaux déjà très avancés aux endroits qu' ils représentaient et pouvoir ainsi effectuer les corrections nécessaires ». Wolf lui-même nous donne un document intéressant de sa propre pratique dans un tableau à l' huile représentant une table glaciaire sur l' Unteraargletscher ( cf. au 07.1* p. 276 ). A gauche de cette image, on peut en effet voir un porteur dont le bât est chargé de tableaux de grand format.
26 Wolf et Wyttenbach ont entrepris deux périples dans l' Oberland bernois. Le premier de ces voyages les conduisit en 1776 dans la vallée supérieure de Lauterbrunnen, tandis qu' en 1777 ils visitèrent les régions du Gothard et du Grimsel.
« Wolf m' accompagna au cours de deux voyages dans l' Oberland bernois et sur la route du Gothard... » écrivit wyttenbach ( Einleitung zu einer Reisebeschreibung [Intro-duction à un récit de voyage] bbb: Mss. h. h. XX 9 ( W ) 633 ( D ) C-59: 4. ) En tentant de restituer l' itinéraire du second voyage de 1777, on obtient le résultat suivant: Berne-?-Grund ( Haslital)-Guttannen—Glacier inférieur de l' Aar ( le 5 ou peut-être le 7 août ) Furka—Realp—Hospental—Oberalp-Hospice du Gothard—Blauberg—Urserental—gorge des Schöllenen—Gestinenalp ( Göschenenalp)-Mines d' alun du Graggertal—Silenen—Erstfeld—Luzern—Berne ( pour plus de détails, cf. ZUMBÜHL 1980: 98/99, note 58 ).
27 En peignant sa vue frontale du glacier inférieur de Grindelwald, Wolf se laissa aller à colorer la langue en s' inspirant de la vision idéalisée qu' il avait des glaciers, ce qui lui fut d' ailleurs reproché, ( cf. le texte de J. S. Wyttenbach dans les Vues Remarquables 1785:11, cité par Zum-buhi_1980:28, 190, ill. K 22.2 ).
28 Wyttenbach, Glacier du Rhône, probablement le 9 août 1777, Voyage par le Grimsel, BBB: Mss. h. h. XX 9 ( W ) 830 ( D ) C-59: 58: « Là-dessus, je me rendis moi-même sur les bords du glacier et passai ainsi devant divers vallums de pierres ou d' éboulis assez vieux qui avaient été poussés par le glacier lors des crues qu' il avait effectuées il y a longtemps, à l' époque où il était plus grand. Ces vallums sont maintenant éloignés du glacier qui a donc dû reculer de façon assez impressionnante (... ). On peut aussi comparer la situation que nous avons trouvée ici à celle que présentait le glacier de l' Aar, étant donné que le Rhône s' écoule parfois en un endroit, parfois en plusieurs lieux et qu' il a formé une belle paroi de glace, toutefois sans grotte ».
29 L' endroit d' où Wolf a peint RO 11.1/2* ( p. 185 ) est situé au-dessus des hauteurs du col du Grimsel, dans le cirque situé à l' est du petit Sidelhorn, entre Husegg et Chrüzegg; ses coordonnées sont: 667.975/156.625, son altitude est de 2415 mètres. En essayant de reproduire dans son texte ce que Wolf avait fixé sur l' esquisse et le tableau à l' huile, Wyttenbach décrit la vue qu' offrent les hauteurs du Grimsel en direction de l' est. Ce faisant, il quitte l' itinéraire habituel pour se rendre vers le « Todtenseelein... Plus bas, sous le Galenstock, on voit le glacier du Rhône émerger de la vallée. Il descend d' abord une pente douce, puis, serré de près par les parois montagneuses qui le bordent, il se courbe, se brise sur une pente plus raide en millions de morceaux, de pyramides et de crevasses. Arrivé enfin dans les profondeurs de la vallée, il forme une énorme masse circulaire, aplatie et régulièrement striée dans le sens de la longueur par de grandes crevasses profondes ». ( Wyttenbach 1777: Grimselreise [Voyage au Grimsel] bbb: Mss.
h. h. XX 9 ( W ) 830 ( D ) C-59:40 ).
30 Une étude à l' huile ( non publiée, collection privée Muri/Berne ) nous présente une composition montagneuse au centre de l' image qui ressemble assez à celle de l' œuvre en question, mais elle est toutefois surélevée, moins idéalisée, et correspond donc mieux à la topographie réelle. C' est aussi le cas du tableau peint d' après cette étude en 1775 et intitulé « N°39 Vue tirée depuis la cime d' une montagne appelée Planblatte » qui présente donc le panorama que l'on voit en direction du sud-ouest, avec la vallée de l' Aar près de Meiringen, la Grande Scheidegg et la zone du Faulhorn et du Schwarzhorn ( Raeber 1979: 222 cat. Nr. 211, texte Wagner/Wyttenbach 1779:
Nr. 39 ).
31 Au sujet de Caspar David Friedrich, cf. Boersch-Su-pan H./JähnigK.W. 1973:
- « Morgen im Riesengebirge » ( Le matin dans le Riesengebirge ), vers 1810/1811, cat. N° 190 ( reproduction en couleur 11, p. 53 ), « Der Watzmann », vers 1824/25, cat. N° 330 ( reproduction en couleur 28, p. 116 ).
- « Dorflandschaft bei Morgenbeleuchtung » ( Village à l' aube ), 1822, cat. N° 298 ( reproduction en couleur 23, p. 100 ); cf. aussi le catalogue de l' exposition de 1984: « Caspar David Friedrich: le tracé et la transparence ».
32 L' œuvre en question, RO 19, « provient de deux séries de médaillons illustrés représentant des paysages suisses qui sont conservées au Cabinet des estampes de Bàie. L' un d' entre eux nous montre une vue de Berne avec l' Hô de Ville, prise des jardins situés au-dessus de l' Aar. Elle est signée et datée « C. Wyss: 96 » ( Inv. Z. 263 ). L' attribution certaine de cette même gouache sur médaillon à Wyss n' est pas encore connue de Raeber 1979: 104. Elle découle en fait de la découverte fortuite, dans une collection privée de Berne, d' une petite boîte dont le couvercle est orné d' une gouache sous verre représentant un paysage alpin analogue. La production de tels médaillons correspond très bien à l' image que nous avons d' un Caspar Wyss sur le point d' émigrer et en train de se débattre dans des difficultés matérielles ». ( Boerlin-Brodbeck 1980: 91 ).
33 La gravure au trait coloriée « Source du Rohsne [sic!] auprès du mont de la Fourche dans le valais... » ( RO Q 3 ) est, elle aussi, de Wyss, qui copia une fois de plus une autre œuvre, à savoir une esquisse à l' huile d' un vert sale virant par endroits au bleu et au gris ( RO Q 1 ) ou éventuellement un tableau de C. Wolf daté de 1778 et intitulé « Prétendue source du Rhône » ( RO Q 2 ). Debout sur le Kapellenhügel, près de Gletsch, le glacier dans notre dos, nous portons notre regard vers le sud-ouest, c'est-à-dire en bas dans la vallée, et pouvons donc voir les pentes abruptes qui descendent du col du Grimsel et de la Husegg. A gauche, nous reconnaissons l' écoulement principal du glacier avec les quatre cabanes qui ont plus tard fait place à l' hôtel. A droite nous voyons la Meyenwang et, encore plus à droite et au-dessous, le « Rona Ursprung », c'est-à-dire la source thermale. Dans le texte commentant ce tableau, Wyttenbach affirme avec raison que le Rhône a « sa véritable source sous le grand glacier » ( Wagner/Wyttenbach 1779: 48 N° 58 ).
- Caspar Wolf ( 1735-1783 ), crayon, huile sur carton, 22,7 x 38,5 cm, avec en haut l' indication « Ursprung der Rona » ( la source du Rhône ). Collection privée: Muri/ Berne; cette œuvre n' est pas mentionnée par Raeber 1979.
- Caspar Wolf ( 1735-1783 ) Titre: « Prétendue source du Rhône » ( d' après Wagner/Wyttenbach 1779: 48 N° 58 ). Huile sur toile, 54,0 x 76,0 cm, signé « C. Wolf 1778 ». Collection privée, Suisse. Société de Banque Suisse, Bale L. Raeber 1979: 297 wv 376.
- Caspar Wolf ( 1735-1783)/Caspar Wyss ( 1762-1798 ) Titre/ signature « La source du Rohsne, auprès du mont de la Fourche dans le Valais./dessiné et gravé par Caspar Wyss ». ( Une édition mentionne aussi H. BIeuler ). Gravure au trait coloriée, 20,0 x 30,1 cm, zbz Rhonegletscher Wallis I.
34 J.W. Goethe ( lettre du 12 novembre 1779 de Realp adressée à madame Charlotte von Stein ). Texte allemand dans Gesammelte Werke ( Œuvres complètes ) Zurich, 1949, vol. 12, pp. 54 sq., cité par MOSELE 1979: 156 N° 107, et Seiler 1980:6.
35 Storr a voyagé dans les Alpes en 1781 et en 1784. D' après la préface de la première partie de son ouvrage, il semble qu' il ait visité le glacier du Rhône lors de son premier périple: « j' ai poursuivi mon voyage de 1781 en quittant d' abord Lauterbrunn pour rejoindre le massif du Gothard... » ( Storr 1784, Préface ).
