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Skier loin de l'agitation Des itinéraires de randonnée à skis peu fréquentés autour d'Engelberg

La région d' Engelberg est déjà connue pour ses courses à skis exigeantes et ses descentes extrêmes. Toutefois, elle offre aussi des itinéraires plus accessibles, moins connus et donc moins courus.

Le train de la Zentralbahn ( ZB ) avance par à-coups dans le fond de la vallée enneigée menant à Engelberg. En ce dimanche matin de février, le contraste est saisissant: tandis que le paysage qui défile au dehors, encore sombre et baigné de silence, semble tout endormi, l' intérieur du wagon bien éclairé est déjà bien animé et ses passagers se réjouissent à l' idée d' une radieuse journée d' hiver. Un bref coup d' œil révèle que la plupart d' entre eux sont en route pour les pistes de ski et de snowboard d' Engelberg. Les randonneurs à pieds et à raquettes, ainsi que les skieurs de fond, sont largement minoritaires. Après Wolfenschiessen, où de nombreux randonneurs descendent pour se rendre à la Bannalp, nous sommes les seuls randonneurs à skis du wagon. Le risque d' avalanches est trop fort aujourd'hui pour s' attaquer aux itinéraires exigeants parcourant les flancs du Titlis, du Wissberg ou du Widderfeldstock, et personne ne semble savoir qu' il existe aussi dans les environs d' Engelberg des courses à skis plus abordables.

Deux de ces buts d' excursion se dressent tels des murs au fond de la vallée que l'on devine et où se cache Engelberg: la Felsfluh à droite du Salistock, qui descend abruptement sur la vallée principale, et l' arête rocheuse de la Walegg à gauche, qui, telle la proue d' un navire, s' avance devant l' imposant massif du Walenstock. Il s' agit de deux avant-postes d' Engelberg que l'on peine à s' imaginer comme des buts d' excursion à skis, mais les apparences sont trompeuses.

Nous quittons le train à Engelberg et nous nous retrouvons bientôt seuls au guichet de la Brunnibahn. Arrivés à la station supérieure, nous pouvons nous permettre une halte à la Brunnihütte, la journée qui nous attend n' étant pas très longue. Peu après, nous tournons le dos au bruit ambiant et nous nous retrouvons déjà, cinq minutes plus tard, dans la solitude d' un décor encore vierge. A la Sädelegg, nous savourons une première descente dans la poudreuse. Sur notre droite se dressent les flancs rocheux des Walenstöcke. Un spectacle encore plus impressionnant nous attend à la Walen-alp: couloirs raides et parois rocheuses verticales, le long desquels s' écoule en permanence la neige poudreuse soufflée par le vent qui lèche les arêtes situées plus haut. Mais notre itinéraire de montée suit les rochers à distance raisonnable, ce qui nous permet de jouir de ce spectacle en toute tranquillité.

Emballés par notre première descente dans la poudreuse, nous décidons de nous lancer depuis la Walenalp dans la longue descente marquée sur la carte de randonnée à skis et menant en direction du nord-est jusqu' à l' Eggeligrat. Nous aurions été mieux inspirés d' y renoncer. En effet, il s' avère très vite que cette variante ne convient que lorsqu' il y a suffisamment de neige, sans quoi elle se transforme en un pénible gymkhana à travers une forêt dense où l'on abîme ses skis. Toutefois, la partie finale dans la lumière dorée du soir sur les pentes dégagées d' Altzellen à Grafenort nous fait rapidement oublier nos déboires.

Deux jours plus tard, nous nous retrouvons dans le même train pour Engelberg, que nous quittons à Grafenort. La neige crisse sous nos pas, il n' y a pas âme qui vive, sinon l' ombre furtive d' un chat errant. Encore perdus dans nos pensées, nous marchons en direction de Mettlen et prenons place dans la petite télécabine qui nous mène à Hof Rugisbalm, habité à l' année, où nous attend une deuxième cabine qui nous emmènera sur le plateau d' Eggen. A notre arrivée à la station supérieure, située à 1400 mètres d' altitude, nous sommes éblouis par les rayons du soleil. Les environs donnent l' impression de n' avoir reçu aucune visite depuis longtemps. Nous constatons avec bonheur que nous sommes les premiers à s' aventurer à cet endroit. Nous commençons à faire la trace sur une première pente, avant de coller les peaux et d' enclencher nos DVA. Enfin, nous nous engageons sur un terrain varié, où nous trouvons un chemin à travers les parois nord ombragées. Nous atteignons très vite et sans difficulté la pente sommitale du Salistock. Après deux heures de montée seulement, nous parvenons à la croix sommitale, d' où nous jouissons du panorama. Loin sous nos pieds, nous apercevons Mettlen, couché sur le fond de l' étroite vallée. Vers l' est s' étend le haut plateau d' Engelberg, avec son décor bien connu formé du Titlis, des deux Spannörter et du Hahnen. En face se dressent les imposants Walenstöcke, au pied desquels nous reconnaissons la Walegg, parcourue par les deux seules traces laissées par nous-mêmes deux jours auparavant. Il ne nous reste ensuite plus qu' à décoller les peaux et à nous élancer dans la poudreuse: quel beau programme !

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