«Top Rock Challenge» à Crans-Montana
L' escalade de blocs se prête-t-elle à la compétition?
Ce n' est pas à des altitudes vertigineuses que se trouvent les voies d' escalade les plus folles. Les nombreux spectateurs du Concours international d' escala de blocs « Top Rock Challenge » de Crans-Montana, les 22 et 23 août derniers, ont pu le constater à plusieurs reprises. Au cours de cette manifestation co-organisée par le CAS, l' élite sportive internationale a impressionné par sa puissance, son dynamisme et sa créativité.
La proximité entre les athlètes et le public rend la compétition de blocs très attractive. Le public se réjouit des réussites des participants et s' attriste de leurs échecs. Frédéric Tusca ( F ) dans le dernier passage du 6e bloc.
Lors de compétitions classiques, la hauteur atteinte renseigne immédiatement le spectateur sur la position du grimpeur dans le classement. Il en est tout autrement au « Top Rock Challenge ». Dans ce genre de concours, plusieurs grimpeuses et grimpeurs s' attaquent simultanément à différentes épreuves. Il est donc impossible pour le public de savoir qui se trouve en tête ou qui a les meilleures chances de bouleverser le classement intermédiaire. C' est à la fin de l' épreuve seulement que le jury proclame les noms des vainqueurs et des perdants sur la base d' une estimation de la performance à chaque bloc.
L' attrait de la compétition d' escalade de blocs
Si la vision de plusieurs grimpeurs en action fait perdre le fil du classement, alors pourquoi cette compétition at-tire-t-elle autant de spectateurs? Et pourquoi les passants s' arrêtent, captivés au point qu' ils en oublient de repartir?
L' escalade de blocs est une forme ludique de la grimpe L' intérêt de cette sorte d' escalade pourrait résider dans son caractère ludique. Se déroulant toujours à hauteur modeste, elle permet tant aux participants qu' aux spectateurs de se concentrer exclusivement sur les mouvements. Ni les douleurs d' épui dans les avant-bras, ni les poussées d' adrénaline ne viennent perturber le caractère harmonieux et original de l' escalade de blocs, com- Photos: Bernard van Dierendonck Animation du CAS dans les rues de Crans-Montana: les jeunes du village se creusent la tête pour résoudre les problèmes qui leur sont posés me l' a d' ailleurs brillamment démontré le grimpeur suisse de compétition Elie Chevieux lors de sa tentative d' escalader le deuxième des six obstacles à franchir, au concours de Crans-Montana. D' une poussée dynamique, il vise et atteint une prise déversante placée au dessus du bord d' un toit. Il ramène ensuite prudemment les oieds et se trouve suspendu la tête en bas. Dans cette position inconfortable, il se balance avec habileté pour saisir, plus à gauche, deux autres prises auxquelles il s' accroche par les pieds. Puis il libère ses mains et pend à la manière d' une chauve-souris. En se balançant, il attrape finalement des deux mains la dernière prise que les concepteurs de l' épreu ont placée en dessous du rebord du toit. Le public applaudit à tout rompre, car le Suisse est le premier à vaincre ce passage crucial. Jacky Go-doffe, de Fontainebleau, spécialiste Escalade libre / Compétition Fougueux et concentré, le Français François Petit, détenteur du titre « Top Rock Challenge 97 » de Crans-Montana, ne parviendra cependant pas à renouveler son exploit ( 2e rang cette année ) français d' escalade de blocs et concepteur de cette épreuve, ajoute en guise de commentaire: « Les blocs doivent être pleins de surprises et provoquer l' étonnement du public. En outre, la force musculaire ne doit pas être seule décisive pour résoudre l' un ou l' autre de ces problèmes d' es, il faut que la recherche du mouvement adéquat ait aussi son importance ».
Le spectateur a le choix L' attrait qu' exerce le « Top Rock Challenge » s' explique peut-être aussi par le spectacle fascinant des trois installations rectangulaires distinctes, dont les quatre faces peuvent être gravies simultanément aux heures de pointe par six concurrents. On assiste, par exemple, à une démonstration particulièrement intéressante au bloc numéro deux des dames. D' un bond puissant, elles sautent toutes sur l' arête supérieure d' un surplomb concave. Toutes, sauf la Suissesse Iva Hartmann qui, préférant la statique à la dynamique, choisit une position de très forte extension et utilise une faible aspérité comme prise de pied intermédiaire, pour atteindre finalement l' arête. Mais, au mouvement suivant ( un redressement où l' équi et la mobilité sont décisifs ), elle atteint aussi ses limites de grimpeuse.