36 Par « surge » on désigne la modification quasi périodique du mouvement de la glace. Alors que celle-ci s' écoule à une vitesse régulière durant de longues années, on assiste sur certains glaciers à une accélération du mouve- ment des masses qui constituent le glacier durant un temps assez court ( Engelhart 1987: 212 ). La périodicité des « surges » varie de glacier à glacier. Celle du Medveschi, dans le Pamir, est d' une douzaine d' années, celle du Variegated Glacier, en Alaska, de 19 ans, celle du Vernagtferner, dans l' Ötztal, s' élève à 80 ans environ ( 1899-1902 et 1981-1983 ), tandis que dans l' ouest de l' An, il faut compter avec des périodes d' à peu près 100000 ans entre deux « surges ». Un glacier alpin ordinaire s' écoule avec une vitesse de 50-200 m par année, tandis que le Variegated Glacier, en Alaska, atteignit une vitesse de 65 m/jour ( kilomètre 13 ) à 100 m/jour lors de son surge de 1983. ( Engelhardt 1987: 217 ). Les avancées du glacier du Rhône, de 660 à 1200 mètres en 11 ans ( voire peut-être dans une période beaucoup plus courte ), font penser à un surge, par exemple de la calotte de glace à Gletschboden.
Au sujet de ces « glaciers galopants », on peut consulter les auteurs suivants: Hoinkes 1969: 853-861, Hoinkes 1972: 253-270, et surtout Engelhardt 1987: 212-220.
37 Bourrit décrit ainsi l' un des portails, tel qu' il le voyait du bas de la marge du terrain précédant le glacier: « Nous arrivâmes cependant dans l' enfoncement du glacier. Là nous vîmes la large bouche du Rhône, & le fleuve en sortir avec bruit: la voûte est d' une glace aussi transparente que le crystal: des blocs de glaces immenses, élancés du haut du dôme & semés au pied de l' amas, représentoient les ruines d' un palais; des parties de cette voûte qui étoient à moitié fendues laissoient un passage libre aux rayons du soleil qui pénétroient dans des abymes obscurs, tandis que des blocs excavés & concaves nous éblouissoient les yeux. Nous jouissions de toutes ces beautés sans prévoir les risques que nous courions pour nous être approchés si près de l' amas; une chute de glace qui vint tomber jusqu' à nous nous fit connaître notre imprudence; nous vîmes alors des tours de glaces comme des maisons qui ne tenoient à la masse entière que par des filets; le moindre bruit, le roulement d' une pierre pouvoir les faire rompre, & nous ensevelir sous leur ruine; (... ) ( Bourrit 1783, 2: 7/8 ).
38 Au sujet de Loutherbourg, on consultera Joppien 1973. Loutherbourg avait travaillé en 1770-1771 avec C. Wolf à Paris et s' était lié d' amitié en 1778 avec le grand peintre paysagiste qu' était T. Gainsborough, Il fut lui-même l' un des premiers à confronter son art au paysage anglais encore peu prisé à cette époque et à exposer de telles œuvres au Salon. Il enseigna par la suite à la Royal Academy où il eut entre autres J. W. Turner ( 1775-1851 ) comme élève en 1795. Agé à l' époque d' une vingtaine d' années, ce dernier était destiné à devenir le plus célèbre des peintres anglais du XIXe siècle, le « maître de la lumière » ( Steingräber 1985: 323 ).
ss D' après Joppien:
- 1769-1771, éventuellement un premier voyage en Allemagne et en Suisse qui n' est toutefois pas attesté de façon certaine.
-de l' été 1787 à janvier 1788, voyage en Suisse. Joppien cite une lettre de Loutherbourg à C. von Mechel, datée du 17 janvier 1788, à Bienne. On y trouve la mention de quelques étapes de son périple, entre autres Schaffhouse ( tableau à l' huile représentant les chutes du Rhin ) et Grindelwald. L' étude d' après nature dont il est question dans le corps de notre texte date probablement du voyage entrepris durant l' été et l' automne 1787.
40 Jusqu' à nos jours, nous n' avons pas connaissance d' une étude à l' huile probablement réalisée durant la seconde moitié de l' année 1787, ni non plus d' un tableau représentant le glacier du Rhône. Une toile de P.J. Loutherbourg d' une très grande beauté est apparue récemment sur le marché de l' art. Elle représente la zone frontale de la Mer de Glace et a fort probablement été peinte ( ou tout au moins son étude préparatoire ) durant ce voyage en Suisse et dans les Alpes.
Huile sur toile, 58,5 x 73,0 cm, signée au dos « J. P. de Lou-therbourgh » ( Kat. Galerie J. Stuker, Berne, 1983: 37, N° 253 + ill ., planche en couleur 6 ).
Une vue quasi identique est apparue en 1966 sur le marché de l' art. Elle était désignée de façon erronée comme une représentation du glacier de Grindelwald et était signée « J. Webber 1788 » ( KAT. Galerie J. Stuker Bern 1966: 215 Nr.3860+ ill. PI.86 ). Il s' agit ici de l' artiste bernois J. Wäber ( Weber ou Webber, 1750-1793 ) qui accompagna le capitaine Cook dans son voyage autour du monde. D' après Raeber ( 1979: 102, note 233 ), Wäber partit d' Angleterre en 1787 pour séjourner peu de temps à Berne. Il est tout à fait possible que Weber et Loutherbourg, qui se connaissaient bien en Grande-Bretagne, aient visité et peint ensemble le glacier des Bois.
41 « Alors que j' étais presque arrivé au sommet de la colline d' éboulis, je fus stupéfié et pratiquement terrifié par la découverte d' une ouverture béante sous laquelle se trouvaient des masses de glace sale, séparées les unes des autres par une grande crevasse. La colline n' était donc pas constituée exclusivement de blocs de granite, de petits galets et de sable, mais aussi d' imposantes mottes de glace qui étaient comme masquées ou recouvertes d' une couche de sable, et avaient été séparées du reste de la langue peu de temps auparavant à cause de l' effondre d' une voûte de glace. Si je n' avais pas remarqué assez tôt la crevasse qui coupait cette masse de glace et si j' y étais tombé, je ne serais certainement pas mort de ma chute, mais j' y aurais en tous cas été étouffé par les éboulis entraînés par ma glissade » ( Meiners 1790, 3: 293/294 ).
42 « Le témoignage de nos propres yeux et celui des habitants de la vallée nous apprennent que le glacier du Rhône n' a pas commencé à reculer cette année ( durant laquelle tous les glaciers ont subi un recul sans précédent de mémoire d' homme, et cela à cause de la chaleur extraordinaire ), mais bien plutôt que ce mouvement de retrait et de fonte dure depuis plus de vingt ans » ( Meiners 1790, 3: 295 ).
43 Isler-Hungerbühler 1953: 8/9. A propos de RO 16, cf. aussi le catalogue de l' exposition de Coire en 1977: 68/69 N°24.
44ZUMBÜHL198O: 37 K41.
45 Sur Escher, voir Solar/HÔsli 1974, Solar 1979.
46 On trouvera chez Wyss 1985 ( 194-198 ) des renseignements sur le voyage de sept jours que Hegel, alors âgé de vingt-quatre ans, entreprit dans les Alpes ( Petite Scheidegg-Grindelwald-Grande Scheidegg- Grimsel-Gletsch-Furka-Lac des Quatre-Cantons ). Hegel narre ce voyage dans un fragment de son journal rédigé lors de son activité de précepteur à Berne ( cité par Rosenkranz 1963: 470 sq. ).
On peut dire que c' est par « devoir » que Hegel réalisa ce voyage, tant il est vrai qu'«avoir vu les Alpes » était un signe de bonne culture au XVIIIe siècle L' expérience dominante de ce périple ne fut pas pour le philosophe celle de la noblesse de la nature sauvage, mais bien plutôt celle des cloques et du mauvais temps.
" Escher, 1804/05-1809: 142/143 281.
48 Au sujet de l' exactitude du relief de Müller, cf. Imhof 1981: 118; pour celui du glacier de Grindelwald, cf. Zum-BÜHL 1980:37.
49 Localisation de l' extrémité de la langue sur le relief de E. Müller ( RO 28*, p. 189 ):
A: Intersection du Saasbach avec la limite nord-ouest du glacier.
B ': Intersection de l' échiné rocheuse, située au nord-est de la chute du Saasbach, avec le bord de la cascade de glace. B: Intersection de la tangente du front avec l' isohypse de 1785 m ( fond de la vallée ), mesurée sur le plan ( AB = ABenviron 440 mètres ).
C: Intersection de la tangente du front avec l' isohypse de 1785 mètres, mesurée sur le relief ( AC = environ 390 mètres, ce qui veut dire que le front à 390-440 mètres nous donne une distance d' environ 820 mètres jusqu' aux moraines C/D marquant le maximum du glacier depuis le Moyen Age ( fourchette des valeurs: 770-870 mètres ). Ces points n' ont pas été mesurés directement sur le relief, mais sur des photographies que monsieur Peter Wick, directeur du Jardin des Glaciers a fort aimablement mises à ma disposition. Le relief est à l' heure actuelle sous une vitre de plexiglas de sorte que l'on ne peut y accéder directement.
