Au Weissmies
Par E. L. Budry.
« Le soleil levant nous a visités d' en haut. » Vous souvient-il, ami, du spectacle sublime Qu' en montant au Weissmies nous avons contemplé, Quand le soleil levant, illuminant les cimes, Fit paraître à nos yeux leur gloire et leur beauté.
Des chalets d' Almagel partis dans la nuit sombre, Une lanterne étant notre unique flambeau, Nous avions cheminé longtemps au sein de l' ombre, Qui nous semblait parfois noire comme un tombeau. Mais le jour approchait et l' aurore naissante Répandait dans le ciel de croissantes lueurs. Enfin voici le col, la halte bienfaisante, Quelques efforts encore, une dernière pente, Et nous allons cueillir le fruit de nos labeurs.
O saisissant tableau! De la haute terrasse L' Orient tout à coup se découvre à nos yeux; Sur l' immense horizon que notre vue embrasse, Tout revêt un aspect magnifique et joyeux. Tout resplendit: le ciel, les roches séculaires, Les neiges, les glaciers dans les lointains vallons.
Ce sont partout les flots d' une exquise lumière Où la pourpre et l' opale unissent leurs rayons. Et puis, c' est là tout près la cime souveraine, Le Mont Rose géant qui brille dans les cieux, Annonçant aux humains, tout là-bas dans la plaine, Qu' un nouveau jour se lève et qu' il est glorieux.
Dans ce rayonnement de joie et de lumière, 0h! comme elle était belle, aux splendeurs du matin, Cette Alpe auparavant triste, morne et sévère, Où dans l' ombre, avec peine, on cherchait son chemin!
C' est ainsi qu' à Noël, sur notre sombre terre, S' est levé le Soleil de justice et d' amour. Longtemps avait duré la nuit, et son mystère, L' ombre enfin se dissipe et l' horizon s' éclaire, C' est l' aube radieuse et bientôt le plein jour.