Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses
Par E. Muret, inspecteur en chef des forêts, à Lausanne, et Dr P.L. Mercanton, professeur, à Lausanne.
Trente-troisième rapport. 1912 1 ).
Avant-propos.
L' an dernier, à pareille époque, en collationnant, de sa couchette de malade, les manuscrits du XXXIIe rapport, notre cher et vénéré maître F.A. Forel disait à l' un de nous, une pointe de mélancolie dans la voix: J' ai été décidément trop mal pour composer mon article habituel, alors j' ai dressé la liste de ceux que j' ai publiés dans les précédents rapports. La voici!
Cette mince feuille où se ramassait trente ans d' activité soutenue, c' était l' adieu conscient et résigné à ces Rapports sur les variations périodiques des glaciers où Forel avait mis depuis 1881 tout son cœur. Et avec la sérénité des grands caractères, se sentant irrémédiablement atteint, il ordonnait une dernière fois pour ses successeurs les fruits épars de son labeur énorme.
Que n' a pu nous transmettre avec l' appareil extérieur de son œuvre, l' esprit génial qui l' animait et en faisait une chose vivante, d' une vie sans cesse renouvelée!
Certes nous ne laisserons pas se perdre le précieux héritage. Puis-sions-nous le garder digne du maître disparu!
Nous voulons l' essayer, espérant l' appui de tous ceux qu' intéresse encore le grandiose phénomène des variations glaciaires.
F.A. Forel a généreusement fait place dans ses „ Rapports " à toutes les collaborations sérieuses, aux jeunes activités que son exemple entraînait. Cette place leur restera ouverte dans l' avenir.
P.L. Mercanton et E. Muret.
1)Voir: Trente-deuxième rapport. Annuaire S.A.C. XLVII, p. 231. Berne 1912.
Si la publication de son monumental ouvrage „ Le Léman " assure à F.A. Forel, dans le livre d' or des naturalistes, une place de tout premier rang, les géophysiciens glaciéristes n' hésitent pas à le reconnaître comme un des maîtres dont les enseignements furent les plus féconds et le digne successeur des Venetz, des Charpentier, des Agassiz.
Les préoccupations glaciologiques de F.A. Forel naissent avec sa carrière scientifique et dès son établissement définitif à Morges, en 1870. Elles ne l' abandonneront plus jusqu' à sa mort. Année après année nous en pourrons suivre le développement dans les G4 mémoires, grands et petits, qui en résument la teneur, en marquent les étapes, et en conservent le fruit.
A en examiner attentivement la liste, bien vite l' unité puissante de l' œuvre de Forel se dégage de la diversité déconcertante qui, au début, la masque.
L' idée directrice de cette œuvre a été l' étude du Léman, sous tous ses aspects, dans tous ses mystères. Pour la réaliser c' est à l' étendue même du savoir humain qu' il a fallu faire appel et le monument, élevé par Forel à notre lac, n' est plus la simple colonne triomphale, isolée dans son majestueux élancement, c' est, telles ces cathédrales du moyen-âge, un prestigieux assemblage d' édifices distincts unis dans la communauté du style et dont un seul suffirait à établir la gloire de l' architecte.
Les travaux de Forel sur les glaciers débutent, sous l' empire de préoccupations hydrologiques, par des „ Recherches sur la condensation de la vapeur aqueuse de l' air au contact de la glace ", faites en commun avec son maître et ami Charles Dufour, à Morges d' abord, puis, en juillet 1870, au glacier du Rhône.
Ce travail est fondamental dans ses résultats immédiats: on n' a pas fait mieux depuis. Sa portée médiate ne le cède pas en importance: c' est sur l' invitation de Forel et Dufour, guidés par leur connaissance des lieux, que le glacier du Rhône a été choisi en 1874 pour la réalisation du plan d' étude élaboré par la Commission glaciaire au nom du Club alpin suisse et de la Société helvétique des sciences naturelles.
D' emblée les deux savants morgiens amorcent ces investigations générales, Dufour en »'occupant de la source thermale dite du Rhône, à ( Jletsch, Forel en observant ses pierres enchassées dans la glace; ensemble ils lèvent le plan du front du glacier et de ses anciennes moraines, premier document cartographique sérieux recueilli sur cet appareil. Puis pendant dix ans l' activité de Forel se porta ailleurs. 1880 devait le ramener vers un problème à la résolution duquel il consacra désormais des soins inlassables, celui des variations de longueur des glaciers. Un différend célèbre, le procès du Léman, surgi entre les Etats de Genève et de Vaud, se plaidait alors en Tribunal fédéral, passionnant les riverains. Vaud rejettait la responsabilité des crues désastreuses du lac sur les installations hydrauliques des Genevois; ceux-ci, par l' organe de M. H. de Saussure, en accusaient, entre autres, la fonte excessive des glaciers valaisans, pendant les étés de 1876 à 1879.
Forel qui jugeait cette hypothèse peu fondée mais spécieuse entreprit de la contrôler par des recherches dans le passé et des observations dans l' avenir. Ainsi naquit, en 1881, la série jusqu' à ce jour ininterrompue des „ Rapports sur les variations périodiques des glaciers ". L' Echo des Alpes leur servit deux ans de berceau, puis ils trouvèrent accueil dans l' Annuaire du Club alpin suisse, dont l' hospitalité et la sollicitude, ne leur ont dès lors jamais manqué.
