Partageons ces chemins qui nous sont seulement prêtés!

A mon avis, le débat abordé dans les courriers de lecteurs se limite dangereusement à des aspects juridiques. Rappelons que personne n’est propriétaire de la terre, de la nature ou des montagnes. Celles-ci nous sont seulement prêtées. La «propriété» est un concept instauré par la société. Celui qui prétend pouvoir utiliser un espace comme sa propriété doit forcément le protéger avec des lois, c’est-à-dire des conventions sociales, ce qui empêche de concevoir un chemin comme un prêt.

Je suis membre du CAS de longue date et pratique aussi le VTT depuis plus de 20 ans, ce qui m’a donné l’occasion de dépasser et de croiser de nombreux randonneurs. Dans la plupart des cas, la communication a non seulement réussi, mais elle a souvent donné lieu à une brève discussion, à un échange de remarques sur la section précédente du chemin ou sur ce qui attend les personnes dans la section suivante. Parfois, on se souhaite tout de bon pour la suite en guise d’au revoir. Dans cette optique de prudence et de conscience que le chemin nous est prêté pour différentes utilisations, l’article 43 de la loi sur la circulation routière est superflu.

Je sais qu’il existe des ploucs sur roues qui sont incapables de communiquer ou ne sont pas disposés à le faire. Il existe manifestement aussi des randonneurs égoïstes qui encombrent intentionnellement de branches les chemins pour déranger les vététistes. Ça m’est arrivé il y a quelques années. Alors que j’enlevais les obstacles en bois, j’ai vu que de la graisse pour voitures avait été étalée sous les branches, et j’ai dû faire demi-tour, les mains toutes noires. Cependant, je me refuse à réduire à quelques lois la cohabitation humaine à cause de tels comportements extrêmes. Je préfère m’engager pour renforcer l’idée que cette Terre nous est prêtée, ce qui, en fin de compte, profite à l’écologie.