50 En compagnie du géomètre alsacien Jean-Henri Weiss ( 1758-1826 ) J. E. Müller, d' Engelberg, travailla, de 1788 à 1797, en tant que topographe et créateur de reliefs, dans le cadre de la réalisation de la première carte topographique de l' ensemble de la Suisse, entreprise de 1786 à 1802 pour le compte de l' Argovien Johann Rudolf Müller ( 1739-1813 ). Ce dernier, outre son activité industrielle dans la fabrication de rubans de soie, était aussi alpiniste et un grand idéaliste. Sur les instances pressantes de Meyer, Müller collabora durant les étés de 1788 et 1799 comme assistant aux travaux de mesure du prof. Tralles, physicien et géomètre réputé de l' Université de Berne, pour apprendre ainsi l' essentiel des techniques géodésiques. Cela lui permit de participer aux travaux du projet de I' Atlas Suisse et d' assumer ainsi la responsabilité des levés topographiques d' une grande partie de nos Alpes.
Dans un premier temps, on établissait l' altitude et la position des points topographiquement importants du paysage au moyen de la triangulation graphique, c'est-à-dire au moyen d' un goniomètre et de disques azimutaux, étalon-nés au préalable. Par la suite, le « géomètre exemplaire » sachant apprécier le travail bien fait qu' était Müller prenait encore un croquis présentant le panorama, tel qu' il apparaissait à l' endroit d' où les mesures avaient été prises. Les diverses mesures azimutales et les dessins ainsi collectés étaient ensuite traités et complétés d' une manière unique en son genre: « Müller emportait dans ses bagages des boîtes remplies de toutes sortes d' instruments de modelage, du plâtre et d' autres matériaux. A son campement de base, il façonnait, d' après ses observations, de petits reliefs de la région qu' il venait d' explorer ». ( Imhof 1981: 115 ).
Dans l' atelier de Meyer, à Aarau, tout ce matériel était rassemblé et, pour ce qui concerne les Alpes, servait à Müller de documentation pour la réalisation d' un grand relief à l' échelle 1:60000 ( cet ouvrage fut, semble-t-il, vendu à Paris en 1802 et détruit en 1903 ). Puis J. H. Weiss se servit de ce relief pour ses études préparatoires d' après nature qui furent ensuite gravées sur cuivre et publiées de 1796 à 1802 dans I' Atlas Suisse par Meyer et Weiss ( le nom de Müller fut en effet injustement passé sous silence ). Cet ouvrage se compose de 16 planches partielles dont l' échelle est d' environ 1:108000 ainsi que d' une carte générale de la Suisse. Après la publication des cartes accompagnant l' ouvrage, Müller se retira à Engelberg où il installa son propre atelier et créa une série de nouveaux reliefs de montagne sur la base d' une documentation topographique améliorée et complétée. C' est dans ce contexte qu' il réalisa durant les années 1812-1819 ( Dufner 1980: 36-39 ) le relief dont il est question dans le corps de notre texte ( RO 28*, p. 189 ). Les huit éléments, sur un total de dix, qui reproduisaient les régions situées à l' est du paysage représenté par cette œuvre au 1:38000, furent exposés en 1816 déjà à la bibliothèque de la ville de Zurich. Cette présentation fut une attraction fascinante pour les scientifiques et les touristes qui ne tarirent pas d' éloges à son sujet ( Dufner 1980:39 ).
Mais quand les documents de base dont Müller s' était servi furent-ils donc créés?
Müller rend compte de son programme de voyages dans les Alpes de la façon suivante:
« En l' an 1788... nous parcourûmes le Hasliland en y visitant de nombreuses montagnes, telles que le Grimsel, le Sidlishorn, et les glaciers inférieur et supérieur de l' Aar » ( Müller, cité par Dufner 1980: 15 ). Mais durant l' été 1791, aussi, il parcourut toutes les hautes régions montagneuses du pays bernois et toutes les vallées du Valais, du Mont Blanc à la Furka ( Dufner 1980: 17 ). Le matériel topographique sur lequel il se basa pour la réalisation du relief RO 28 " p. 189, date probablement des années 1788/92-1812.
51 L' œuvre dessiné de J. E. Müller se trouve dans la collection d' histoire des sciences de I' EPFZ ( 9 volumes comprenant plus de 588 panoramas et dessins ainsi que 264 disques azimutaux ).
52 La représentation du glacier inférieur de Grindelwald et des Fieschhörner sur une feuille d' agenda et signée « 1814 Joachim Müller » semble confirmer cette hypothèse ( crayon, plume et aquarelle, 10,5 x 17,3 cm, EPFZ, département d' histoire des sciences. Hs 1060: 465 ).
53 La datation « 1816 » du petit tableau à l' huile de M. de Meuron RO 30.1* p. 193, n' est pas tout à fait certaine. Cette date provient en effet d' une légende placée sur le cadre de l' œuvre en 1884, lorsque le fils du peintre céda cette étude au Musée d' Art et d' Histoire.
Cette légende sur le cadre est la suivante: « Max. de Meuron. Glacier du Rhône en 1816, Don de Mr. A. [Albert] de Meuron en 1884 ». C' est probablement cette même étude à l' huile qui servit plus tard à la réalisation de l' aquatinte RO 30.2 *p. 193, exécutée avec une grande finesse ( elle est presque plus belle que l' œuvre à l' huile ) et intitulée « Vue générale des Glaciers du Rhône » qui fut publiée dans l' al Le Rhône - Description historique et pittoresque de son cours, depuis sa source jusqu' à la mer, ouvrage édité à Paris et à Londres par Jean-Baptiste-Balthasar Sauvan. Ce livre comporte 27 planches présentant divers paysages du fleuve parmi lesquels on trouve la vue latérale « Source du Rhône » ( RO 31.2 ), due, elle aussi, au talent de M. de Meuron.
54 Dufour/Forel 1870: 683: s' appuient principalement sur trois arguments:
- la lithographie de Lardy ( RO 32* p. 194 ), les témoignages assez vagues des habitants de la vallée.
- L' année 1818 fut pour la plupart des glaciers de nos Alpes l' époque de leur plus grande avance durant le XIXe siècle. C' est particulièrement vrai pour le glacier de Rosenlaui, le glacier supérieur de Grindelwald et la Mer de glace. Le glacier inférieur de Grindelwald ( 1856 ), le glacier de l' Unteraar ( 1871 ) et le grand glacier d' Aletsch ( 1846 ) ont, en revanche, vécu leur plus grande avance au milieu du siècle ou durant sa seconde moitié.
55 Charpentier 1841: 302/303, note 1:
« Je me suis assuré de ce fait en mesurant, en 1822, la distance depuis la moraine déposée en 1818 jusqu' à la ligne où s' était trouvé le pied du glacier à la fin de 1817, ligne qui m' avait été indiquée par les gens qui, pendant ces années, habitaient une petite cabane située près du glacier, se livrant à la fabrication de l' eau de vie de gentiane. Cette mesure était également d' accord avec les renseignements que j' ai obtenus là-dessus de diverses personnes d' Obergesteln... En 1818, comme nous l' avons déjà fait connaître, les glaciers avaient pris un accroissement auquel il n' étaient pas parvenus de mémoire d' homme, et qui avait porté la crainte et même l' épouvante dans les villages voisins ».
56 Cette datation a pu se faire grâce à une autre aquarelle de Triner ( RO 34.2 ) qui nous présente une vue très semblable du glacier du Rhône. Signée et datée au bas: « H. Triner fils 1822 », cette œuvre se trouvait sur le marché de la peinture au mois de juillet 1976 ( Pullitzer Gallery, Madame Meyer-Haudenschild ).
57 Lobe partant de la cascade de glace, située au nord-est de l' échine rocheuse du Saasbach. Carte nationale: env. 671.750-850/158.300-350. Altitude d' à peu près 1910-1940 mètres.
58 Le glacier du Rhône le 22 septembre 1826, d' après Ignaz VENETZ 1833: 31/32:
« Le 22 Sept. 1826, nous avons visité ce glacier. Voici les distances mesurées au pas, que nous avons trouvées entre les anciennes moraines et le glacier: La moraine la plus éloignée du glacier s' adosse contre un rocher, formant un monticule, sur lequel sont construits les chalets de la montagne. Elle présente une grande largeur sur une hauteur d' environ vingt-deux pieds. Du bord intérieur de cette première enceinte, jusqu' au milieu d' une seconde, nous avons trouvé une distance de trente pieds. De celle-ci à une autre, presque imperceptible, quarante-cinq; delà à une plus grande, quatre-vingt-dix; de cette quatrième à une suivante qui a environ dix-huit pieds de hauteur, deux cent quarante-trois pieds. Tout près de celle-ci, on en rencontre une petite, que nous avons comprise dans la distance de la suivante, qui a cinq pieds de haut, et se trouve à deux cent quarante pieds de la grande. Sur la droite de la vallée, cette moraine se divise en trois ou quatre jusque vers le milieu. De cette moraine à une autre, de quatre pieds de hauteur, quatre-vingt-dix pieds. Celle-ci forme une suite de moraines entassées irrégulièrement les unes contre les autres, sur une longueur de trois cent soixante pieds, s' élevant presque insensiblement à la hauteur de vingt pieds et plus. Cet assemblage d' une quantité de moraines décrit un arc et le réunit, sur la droite, à la dernière, sans atteindre le pied de la montagne. Ici le Rhône s' échappe du glacier, en traversant la dernière enceinte que celui-ci a formée; puis il suit la précédente jusqu' au milieu de la plaine où il la coupe comme toutes les autres.
Depuis l' endroit où le Rhône traverse cet amas de moraines, jusqu' à la plus récente, la distance est de trois cents pieds. Sur la gauche du centre du glacier, celle-ci laisse entrevoir qu' elle en avoit couvert une plus ancienne, puisqu' on y voit encore le gazon.
