La garde aérienne suisse de sauvetage | Club Alpino Svizzero CAS
Sostieni il CAS Dona ora

La garde aérienne suisse de sauvetage

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Avec 2 illustrations ( 84, SSPar Alex Burger

Les novateurs dans notre pays n' ont souvent pas la vie facile. Notre peuple examine toujours avec une prudence et une réserve légendaires les idées originales qu' on lui présente. A l' étranger il n' en est pas de même. Ainsi les Anglais ont pour la marine et l' aviation un intérêt visible et profond; leurs constructeurs bénéficient de ce fait d' un véritable crédit moral et savent que dans leurs épreuves ils seront soutenus par un sentiment de fierté nationale largement répandu. N' est pas aussi l' enthousiasme populaire qui aida jadis tant d' in français à vaincre les préjugés? N' est pas le souci du bien-être général qui anima les clairvoyantes autorités communales de la Suède lorsqu' elles organisèrent, dès le début de 1947, un service d' hélicoptères chargés d' amener vers les hôpitaux les malades perdus dans de lointains villages?

Phénomène réconfortant, il existe pourtant chez nous une exception. Celui qui a lancé, il y a trois ans, l' idée d' une Garde aérienne de sauvetage, avait à redouter les critiques et l' accueil timide qui, trop souvent, freinent les élans audacieux. A peine fondée ( 27 avril 1952 ), la GASS se trouva jetée, par les forces déchaînées de la nature, en pleine action. Cette mise à l' épreuve immédiate, puis les progrès rapides de son organisation lui ont dès lors valu - à l' étranger peut-être encore plus vite qu' en Suisse - une juste célébrité.

Les Alpes ont leurs secrets Les pilotes étrangers habitués aux vastes plaines et aux aérodromes dégagés ont quelque peine à comprendre qu' en Suisse il existe des hommes qui non seulement évoluent à leur aise, mais encore atterrissent quotidiennement dans des vallées aussi étroites que tourmentées. Ces hommes ne sont pourtant pas des magiciens. Ils vivent simplement, comme tant de guides et d' alpinistes, en complète familiarité avec les montagnes et le ciel des Alpes. Du mieux qu' ils l' ont pu, ils ont assimilé le visage compliqué des milliers de sommets, de défilés et d' impasses qui couvrent la moitié de notre territoire. Surtout ils ont essayé de comprendre les humeurs changeantes des nuages et du vent. Car c' est bien là que réside l' énigme la plus grande.

Par temps pur, le franchissement des Alpes n' offre pas de difficultés majeures. Mais les remous, les cascades d' air et les violentes ascendances sont des forces fantasques qui guettent l' homme au passage d' un col, au revers d' une crête. De même le brouillard et la neige, masquant les débouchés et créant d' insidieuses murailles à l' intérieur des remparts de roc et de glace, ne se laissent approcher que par ceux qui savent mêler la prudence à l' audace. Il faut donc une réelle connaissance de la montagne pour commander et pour exécuter un sauvetage par la voie des airs.

La preuve est maintenant administrée que l' atterrissage d' hélicoptères et d' avions lents, le parachutage de vivres, de médecins et de médicaments sont les modes d' interven les plus rapides et les plus efficaces pour sauver les vies en danger. Mais en corollaire, il faut savoir que cette intervention ne peut être ordonnée que lorsque les circonstances météorologiques ne l' interdisent pas et que l' objectif à atteindre a été clairement défini. Il convient donc d' admettre d' emblée que, dans les opérations de sauvetage, l' avion joue le rôle d' un auxiliaire, jugement qui n' a rien de péjoratif, mais qui témoigne d' une vue claire des réalités. C' est bien ainsi que les dirigeants de la Garde aérienne l' ont compris.

L' auteur rappelle les actions de secours dans lesquelles l' avion et l' hélicoptère ont rendu d' inestimables services. Ce fut d' abord lors de la chute, en novembre 1946, d' un Dakota américain dans les Alpes. Sur la foi de renseignements erronés, on le rechercha d' abord dans les massifs du Dauphiné, jusqu' à ce que épave fut découverte sur le glacier de Gauli, à 200 km. du lieu présumé. La reconnaissance aérienne, le parachutage de vivres et le travail magnifique des Fieseler-Storch qui ramenèrent les douze passagers dans la vallée furent une réussite sensationnelle.

Lors des terribles avalanches des hivers 1950, 1951, 1952, nos avions militaires et civils larguèrent sur Zermatt et sur maints autres villages isolés des vivres, des médicaments, le courrier, etc.