Contact étroit entre public et grimpeurs L' attrait particulier du concours de Crans-Montana s' explique par la grande proximité entre les spectateurs et les athlètes? Dans les compétitions d' escalade classique, les concurrents sont conduits l' un après l' autre des vestiaires au pied du mur de grimpe, puis, leur performance achevée, disparaissent aux yeux du public. Lors des concours d' escalade de blocs, au contraire, on peut observer les champions une heure durant. On s' enfièvre avec eux, on partage leurs joies et leurs contrariétés. Preuve en est la violente démonstration d' humeur du grimpeur français François Lombard lorsque, à la troisième tentative sur le cinquième bloc, il n' arrive plus à progresser. « Je ne comprends pas !», hurle-t-il avec désespoir. Au sixième essai, il frappe le rocher de colère. Pourtant l' agres ne résout rien, lorsque les forces sont épuisées.
Le Suisse Matthias Trottmann risque le tout pour le tout...
Engouement du public pour ces compétitions d' escalade de blocs
Intérêt grandissant au « Top Rock Challenge » Qu' il s' agisse de prises spectaculaires, de la variété du programme ou d' émotions fortes, l' escalade de blocs à Crans-Montana a conquis public et concurrents sans distinction. Les or-ganisateurs1 peuvent être fiers de ce succès. Ce genre de compétition a été organisée pour la première fois il y a deux ans seulement. A cette époque, le village français de Val d' Isère avait demandé à la FFME de mettre sur pied un concours de grimpe en posant les conditions suivantes: coût minimum et plein air. Thierry Olive précise à ce propos: « II m' a paru évident que seule une compétition d' escalade de blocs pouvait satisfaire à ces exigences. Alors que les murs artificiels coûtent rapidement des dizaines de 1 Thierry Olive, Fédération Française de la Montagne et de l' Escalade ( FFME ), Hanspeter Sigrist, CAS, Riccardo Zanoni, Crans-Montana.
2 International Council for Competition Climbing.
Le classement est secondaire, du moins pour le public. Stéphanie Bodet ( F ), 1er rang, Chloé Minoret ( F ), 2e, à gauche et Nataliya Perlova ( UKR ), 3e, à droite milliers de francs, les blocs sont rapidement montés et nécessitent un minimum de matériel et de d' œuvre.
Après la réussite du coup d' envoi de Val d' Isère, d' autres stations de montagne se sont intéressées à cette activité. C' est ainsi que, durant l' été de 1997, Olive a passé d' une station de montagne à l' autre en véhiculant ses blocs et son équipe de montage. Le' cirque'« Top Rock Challenge » était né!
Et il ne fait que grandir. Après les compétitions organisées cette année en France et dans les pays voisins, la Fédération internationale des compétitions ( ICC2 ) reprendra ce concept en 1999. Pour la première fois, elle créera une coupe d' escalade de blocs avec des compétitions en France, en Italie, en Suisse et en Autriche.
L' escalade de blocs est à la mode « En Suisse, l' escalade de blocs a dépassé le stade de simple discipline d' entraînement », commente Gaby Madiener Sigrist, responsable de l' es de compétition au CAS. Et Julien Stéphane surprend par une nette victoire comme la compétition d' escalade de blocs exige d' autres aptitudes que les compétitions classiques, le CAS envisage sérieusement la création d' une équipe dans cette spécialité. C' est la seule manière d' encourager les jeunes talents de façon adéquate et ciblée, avec l' objectif de les amener en tête du classement mondial.
Bernard van Dierendonck, Zurich ( trad. ) m Messieurs 1. Julien Stéphane, FRA 2. François Petit, FRA 3. Salavat Rakhmetov, RUS 13. Elie Chevieux, SUI 10 autres participants suisses se sont classés entre le 19e et le 37e rang Elie Chevieux réussit à franchir le spectaculaire bloc en toit Palmarès du « Top Rock Challenge » Dames 1. Stéphanie Bodet, FRA 2. Chloé Minoret, FRA 3. Nataliya Perlova, UKR 4. Iva Hartmann, SUI 8. Anna-Tina Schultz, SUI
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rêter ainsi immédiatement une descente trop rapide et non contrôlée. Les jours précédents, les moniteurs avaient analysé dans le détail et testé soigneusement cette technique, parvenant à la conclusion qu' elle était sûre.
Il n' y a toutefois pas eu de rappel. Le participant, ayant un peu peur du vide, se pencha par trois fois pour regarder vers le bas puis renonça. Alors qu' il se penchait une quatrième fois, il bascula dans le vide, chuta et décéda peu après des suites de ses blessures. Le huit de rappel était resté sur la corde, au point de départ, alors que le mousqueton a été retrouvé sur son baudrier. C' est en se penchant à plusieurs reprises vers le vide que la victime avait placé le huit de rappel dans une position défavorable sur la barrette du mousqueton ( cf. ill. 1 ). Au moment de la charge, la vis de blocage a été sollicitée si fortement sous l' effet de bras de levier exercé par le huit qu' elle s' est brisée exactement à la hauteur du nez du mousqueton ( cf. ill. 2 et 3 ).