Ce jour-là, la glace étoit à dix pieds de la dernière moraine. Sur la gauche du Rhône, par contre, cette distance est de quelque quatre cents pieds. Cette circonstance, nous l' at aux variations qu' éprouve le Rhône à la sortie du glacier, et que les cailloux, qu' il entraîne dans sa course, jettent tantôt d' un côté, tantôt de l' autre, en sapant le glacier par sa base et en le détruisant dans une proportion plus forte sur cette place qui n' offroit pas les mêmes avantages, lorsque le glacier étoit plus grand. Par ce que nous venons de dire, il résulte: I ) que, le 22 septembre 1826, l' extrémité inférieure du gla- Tableau comparatif des différents vallums des moraines 1777-1988 Besson 1777 Birmann 1824 Venetz 1826 Rey 1834 Buhlmann 1835 Hogard 1848 Martens 1856 Dufoui/Furel IB/G Mercanlun 1916 Zumbùhl/ Holzhauser 1988 XIVe hi 1' s C/D 1 1 1 1 ( 1 ) 1 ( 1602 ) 2 3 2 XVIIe ", XVIIIe E 4 3 2 2 5 l 4 2 L ( 1818 ) XVIIcVXVIIIe F 3 6,, 5 01856G7 r Glace ?t ( 8 5 947 cier étoit à mille quatre cent huit pieds de la première moraine reconnaissable, que l'on rencontre en montant.
2 ) Qu' à cette époque il y avoit neuf moraines très distinctes.
3 ) Que plusieurs de ces enceintes ont été formées à différentes reprises, c'est-à-dire qu' après avoir diminué pendant quelque temps le glacier est quelquefois venu augmenter des moraines qu' il avoit formées ci-devant.
4 ) Que les distances d' une moraine à l' autre sont inégales, ainsi que leur grandeur respective prouve que les époques auxquelles leur formation fut séparée, se trouvent inégales, de même que le degré du refroidissement » ( sic !). Mercanton ( 1916: 45 ) ne cite que la page 31 de Venetz 1833; la poursuite de la description dans la note sur la page 32 lui a probablement échappé.
Ouvrages parlant de Venetz: Mariétan 1959: 1-51; Balmer 1970: 138-168 ( avec un résumé de la littérature consacrée à Venetz ). Escher 1978: 222-233.
Dans ces trois ouvrages, l' importance de Venetz en tant que cofondateur de la théorie des glaciations est soulignée avec plus ou moins d' intensité.
59 Voir le tableau comparatif, p. 203; Birmann, carte 5, vallums IV; Venetz, carte 4, vallums 1-9.
so Mercanton 1916: Plan n° 5 ( ro 93 ). « Les oscillations du Front du G/acier d' après les relevés mensuels 1887-1910 ». On voit ici ces petites poussées se produire particulièrement bien au mois de mai, sans toutefois créer de moraines annuelles ( surtout lorsque le glacier est dans une phase de recul prolongé ).
61 La somme des différentes distances mesurées du vallum 1 au front de la glace en passant par le vallum 9 donne 1048 pieds. Mais la valeur totale est pourtant plus grande que la somme des parties, puisque Venetz ( 1833: 52 ) nous donne la distance de 1408 mètres. Peut-on expliquer cette différence de taille par une erreur d' écriture?
62 Dans le texte de Venetz, l' affirmation suivante est peu claire: « Ce jour-là, la glace était à dix pieds de la dernière moraine. Sur la gauche du Rhône, par contre, cette distance est de quelques cents pieds » ( sicVenetz 1833:32 ).
La première distance est très certainement celle qui sépare le vallum 9 ( vallum V chez Birmann ) du front de la glace.
Quant à la deuxième distance de « quelques cents pieds », entre la moraine et le glacier, que nous donne Venetz, on peut se demander s' il ne s' agit pas ici de la moraine latérale, et non terminale. Grâce à l' aquarelle de Birmann ( ro 36* p. 200 ), nous pouvons en effet exclure l' hypothèse d' un front du glacier qui aurait formé deux pointes distinctes, situation que nous pouvons, par exemple, observer pour les années 1874-1893 sur les plans de Mercanton 1916 ( N°4, RO 92, la langue du glacier de 1874 à 1913, à l' échelle 1:5000 ).
63 Madame le Dr C. M. Schubiger-Bossard m' a aimablement communiqué les renseignements suivants en date du 12 janvier 1988: Le vallum « 1818 » ( F ) présente dans le profil de son sol une couche qui avait commencé à brunir. Celleci manque sur la moraine de 1856, où l'on trouve une couche d' humus brut. La datation du vallum F au XVIIIe siècle pourrait expliquer ces différences.
64 C' est grâce à Madame le Dr Yvonne Boerlin-Brod-beck que ces vingt panoramas de grande qualité topographique ont pu être tirés de l' oubli où ils étaient tombés. A une exception près, ils se trouvent tous au cabinet des estampes du Kunstmuseum de Bâle ( Boerlin-Brodbeck 1985:307-314 ).
On trouvera des représentations de glaciers principalement sur les panoramas suivants ( la liste n' est pas exhaustive ):
9: Titlis, 2 août 1819 ( deux parties ) 12: Faulhorn, 5/6 août 1820 ( Brünig-Sulegg ) 13: Schilthorn, 12 septembre 1822 ( Hogant-Rottal ) 14: a/b/c Brévent, 1823 ( Mont Buet—Massif du Mont Blanc ) 19: Sidelhorn, août 1824 ( Rappenhorn-Mutthorn ) 20: Eggishorn, 18 août 1824 ( Baltschiedertal-Galenstock ) 65 Rey, au sujet du glacier du Rhône en juin 1834: « J' ai demandé des renseignemens aux hommes éclairés du pays,... J' en suis redevable à l' extrême complaisance de M. Taffiner, officier supérieur suisse au service de France avant 1830, et qui demeure à une demi-journée du glacier. D' après toutes les informations prises,... soit par moi-même auprès de l' aubergiste du glacier,... l' effet des dernières chaleurs sur le glacier du Rhône, il résulte ces faits: 1 ° La pointe que le glacier avait poussée depuis trois ans se trouve entièrement fondue, et en outre, on remarque sur ce point que le glacier s' est retiré de dix pieds.
2° Le glacier a éprouvé sur tous les points une diminution plus ou moins forte suivant l' épaisseur de la masse, et principalement du côté de la Fourche ou du Galenstock, où il a reculé de neuf à trente pieds. Des parties qui, de mémoire d' homme, ont été toujours couvertes de neiges, se trouvent aujourd'hui entièrement dégarnies. 3° Sur le côté gauche, passage de la Grimsel, ou Sassberg, le glacier s' est retiré de six à huit pieds. 4° Ces changemens intéressons pour les voyageurs ne sont pas les seuls qu' ils pourront observer l' été prochain. Le plateau même du glacier en offre de non moins frap-pans. Il s' y est manifesté des crevasses d' une profondeur et d' une largeur qui surpassent toute idée, et qui rendent aux chasseurs les plus hardis le passage impraticable. Les neiges qui couvraient le glacier et qui comblaient ces crevasses sont, presque sur tous les points, totalement fondues » ( sic Rey, 1835: 26/27 ).
66 Les arbres dont parle REY ( 1835: 25 ) n' apparaissent pas sur l' esquisse de Bühlmann. Comme Mercanton ( 1916: 45 ) le remarquait déjà, Rey est le seul à signaler de tels « grands arbres ». Il est possible que Rey ait en fait parlé des moraines latérales. L' interprétation de son texte reste donc ouverte.
67 Voir le tableau comparatif ci-contre ( p. 308 ).
68 Rey s' est intéressé de façon approfondie au portail et à l' évacuation des eaux du glacier: « Je n' eus donc de repos que je ne fusse allé à la voûte de glace d' où je savais qu' il s' échappait. Mais malheureusement je ne pus pénétrer dessous. Le Rhône en sortait à pleins bords avec un fracas assourdissant et nul espace, sur l' une ou l' autre rive, n' existait, à la faveur duquel j' aurais pu me glisser dans l' antre... Malgré la hauteur de l' arcade, que j' esti être de 50 pieds, malgré l' éclat que le soleil répandait sur toute la nature, le jour n' éclairait pas suffisamment le fond de cet admirable péristile ( sic !), et pour surcroît de contrariété un coude que le fleuve faisait dans l' antre même, s' opposait à ce que l' œil y plongeât bien avant ...Il n' y a pas longtemps encore que le Rhône sortait du centre de la base du glacier; maintenant c' est de sa droite descendante et par conséquent de la gauche du spectateur qui le voit du bas et en face. Toutefois il y a une seconde issue un peu à droite, mais qui est comparativement fort petite ». ( Rey 1835: 18 ).
« L' arcade de glace actuelle est donc nouvelle: mais bien qu' elle change de forme chaque année, et même plusieurs fois au cours d' un été, présente en tout temps un égal et surprenant désordre ». ( Rey 1935: 19 ).
69 Au sujet de Thomas Fearnley, on consultera le Catalogue de l' exposition Dahls Dresden ( Dresde et Dahl ) présentée à la Nasjonalgalleriet d' Oslo du 11 octobre au 7 décembre 1980. Rédaction du catalogue: M. Malmanger, pp. 95-100.