Malgré les limites de son action, l' hélicoptère peut également apporter des secours précieux. Lors des avalanches dans le Tyrol, Hansueli Weber, pilotant un hélicoptère Hiller 360, mena à bien, le premier jour, 18 interventions et contribua à sauver de la mort, grâce aux guides et aux chiens d' avalanches qu' il déposa aux points précis où ils étaient utiles, une dizaine de blessés et d' hommes ensevelis ( voir également Les Alpes, mai 1954 ).

Formation de parachutistes Comment apporter sans délai sur les lieux d' une catastrophe le plus grand nombre de médecins, de sauveteurs, sinon en les parachutant? Dans ce domaine, tout était encore à créer et à expérimenter lorsque la Garde aérienne fut fondée. Un des premiers soucis des dirigeants fut d' assurer rapidement la formation de patrouilles sérieusement entraînées. Trois équipes ont déjà subi les rudes épreuves de la RAF à Abingdon. D' autres seront formées à l' Ecole de parachutistes de la GASS qui s' est ouverte le 20 décembre dernier à Kloten. Est-il au surplus besoin d' insister pour faire comprendre quelles exigences pose au sauteur la nécessité d' atterrir le plus près possible du but. Une erreur de quelques centaines de mètres se paiera en montagne, en raison des dénivellations et des obstacles, par des heures d' efforts et de retard.

Comment est organisée la GASS II faut dire, en deux mots, l' organisation de la Garde aérienne, ne serait-ce que pour montrer à quelle intelligente concentration des moyens elle participe. Elle est partie intégrante de la Société suisse de sauvetage, qui a déjà formé depuis 1933 dix mille sauveteurs des lacs et des rivières. Elle en est en quelque sorte le noyau. Elle s' y trouve en contact direct avec de nombreux autres membres collectifs tels que le Club Alpin Suisse, l' Aéroclub, Swissair, Air-Import, Alpar, Transair, Pilatus et bien d' autres.

Le Dr méd. Rud. Bucher de Zurich, président de la SSS ( un véritable pionnier, c' est lui qui préconisa et expérimenta en 1940, parmi les premiers, le parachutage de plasma sanguin, qui a sauvé déjà tant de vies humaines ), assure également la direction de la Garde aérienne, née essentiellement de son initiative.

Comment est garantie la liaison efficace avec les autres organisations? Une commission de la GASS, celle justement qui fut créée en avril 1952, comprend, sous la présidence du conseiller aux Etats Sydney de Coulon, les représentants de toutes les institutions intéressées; colonnes de secours de la Croix-Rouge, du Club Alpin, aviation militaire, Office fédéral de l' air, Office météorologique, Touring Club, etc.

Image d' un engagement de la GASS II faut veiller à ce que de vastes secours improvisés n' aboutissent pas à la confusion et à une mauvaise application des efforts. Aussi les dirigeants de la GASS cherchent-ils avant tout des solutions où la coordination et la promptitude de décision jouent un rôle primordial.

« Un secours immédiat est un double secours. » Ce principe, énoncé par le Dr Bucher, nous en trouvons une remarquable application dans l' action menée en Autriche. A minuit, le 12 janvier 1953, la centrale de la Garde entendait l' appel radiodiffusé par l' émetteur national autrichien. A l' aube, 14 sauveteurs ( dont 5 guides d' avalanches avec leurs chiens ), 2 hélicoptères, 1 DC 3 de Swissair, 5 parachutistes ( dont 2 médecins ) étaient prêts au vol avec les réserves de sang conservé à la Croix-Rouge et tout le matériel chirurgical. De son côté, et en liaison étroite, la direction des aérodromes militaires se chargeait du parachutage du matériel ( couvertures, vêtements, médicaments, etc. ). A midi, les opérations effectives commençaient, ce qui est vraiment un record, si l'on songe aux mauvaises conditions météorologiques.

Rappelons aussi que dans des actions isolées, à but bien défini, le délai d' intervention -ainsi que l' a montré maintes fois Hermann Geiger - peut être raccourci à l' extrême et ne durer qu' une heure ou deux.

Bien sûr, il existe de longue date dans certains pays, notamment aux Etats-Unis, des sociétés civiles de sauvetage munies des instruments les plus modernes. Mais on peut dire que la Garde aérienne suisse de sauvetage est une organisation vraiment originale, qu' elle s' est attaquée à la plus difficile des tâches, celle de la lutte contre les méfaits de la nature en haute montagne. Les réalisations qu' elle a déjà obtenues lui ont valu d' inspirer à l' étranger le désir de créer des entreprises semblables, en Espagne, en Autriche, en France et en Uruguay.

( Adapté de la revue Esso-Contact. )

Feedback