«Palpitant, mais assez rude»
Dans le cadre d’un projet du CAS, six jeunes femmes apprennent les bases pour partir en expédition. Nous leur consacrons une série spéciale.
L’escalade en big walls est l’une des disciplines pour lesquelles vous vous êtes entraînées spécifiquement. Quelle a été la principale révélation pour toi?
Rahel Schönauer: Jusqu’à présent, je n’aimais pas l’artif. Mais, pour être honnête, je n’avais jamais vraiment compris à quoi cela servait. Je pensais qu’on y avait recours lorsqu’on ne pouvait pas grimper un passage. Mais cette technique est aussi utile si l’on ne peut pas protéger une section. J’ai été confrontée à cette situation dans notre paroi à la Göscheneralp, où nous avons ouvert une nouvelle voie: je ne pouvais plus mettre de point d’assurage, et j’ai donc dû me servir de cette technique.
Qu’est-ce que ça fait d’ouvrir une nouvelle voie?
C’est vraiment différent de réfléchir par où l’on pourrait passer plutôt que de simplement suivre un topo. Une fois que nous avions exploré la paroi, nous brûlions d’envie de relever le défi, de tenter quelque chose de nouveau. Pendant l’escalade, les sensations sont elles aussi différentes lorsqu’on ignore si la voie est possible. Lors du camp Bigwall, nous avons dû apprendre à nos yeux à découvrir des choses nouvelles. J’ai trouvé cela excitant. De telles expériences valent de l’or.
Comment avez-vous géré ces paramètres au sein de l’équipe?
Nous avons formé deux groupes qui grimpaient chacun leur propre nouvelle ligne. Notre formateur était dans l’autre groupe, donc nous étions seules. J’ai trouvé cela palpitant, mais assez rude. L’escalade en big walls est physique. Remonter au jumar, hisser les sacs et manier le marteau demande beaucoup de force. Il faut aussi de l’énergie pour supporter le risque. Il y a d’ailleurs eu quelques coups de stress. Une fois, un friend est tombé. Une autre fois, une grosse pierre s’est détachée. Ce sont des éléments avec lesquels il faut composer.