70 L' existence de plusieurs versions presque identiques d' une même vue est caractéristique de l' oeuvre d' Aloïs Schmid; cf. par exemple ses six représentations du glacier inférieur de Grindelwald ( Zumbühl 1980: 104, tableau 3 ).
71 Au sujet d' Eduard Desor ( 1811-1882 ), on consultera: Kasser, 1986: 192.
72 HOGARD ( 1854: 21 ) remarque avec raison que, chez Besson, l' image et le texte se contredisent. En effet, sur la gravure RO 09.1 ( p. 179 ), le glacier du Rhône bute sur la première moraine, ce qui n' était pourtant pas le cas à l' époque. Dans le texte, cette fausse impression se voit corrigée par les distances que nous donne Besson: « La présence de ces arbres et les observations de de Saussure, faites en 1775, prouvent que, deux ans plus tard, le dessinateur Besson ne pouvait voir le glacier appuyé contre la première enceinte à la pointe du massif de roches, comme il l' a figuré dans la planche que nous venons de citer, et qui évidemment rend d' une manière inexacte l' état des lieux à cette époque. Cette erreur est d' ailleurs relevée par Besson lui-même; ainsi il rapporte qu' en cette même année 1777, il a observé au bas du glacier du Rhône trois enceintes, dont la seconde était à 66 mètres de l' extrémité de la moraine alors en voie de formation, la troisième à 165 mètres et la quatrième à 234 mètres: distances assez exactement conformes avec celles que nous avons notées en relevant le plan du front du glacier le 26 août 1848 ». ( HOGARD 1854: 21 ).
73 Sur la gauche de la vallée ( orographiquement parlant ), Anselmier ( ro 63*. p. 221 ) dessina trois vallums dans le terrain situé juste sous le front du glacier. L' un d' entre eux ( a. ou b. ) doit certainement correspondre à la moraine F, puisqu' il se distingue nettement des autres par sa taille. Ces trois formations se situent de la façon suivante:
a ) Parallèle au front, ce vallum est proche de la moraine F et nous donne une distance de 80 mètres environ. La distance effective entre F et G ( 1856 ) est de 125 mètres.
b ) La moraine suivante en direction de Gletsch. Elle se trouve contre - et partiellement sur - le flanc gauche de la vallée. Si elle correspond à F, on obtient une distance de 230 mètres jusqu' au front, ce qui pour l' époque est beaucoup trop grand.
c ) La moraine marquant l' avance maximale du glacier est située à 300 mètres environ du front de l' époque. Cela signifierait donc que la langue aurait dû progresser encore de 35 mètres pour atteindre son maximum de 1856. C' est une valeur qui semble tout à fait réaliste, mais qui apparaît pourtant trop grande si l'on tient compte des documents RO 59* ( pp.214/215 ) et RO 62* ( p.217 ).
74 Carte nationale env. 671.775/158.275, à une altitude d' à peu près 1914 mètres, éventuellement 100-150 mètres plus à l' est.
75 Si l'on compare l' enneigement de l' arrière des photographies RO 64.T, RO 65* et RO 66.1* ( pp. 220, 221, 224 ), on se rend bien compte que les trois vues n' ont pas pu être prises le même jour.
RO 65* date certainement de 1856 et, au vu de l' étendue de la glace, on peut dire que RO 64.1 * a aussi été prise à peu près à cette époque. Quant à RO 64.1 ", on n' est pas du tout sûr de la date.
La « Cabane de Kohler », signalée sur le plan de Dufour/FOREL ( 1870 ), nous indique qu' à l' époque on pouvait aussi faire une promenade le long des flancs du glacier.
76 Sur l' histoire de la photographie stéréoscopique, on consultera Gernsheim 1983: 308. C' est en 1854 que fut fondée la London Stereoscopie Company. Deux ans plus tard, on utilisait ce procédé sur la terre entière et la Company en question disposait déjà d' une collection de plus de 10000 vues en relief représentant des monuments ou des paysages célèbres.
77 Les lecteurs intéressés par l' histoire des premiers temps de la photographie de montagne pourront consulter avec profit les ouvrages suivants: Guichon 1984: 18-25, Article de de Decker Heftler et Chevrier; Gernsheim 1983: 350-354; Constantini etZANNlER 1986: 17, 118, 119, 130, ainsi que Frey 1986.
78 Sur Viollet-le-Duc, on consultera les catalogues Centenaire de la mort à Lausanne de Viollet-le-Duc, 1979, et Viollet-le-Duc et le massif du Mont-Blanc, 1988.
79 Cette valeur de 755 m est basée sur Mercanton 1916: 56/57, plan N°11,ro 100; d' après Aellen 1986, 264-273, la valeur pour les années 1874-1900 n' était que de 571 mètres.
80 Au sujet de Félix Vallotton ( 1865-1925 ), on consultera Weber 1981:329, Koella 1970, Vallotton, M./Goerg 1972: 106 NI0 89.
81 Ces données récentes ainsi que celles concernant le XIXe siècle m' ont été aimablement communiquées, les 21 et 24 décembre 1987, par M. Markus Aellen, vaw-eth ( Laboratoire de recherches hydrauiques, hydrologiques et glaciologiques de l' Ecole polytechnique fédérale de Zurich ). Comme la courbe présentant l' évolution du glacier de 1760 à 1987 ( fig.4 ) que nous avons établie ne saurait être dépourvue d' erreurs et présente donc de nombreuses lacunes, l' auteur tient d' avance à exprimer sa reconnaissance à tous les amis de la montagne connaissant les glaciers et aux les collectionneurs d' art intéressés à l' histoire des Alpes qui pourraient lui faire part de leurs rectifications ou de leurs compléments d' information.
82 Marquée par une lutte constante pour son financement, l' histoire mouvementée de cette campagne de mesures sur le glacier du Rhône qui, de 1874 à 1915, dura une quarantaine d' années est documentée dans ses moindres détails par cinq auteurs:
- L. Rütimeyer dans son introduction de 1894: Début et histoire des mesures sur le glacier du Rhône, dans Mercanton 1916: 1-16.
A. Heim dans sa préface de 1916 dans Mercanton 1916: 17-23, bibliographie p. 18.
- L. Held: Les travaux de mesure, dans Mercanton 1916: 24-36.
- M. Aellen: Les changements survenus sur les glaciers à l' époque moderne, dans: Die Schweiz und ihre Gletscher ( La Suisse et ses glaciers ) 1981: 72-77.
- P. Kasser: Notes sur l' histoire du Collège des glaciers du cas et de la shsn de 1869 à 1893 et de la Commission des glaciers de la shsn de 1893 à 1984, dans: Die Gletscher der Schweizer Alpen ( Les glaciers des Alpes suisses ) 1977/78 et 1978/79. Numéro 99 ( spécial jubilé ) et rapport N° 100 ( Bulletin glaciologique annuel de la Commission des glaciers, 1986 ): 181-238. Au sujet du glacier du Rhône, on consultera surtout le chapitre 6 B. 14, avec un tableau présentant révolution du Collège des glaciers de 1869 à 1893, pp. 199-200; chapitre 6 B. 15, tableaux de l' évolution de la Commission des glaciers de 1893 à 1983, p. 201; chapitre 6 B. 19.6a, le glacier du Rhône de 1893 à 1980/81, pp. 212/213; chapitre 6, B. 13, les membres de la Commission de 1869 à 1984, pp. 192-198; ill. 26, le Collège des glaciers cas/Shsn de 1869 à 1893 et la Commission des glaciers de la shsn de 1893 à 1984. Supplément du Glaziologisches Jahrbuch ( Bulletin glaciologique annuel ) de 1986.
83 La publication des principaux résultats de Rhonex/ Prof. Dr Ohmura, 7 octobre 1987 ). On trouvera d' autres renseignements sur le glacier et ses environs ainsi que sur le projet Rhonex/Alpex ( 1979-1984 ) dans les ouvrages suivants:
-Wick 1980, 44 p. ( surtout Muller dans Wick 1980: 3/4 ). Le projet est ici présenté dans toute son ampleur.
- Funk 1985, 183 p.
- Ohmura dans Rhonegletscher Sng 1987: 65-87.
84 J' aimerais exprimer ici ma reconnaissance au Dr M. Gamper, privat-docent, pour l' aide appréciable qu' il m' a fournie dans l' interprétation des données de l' analyse au carbone 14 des sols fossiles.
85 La phase de froid, appelée « Période froide M de Göschenen », dont l' existence a été prouvée par Zoller ( 1966: 160 ) au moyen de l' analyse de pollens, débuta à la fin de l' époque romaine, soit environ 350 après J.C. pour durer au moins jusqu' à 750 après J.C. ( Zoller 1977: 272 ).
Les avances des glaciers à l' époque romaine, soit vers 1600/1500 yBP ( 350/450 après J.C ), avances dont l' exis a été démontrée à plusieurs reprises, doivent être considérées comme des conséquences de cette variation du climat. ( Voir Schneebeli 1976: 42-44; Röthlisberger F. 1976: 62-89; BLESS 1984: 26-33, Wetter 1987: 133-147 ). C' est aussi à cette époque, soit vers 1550100 yBP, qu' est survenue la crue du grand glacier d' Aletsch ( voir p. 161 et Holzhauser 1984a: 211-227 ).
86 En ce qui concerne des crues glaciaires autour de 600 yBP ( XIVe siècle ), nous disposons pour l' instant de données sur les Alpes suisses ( Schneebeli 1976: 48; Bir-CHER 1982: 73/74; Holzhauser 1984: 245-249 ) et sur la région du Mont Blanc ( Aeschlimann 1983:49-51 ).
La preuve de l' existence de crues glaciaires au XIVe est importante parce que l'on pensait, jusqu' à présent, que les glaciers avaient toujours été plus courts au Moyen Age que durant le Petit âge glaciaire qui vint ensuite. Au XIVe siècle, nous nous approchons aussi de l' époque à laquelle on commença à noter de façon isolée les variations du climat. Cela nous permet donc d' interpréter du point de vue climatique cette phase de crue de la fin du Moyen Age, même si une telle interprétation n' est pas encore vraiment satisfaisante.
Cette période d' avance des glaciers correspond d' autre part, de façon très intéressante, avec un mouvement d' émigration des Walser ( occupation de régions grisonnes et tyroliennes, de portions de la vallée du Rhin et du Vorarlberg ainsi que de quelques vallées de l' Oberland saint-gallois aux XIIIe et XIVe siècles; Zinsli 1976: 19, Imesch 1977: 11 ).
87 L' analyse au carbone 14 a donné les âges suivants: Substance organique résiduelle:
387075yBP(uz-825 ) Acide humique:
386080yBP(uz-826 ) 88 Ces dates se réfèrent aux phases de crue du glacier inférieur de Grindelwald qui n' a en fait pu égaler en ampleur les poussées de 1600 et du milieu du XIXe siècle qu' en 1640 ( Zumbühl 1980 ). On trouve aussi des crues en 1740 et 1780 dans la région du Mont Blanc, sur la Merde Glace ( glacier des Bois ) et sur le glacier des Bossons ( Wetter 1987: 192-196,217 ).
Deux fouilles creusées sur les vallums E et F, sur le Gletschboden, ont certes permis de mettre à jour des sols fossiles assez minces, mais, dans l' un des cas ( vallum E, RO A 5 ), la quantité de matériel nécessaire à une radiodata- tion n' a pas pu être prélevée, tandis que sur le vallum F ( RO A 6 ), l'on a manifestement atteint les limites de la méthode au carbone 14: l' analyse du sol enseveli sous le vallum F a en effet donné un âge moderne.
Radiodatation au carbone 14 du sol enfoui sous le val- lum F:
Substance organique résiduelle:
moderne ( uz-1035 ) Acide humique:
moderne ( uz-1036 ) Glacier de Rosenlaui 1 Gletscherinventar ( Inventaire des glaciers ) 1976 ou Muller et al.: 68 A 54 J. Date de la photo aérienne: 13.9.1973.
2 Le glacier de Rosenlaui n' est malheureusement pas mentionné chez:
1577/78 T. Schoepf; 1606/1620 H.R. ( et V. ) Rebmann; 1642 M. Merian; 1706-1708 J.J. Scheuchzer.
3 Wyttenbach Mss. h. h. XX 9 ( W ) 811 ( D ) C 51.
4 La date de la peinture à l' huile RL 04* p. 240 de C. Wolf se déduit de ses voyages dans les Alpes, cf. Raeber 1979: 133/134; Boerlin-Brodbeck 1980: 6/7; ainsi que le chapitre Glacier du Rhône, note 26 p.305. Wolf est probablement venu trois fois au glacier de Rosenlaui: probablement en 1774 ( lors de son premier voyage dans l' Oberland bernois ), en 1776 et 1777 ( avec J. S. Wyttenbach ).
Vu le changement dans l' état du glacier, l' année 1777 n' en pas en considération pour RL 04* p. 240. Malheureusement, nous n' apprenons que ceci de Wa-gner/Wyttenbach, 1779: 30 n° 36: « ce glacier... prend son origine dans les hauteurs derrière le Wetterhorn », mais aucune autre information sur le glacier.
5 Sur les différentes éditions des Vues Remarquables de 1776/77, 1780-1782, 1785 et 1789, cf. Raeber 1979: 341-344; Zumbühl 1980: 94/95 note 41; Boerlin-Brodbeck 1980: 54/55, où est décrit le savant procédé d' impression en creux en plusieurs couleurs de J. F. Janinet ( 1752-1814 ), qui reproduisait l' image à la perfection: « Janinet imprime pour chaque planche au moins quatre plaques gravées à l' eau selon le procédé de l' aquatinte connu depuis 1768, avec chaque fois une des couleurs fondamentales ( bleu-jaune-rouge-noir ) et superposées très exactement ». En dernier lieu, la plaque noire portant les contours sombres et les ombres était imprimée par-dessus les plaques de couleur. « Cette plaque noire était du reste très souvent non seulement gravée selon le procédé de l' aquatinte ou le procédé de gravure normale, mais encore travaillée à la roulette et la roue barbelée à la « façon aquarella », inventée par J. Gautier-Dagoty ( 1717-1785 ) ».
En 1785 parut la deuxième édition des Vues Remarquables chez le libraire Yntema à Amsterdam. C. M. Descourtis ( 1735-1820 ) en réalisa les nouvelles planches en couleurs également selon le procédé mixte de Janinet, mais avec un grain d' aquatinte plus grossier et de la peinture plus épaisse, l' impression étant moins soignée que dans la première édition.
8 Boerlin-Brodbeck 1980: 55.
7 Raeber 1979: 103 note 235. Le Dr W. Raeber m' a communiqué, le 10 août 1971, que Rosenberg avait peut-être eu pour modèle un tableau de Wolf. C. Wyss apporte la preuve que des tableaux de Wolf ont servi de modèle à d' autres artistes ( sans qu' ils fassent mention de Wolf ) à propos du glacier du Rhône ( cf. p. 186 ), mais aussi pour le glacier inférieur de Grindelwald ( cf. Zumbühl 1980: K 25; 30, 138, 211 ). Sur la relation Wolf-Rosenberg, cf. aussi Zumbühl 1980: K 20. 1; 28, 95 note 42, 136,208.
8 Le point de repère qui permet de déterminer l' état du glacier est le ravin qui court du SW au NE, du Wellhorn à la Sattelspitze ( qui fait partie des Engelhörner CN 656.225/ 169.960, altitude 2337 m ). La distance entre l' extrémité du glacier et le ravin est de 2-4 mm à l' échelle 1:110000-120000, c'est-à-dire environ 330-450 mètres.
9 Les esquisses des deux gravures au trait aquarellées représentant le glacier de Grindelwald ne sont pas antérieures au voyage en Suisse de Biedermann de l' été 1808. Cf. Hunziker 1936:19; Keller 1947: 28; Zumbuehl 1980: K46;39, 143, 192 et K 430.1/2, 67, 166,260.
10 Le point de vue de J.J. Biedermann est le point CN 655.250/169.575, à environ 1510 mètres d' altitude, Dossenhorn 3138.2 Az 1989, zone des névés du glacier de Rosenlaui direction SSW Az 219g.
11 Sur la géologie, cf. Mueller 1938: 13 fig.3, PI. III Geologischer Atlas der Schweiz 1:25000, feuille 396, Grindelwald, 1938.
12 Escher Von Der Linth dès 1809/1810, 8: 26 53.
13 Point de vue de S. Birmann pour RL 19* p. 250 = pont de bois, CN 655.140/169.640, altitude 1485 m.
14 Zumbuehl 1980: K 75.1/75.2, K 76; 46/47, 147/148, 195, 230/231.
15 CN environ 655.230/169.550.
18 G. Steffan ( 1815-1905 ) né à Wädenswil et mort à Munich. Les sujets et la composition artistique de Steffan et de Calarne ont une grande parenté; cf. Zelger 1977: 329.
17 Le dessinateur et peintre paysagiste autrichien de renom Thomas Ender ( 1793-1875 ) dont on a de nombreuses représentations de glaciers des Alpes orientales, voyagea aussi en Suisse en 1854. On connaît par le catalogue de la succession et des ventes aux enchères plus tardives, cinq titres de vues de la région de Rosenlaui, mais on n' a pas pu les retrouver jusqu' à aujourd'hui. Il s' agit de « Glacier de Rosenlaui » catalogue succession 1876, 400-401; « L' alpe de Rosenlaui avec le Wellhorn » cat. 1876, 403; « Vallée de Rosenlaui avec les Engelhörner » cat. 1876, 402; « Vallée de Rosenlaui avec les Engelhörner et le Wellhorn » W 267 cat. 1921, 27; « L' alpe de Rosenlaui, à l' arrière le Wellhorn », W 275 cat. 1923, 182; Koschatzky 1982: 154,214.
18 Le Dr B. Weber ZBZ m' a aimablement signalé le tableau de Brett le 12 février 1975. Lit ., cf. Luke 1967: 21 et pi. XLIX; Bendiner 1984: 241-248 et documentation à la Tate Gallery de Londres ( 14 avril 1975 ).
19 Ce qui a poussé Brett à peindre des paysages des Alpes en 1856, et entre autres le glacier de Rosenlaui, son œuvre la plus importante, c' est d' abord son intérêt scientifique, ensuite la lecture de l' ouvrage de J. Ruskin « Modem Painters », dont le tome IV, publié en 1856, parle davantage de sciences de la terre que d' art, et enfin son admiration pour le plus grand peintre paysagiste anglais du XIXe siècle, J. W. Turner.
20 Critique du tableau de Brett représentant le glacier de Rosenlaui in Athenaeum du 19 novembre 1859 ( n° 5643 ).
21 Le manque de précision d' Anselmier se voit, par exemple, à son erreur de localisation du Gstellihorn ( dans les Engelhörner du nord; on l' a corrigée par la suite ).
22 II est prévu de procéder à de nouvelles mesures de cette langue dès 1988. C' est M. Markus Aellen vaw/ethz qui me l' a aimablement communiqué, le 24 décembre 1987, en même temps que les données les plus récentes sur le glacier de Rosenlaui.
23 Deux gouaches qui forment un ensemble ( rl 17.1/2 ) avec les cimes du Dossen, Well- et Wetterhorn sont empreintes d' une atmosphère toute romantique grâce au bleu intense du ciel, à des nuages ronds diaphanes et aux rayons du soleil couchant éclairant les derniers névés du Grand Wellhorn et du Wetterhorn. Le glacier de Rosenlaui se trouve déjà dans l' ombre des Wellhorner, c' est une puissante cascade de glace, topographiquement peu précise, qui descend beaucoup trop bas. Ces gouaches sont attribuées à Gabriel Lory fils ( mais les couleurs appuyées, d' un effet presque doucereux, peuvent aussi faire penser à l' école de Bleuler ). Elles remontent probablement aux premières décennies du XIXe siècle et montrent le glacier dans sa plus grande extension de ce siècle.
24 Sur l' œuvre de E. F. Oehme ( 1797-1855 ), à la charnière du romantisme et du réalisme ( Oehme ayant été élève de J. C. Dahl et de C. D. Friedrich et influencé plus tard par J. A. Koch ), cf. surtout Neidhardt 1985 a: 1-15, Neidhardt 1985b: 32-44; Glaesmer 1985: 12-26.
25 Sur F. Diday ( 1802-1877 ), cf. Schreiber-Favre 1942; FROMER-Imobersteg 1945: 127-157; Christoffel 1963: 87; ZELGER 1977: 147-149.
2(5 Sur A. Calarne ( 1810-1864 ), cf. Schreiber-Favre 1934, Fromer-Imobersteg 1945: 127-157; Christoffel 1963: 87/88; Zelger 1977: 121-136; Anker 1987.
27 « Bien qu' il s' agisse d' une étude. Calarne a exagéré la hauteur des rochers du Wetterhorn et du Mittelhorn » ( il s' agit plutôt du Wellhorn !). Cette critique de Anker ( 1987: 398 n° 458 ) sur rl 53* p. 265 n' est pas pertinente. Le sceptre de cristal du Wellhorn et du Wetterhorn est représenté de façon réaliste.
28 Calarne a repris de son maître Diday avant tout l' en et l' amour des paysages de la Suisse. Avec l' attribution de la croix de la Légion d' honneur aux deux artistes par le roi Louis-Philippe en 1842, leur rivalité s' étei. Par la suite, toutes les têtes couronnées et les nobles d' Europe réclamaient des tableaux de Calarne et de Diday ( cf. là-dessus Anker 1987: 217-226 ).
29 L' élève de Steff an Otto Fröhlicher ( 1840-1890 ) a réalisé une étude à l' huile inachevée ( rl 64 ) ainsi que 8 esquisses ( rl 65.1-65.45 ) du glacier de Rosenlaui avec Wellhorn et Wetterhorn. Une huile d' Anton Winterlin ( 1805-1894 ), datée de 1875 ( rl 51.2 ) appartient au style des petits maîtres; topographiquement, elle est très déformée. Cette vue du Dossen, Well- et Wetterhorn a eu pour modèle une esquisse à la plume ( rl 51.1 ) réalisée probablement dans les années 1840. Un petit coin du glacier de Rosenlaui y est représenté de façon tout à fait imprécise.
30 Voici une prise de position récente sur les vues, peintes par F. Hodler: iries chromos pour touristes de Hodler reflètent la vision du paysage antiquisante du maître et forment ainsi à l' intérieur de l' œuvre de notre peintre un groupe fermé de travaux qui devraient être traités dans le cadre d' une étude sur la production artistique de masse. Les vues de Hodler sont conservatrices, tant pour la technique de la peinture que pour la composition; on n' y décèle pas trace d' une nouveauté formelle (... ) C' est Barthélémy Menn, à Genève, qui ouvrira les yeux de Hodler à cette observation nuancée de la nature qui lui permettra enfin de gagner son indépendance ». ( Steiner 1978: 6, cité in BRÜSCHWEILER 1984: 70 ).
Aujourd'hui on connaît 48 tableaux de Hodler datant de 1870-1872. Deux de ces vues sont peintes ou copiées d' après Diday, 6 d' après Calarne et 5 d' après Sommer ( BRÜSCHWEILER 1984: 71, 89, 90 ).
31 BRÜSCHWEILER 1984: 90/91/101/102, cela représentait une suite de vues du Wetterhorn par Calame-Sommer-Hodler. Cependant, la lithographie du Wetterhorn, réalisée par Calarne en 1853, montre ce sommet à l' envers, de gauche à droite, vu de Rosenlaui et non de Grindelwald, si bien qu' on peut mettre ensemble les vues de Sommer et de Hodler, mais non celles de Calarne et des deux autres ( BRÜSCHWEILER 1984: 90 ill. 127 ).
ANKER non plus ne remarque pas que la lithographie est tournée de gauche à droite ( 1987: 384 cat. Nr.375 ).
32 Parmi les pionniers et les meilleurs représentants d' un art suisse original des affiches, on compte un alpiniste enthousiaste, Emile Cardinaux, qui très tôt fit partie du cercle des peintres paysagistes groupés autour de Hodler ( Baumgartner 1984:112/113 ).
Glacier de l' Unteraar 1 Gletscherinventar ( Inventaire des glaciers ) 1976 ou Muller et al: 66/67, A 54 G 11 ( 1973 ).
2 Pour des raisons de place, l' histoire du glacier de l' Un a dû être fortement raccourcie: aussi est-elle à prendre plutôt comme un rapport au sujet d' un travail en chantier. Il est prévu de publier ultérieurement une documentation complète ( avec encore des données au 14C et géomorphologiques, Holzhauser/Zumbühl en préparation ).
3 Traduction du texte latin avec l' aimable assistance du D' Laila Straume-Zimmermann.
4 La datation de 1719-1729 se fonde sur les éléments suivants: 1719 est l' année de la grande découverte de cristaux au Zinggenstock. Cappeler lui-même à ce propos: « Lorsque j' entendis qu' au Mont Grimsel un grand gisement de cristaux avait été découvert, je résolus d' entre dès que possible ce voyage ». ( Cappeler in Altmann 1751: 130 ). A partir de 1729, à l' âge de 44 ans, une affection oculaire l' oblige à recourir à l' aide d' un secrétaire ( de là aussi de nombreuses incertitudes dans le texte original ). On peut donc admettre que son voyage a eu lieu avant cette date. ( RÖSLl, dans une introduction aux festivités de la Société naturaliste de Lucerne, 1972 ).
5 Pour le cas c, cf. aussi HOGARD, Principaux Glaciers de la Suisse ( 1854: 11 ): « vers 1740... le glacier se termine en amont de ces grottes éloignées d' environ trois kilomètres du torrent de l' Ober ».
6 Pour cette découverte faite vers 1719 sur le versant nord-est du Vorderer Zinggenstock ( CN. 663.370/156.750, 2260 m ), cf. Stalder 1964: 271/272 et Stalder et al. ( Parker ) 1973:100.
7 Escher visite le glacier également le 11 août 1806 ( Escher 1806, 7: 69/70 143/144 ), et une fois encore le 3 août 1811. Malheureusement, il ne s' étend pas sur son comportement dans l' intervalle, et seule la modification de l' aspect du front est relevée. « La paroi de glace, si belle l' autre fois, était maintenant recouverte entièrement d' une énorme charge d' éboulis ». ( Escher 1809/1811, 8: 74 148 ).
8 II est difficile de calculer des distances exactes à partir d' indications de temps, toujours très subjectives. Un exemple à propos de la distance entre l' Hospice du Grimsel et le glacier d' Unteraar:
EBEL(1810: 165):1 heure.
Wyss ( 1817, 2: 752 ): 2 h jusqu' au pied du glacier.
Kasthofer ( 1822: 208 ): 1,5 h jusqu' au glacier.
9 Pour la biographie de F. J. Hugi, cf. Keller 1923: 229-356.
10 Hugi 1830 ( juillet 1829 ): 230: « Malgré la tempête de neige, l' ingénieur Walker et Peter Gschw/nd parcouraient le glacier en direction du Finsteraarhorn, plantaient des signaux et commençaient à mesurer une base, pendant que le reste de la troupe devait s' affairer à la construction ».
11 La carte « Le glacier d' Unteraar avec ses embranchements », annexée à Hugi 1830, est « tirée du grand plan détaillé »: il s' agit donc d' une réduction. A la bibliothèque centrale et au musée d' histoire naturelle de Soleure, où sont conservées certaines parties des archives de Hugi, malheureusement dispersées ( cf. Keller 1923: 350-357 ), le plan original n' a pu être retrouvé. ( Aimable communication de M. Rindlisbacher, Bibliothèque centrale de Soleure, le 17.2.1986 ).
12 Sur la vie et l' œuvre de Louis Agassiz, cf. Agassiz 1837, Agassiz 1841, Agassiz 1847, Desor 1847, Agassiz E.C. 1887, Gos 1928 ( pour la biographie, voir 135/136 ), Balmer 1974, Surdez 1974, Portmann 1975.
13 D' après DESOR ( 1847: 603/604 ), en 1844, « tous les glaciers de /'Oberland étaient touchés par l' avancée... ». A l' aide d' un bâton qu' on appuya contre un bloc rocheux de la moraine, on observa durant l' été 1844 le mouvement du glacier: « L' observation révéla que la progression du front ne se fait qu' extrêmement lentement. Le lecteur ne doit pas oublier que le mouvement de l' extrémité inférieure du glacier est la résultante de deux moments essentiels, à savoir la poussée en avant du glacier et, en sens opposé, la fonte de son front: (... ) du 18 août au 5 septembre, le glacier a progressé de 0,155 mètre, soit 0,009 mètre par jour environ; du 4 septembre au 4 novembre, la valeur ne fut plus que de 0,295 mètre, soit 0,005 mètre par jour ».
14 Hogard compare la carte de Cappeler in Altmann 1751: 162/163 ( au 02' p 271 ), réalisée vers 1740 ( en fait plutôt entre 1719 et 1729 ), et celles de Wild ( 1842, AU 38 "
pp. 282/283 ) et de Stengel ( 1846, AU 43 ), et en vient à la constatation « que depuis environ un siècle le glacier s' est avancé d' au moins huit cents mètres ou de huit mètres annuellement, chiffre correspondant assez exactement à l' empiétement constaté dans ces dernières années ». ( HOGARD 1854: 11 ).
15 Distance entre le front glaciaire et le « Chalet » de l' Unteraar ( visible sur la lithographie de Hogard AU 54* p. 291 ). Les chiffres de l' avancée sont les suivants: Côté N 44-50 m, ou 4,8-5,5 m/an.
Milieu 50-62,5 m, ou 4,8-5,5 m/an. Côté S 50-53 m, ou 5,5-5,8 m/an.
1(5 Sur D. Dollfus-Ausset cf. Gos 1928: 152.
17 En août 1861, le Prof. A. Michel de Mulhouse visite D. Dollfus-Ausset à son pavillon du glacier de l' Unteraar. A cette occasion, il note: « Le photographe ( Marmand, pho-tographe-opérateur de M.A. Braun à Dornach ) attendait avec impatience que le soleil traversât les nuages encore accrochés à la cime des montagnes; les objectifs, les verres, la tente, tout est prêt pour opérer. Vers 8 heures, son souhait est exaucé; le ciel se dégage complètement; le soleil brille au-dessus du Sidel-Horn et, sous la chaleur de ses rayons, le blanc manteau de la neige fraîchement tombée disparaît bientôt ». Cité dans Dollfus-Ausset 1864, 5(l ): 377. C' est alors qu' est réalisée la photographie AU 73 ( pour AU 72 aussi, on peut penser à août 1861 ).
18 Forel donne d' abord 1870, puis 1871 comme année du maximum d' extension du glacier de l' Unteraar: « Le 31 juillet 1870 le glacier refoulait la dernière moraine frontale; aucune moraine n' était visible entre cette moraine et l' hospice du Grimsel. En 1870, il était donc en état de progression extrême ». ( Forel 1881, 1: 44 ). Il est explicitement dit que le glacier est le dernier à avancer jusqu' en 1870, et à entamer son recul en 1871. Forel se corrige plus bas: « tes variations de longueur du glacier de l Aar, pour autant que nous le savons ( sic ), ont été les suivantes: Période d' allongement continue de 1840 à 1871. Période de raccourcissement lent, de 1872 à 1884 ». ( Forel 1884, 5: 300 ).
19 La critique de Fromer-Imobersteg ( 1945: 77 ) envers AU 06.2/3 n' est en rien pertinente; avant de porter un jugement, il faudrait avoir visité les lieux.
« Les blocs sont empilés avec la plus complète fantaisie; leur hauteur n' est pas du tout en rapport avec celle de la montagne qui derrière ». Au contraire, Wolf, sensible aux particularités, a représenté fidèlement une des pyramides détritiques existant ici en grand nombre.
20 « Là, j' ai constaté le fait le plus important que je connaisse maintenant, relativement à la marche des glaciers, c' est que la cabane construite par Hugi, en 1827, au pied du rocher appelé im Abschwung, est maintenant à quatre mille pieds plus bas. Malgré le peu d' inclinaison du glacier, elle a « marché » comme lui avec une rapidité étonnante et, chose remarquable, cette vitesse est allée en croissant, car, en 1831, la cabane n' était encore qu' à quelques cents pieds du rocher; en 1836, elle avait déjà parcouru une distance de près de deux mille pieds, et dans les trois dernières années, cette distance a encore été doublée ». Lettre de L. Agassiz à Sir Philip Egerton du 10 septembre 1839, citée dans AGASSIZ E. ( 1887: 226 ).
21 E. DESORcf. Gos 1928: 137.
22 C. Vogt cf. Gos 1928: 140/141.
23 Sur J. Bourckhardt cf. AGASSIZ E. 1887: 249/250: « M. Jacques Bourckhardt, ami personnel d' Agassiz et l' un de ses compagnons d' étude à Munich, l' accompagnait en qualité de dessinateur; il avait déjà travaillé pour lui à diverses reprises. (... ) Il suivit plus tard Agassiz en Amérique, s' établit chez lui et devint en quelque sorte l' un des mem- bres de sa famille; il l' accompagna dans tous ses voyages et, jusqu' à sa mort en 1867, il lui resta entièrement dévoué ».
2* Sur G. Castan cf. Zumbühl 1981: 60-65.
26 Sur l'«Hôtel des Neuchâtelois » ( situation: 2471 m CN 656/156 ) cf. Gos 1928 et Portmann 1975:133/134 note 43. Desor donne comme dimensions du bloc 41 x 30 x 19 pieds ( soit env. 12 x 9 x 5,7 m ), pour sa distance de l' Abschwung, nous avons deux valeurs en 1840: 797 m ( Agassiz 1840: 152 ), 792 m ( Desor 1847: 188 ). Desor décrit l' intérieur de Y « Hôtel » ( 1840 ) comme il suit ( p. 188 ): « L' entrée de la cabane était juste assez haute et large pour laisser passer un homme de la taille de notre ami Vogt. Un drap, suspendu à un bâton qu' on avait fixé en travers, servait de rideau ou de porte. Avant la chambre à coucher, il y avait la cuisine et la salle à manger, pareillement abritées par le toit du bloc, et sur le côté, sous un autre rocher, la cave où étaient conservées nos provisions ». Cf. aussi Desor 1847: 388-394; agrandissement de Y « Hôtel » en 1842/1843 ( Desor 1847: 389 ).
26 En 1838, Agassiz fonda son propre atelier de lithographie, dont il espérait une simplification, et aussi une meilleure exécution de ses publications. En Hercule Nicolet, il trouva un excellent lithographe qui maîtrisait également l' art de la chromolithographie, découvert récemment ( Agassiz E. 1887:215 ).
27 Quand Collomb parle de « l' été dernier », il pense probablement à l' été 1848, puisque la publication de ses observations date de 1849.
28 Sur la Carte nationale au 1:25000 ( Feuille 1250, édition 1981 ), le gisement AU Al est encore sous la glace.
29 L' âge des acides humiques prélevés en au Al et au A2, respectivement de 48075 yBP ( uz-985 ) et de 55075 yBP ( uz-983 ), plus élevé que celui des échantillons de bois, montre que la formation du sol a dû commencer déjà avant 480 yBP, resp. avant 550 yBP. On sait en effet que l' examen des acides humiques, eux-mêmes un mélange de substances de constitution plus ou moins ancienne ( datant du début ou de la fin de la formation du sol ), donne seulement un âge moyen ( cf. sur ce point Gam per, 1985 ). Dans notre cas, la formation du sol a dû commencer peu de temps après la progression de 1000/900 yBP ( cf. pp. 290/291 ), lorsque le glacier se mit à diminuer de nouveau. Jusqu' à la première avance moderne des XVIe et XVIIe siècles, qui est établie par la datation au 14 C des restes organiques et des échantillons de bois relevés sur les gisements au Al et au A2, il nous reste ainsi environ 400 ans pour le développement du sol ( cf. fig. 7 du dépliant ).
30 Pour les chiffres concernant l' extension du glacier, il ne s' agit, ici comme ailleurs, que d' ordres de grandeur approximatifs. L' estimation a été faite, en partant de la situation des gisements sur le terrain des avancées, au moyen de la courbe des variations de la langue ( cf. fig. 6 du dépliant ) et des cartes nationales ( feuille 1250, échelle 1:25000, éditions 1975 et 1981 ).
31 La datation de 193575 yBP ( uz-1043 ) de l' humus acide est également un âge moyen ( cf. note 29 ). La formation du sol a donc commencé nettement plus tôt. Il est même possible qu' elle ait commencé plusieurs milliers d' années avant 1935 yBP ( cf. Gamper 1985 ).
32 Au glacier de l' Unteraar, il faut prendre en compte que, après chaque extension, le lit du glacier s' est trouvé rehaussé, cela également à l' occasion des maximums modernes ( vf. Schneebeli 1976, RÖTHLISBERGER 1976 ). Une explication de la période extrêmement longue de formation du sol précédant l' extension médiévale de 950/1050 doit peut-être être recherchée dans cette accumulation progressive sur le terrain des avancées: le lit du glacier était autrefois beaucoup plus bas et, pendant les extensions du glacier, la surface de la glace, jusque vers 950/1050, n' at jamais le niveau du gisement au A3, bien que la progression ait été peut-être comparable en importance à celle d' autres glaciers des Alpes.