Le zèle communicatif, le savoir faire de Forel, réussissant à gagner à sa cause la collaboration des alpinistes d' abord, des agents forestiers du Valais ensuite, de l' administration fédérale enfin, ne le cèdent qu' à la sagacité, l' esprit critique avec lesquels il juge et utilise les données obtenues.
Dès le XIIIe rapport des observations officielles lui parviennent du Valais; dès le XIVe, elles arrivent de glaciers situés dans la Suisse entière, par les soins de son inspecteur fédéral des forêts, l' actif Dr Coaz, dont l' appui reste désormais assuré à l' entreprise. A l' heure présente quelque 70 glaciers suisses sont soumis à une surveillance annuelle. Mais déjà, Forel confère les résultats tirés de nos glaciers alpins avec les observations égrenées reçues de l' étranger. Son plan s' élargit; il veut des recherches systématiques sur des glaciers de toutes les régions du globe. Il propose, il discute, il presse, et en 1894, enfin, son initiative reçoit la sanction désirée. Le congrès géologique de Zurich crée et intronise la Commission internationale des glaciers, dont il est le premier président.
Grâce à sa persévérance, nos arrière-neveux auront pour travailler un ensemble de documents de tout premier ordre. Forel n' était pas de ceux pourtant qui laissent les matériaux s' accumuler indéfiniment sans chercher à tirer de leur ordonnance provisoire au moins quelque aperçu de leur combinaison définitive. En 1900, dans une „ Lecture sur les variations périodiques des glaciers " ( Archives de Genève, novembre 1900 ) il résume ses premières conclusions en les formulant ainsi:
I. Les variations des glaciers sont des changements non de forme, mais de volume. II. Il y a deux types de variations:
a ) L' une, de période annuelle, est due à l' action négative de la fusion de la glace pendant l' été.
b ) L' autre, de période cyclique, de durée probable d' un tiers de siècle ( comme le cycle climatique de Brückner ) est due à une poussée en avant, à un débordement du fleuve glacé. Cette crue est la conséquence d' un excès d' ali; c' est donc une action positive de surproduction de glace.
III. Le début de la crue apparaît successivement chez les divers glaciers par le fait de l' arrivée, au bout de temps différents à l' extrémité terminale de glaciers de différentes longueurs, des masses de neige tombées en excès, peut-être simultanément, sur les névés réservoirs.
IV. Quant à la fin de la crue ( époque du maximum ) elle est due:
Dans certains cas à l' action négative d' un été très chaud qui agit simultanément sur l' extrémité terminale des divers glaciers.
Dans d' autres cas, à l' extinction de la poussée en avant par arrêt de l' excès d' alimentation, qui se manifeste, comme le début de la crue, successivement chez les divers glaciers.
Dans le premier cas, le maximum a lieu la même année chez tous les glaciers ( maximum de 1855 et de 1892 ); dans le second cas, il a lieu successivement à des années différentes ( maximum de 1818 à 1826 ). V. L' état de minimum représente la grandeur normale du glacier. Les poussées en avant sont des accidents.
Dans un article de la Bibliothèque universelle de décembre 1911, Forel revient sur la question en eu soulignant les difficultés et la lenteur de ses progrès. Il conclut „ que les variations des glaciers sont de périodicité irrégulière; que cette périodicité est individuelle pour chaque glacier; qu' il n' y a pas de caractères évidents de généralité ou de simultanéité, pas de synchronisme ".
Ces quelques phrases sonnent un peu mélancoliquement, après trente ans d' efforts; mais le savant naturaliste n' était pas de ceux que les longs labeurs effrayent; il a su transmettre aux jeunes la consigne qu' il s' était imposée et dont la mort seule l' a libéré. Son œuvre lui survivra. Elle a déjà acquis dans la science glaciologique le droit de cité dont elle est digne.
Un chercheur de l' envergure de F.A. Forel ne pouvait rester en dehors des préocupations théoriques que faisait surgir sans cesse l' épineuse question du mouvement des glaciers. Le commerce de ses amis Hagenbach et Heim entretenait son intérêt. Il se fit au début vis-à-vis d' eux le défenseur des idées de Charpentier et d' Agassiz qui attribuaient le mouvement du glacier à l' expansion de l' eau superficielle se congelant par pénétration dans les interstices du grain glaciaire. Il dut se convaincre, dès qu' il quitta la spéculation pour l' observation, que ses vues étaient insoutenables. Il eut le mérite d' en fournir lui-même la preuve dans la fameuse grotte naturelle qu' il découvrit au glacier d' Arolla, en 1886. Cette exploration d' Arolla met singulièrement en relief les dons intellectuels et moraux de P.A. Forel. Il en a tiré une foule de faits qui eussent échappé à tant d' autres; c' est là qu' il étudia les fines stries qui rayent la surface du cristal glaciaire et que la science connaît aujourd'hui sous le nom de „ stries de Forel "; c' est là, qu' avec son ami Hagenbach, il montra que le glacier est imperméable à l' eau quand la glace n' est pas disséquée par la chaleur rayonnante. C' est là enfin qu' il fit voir que la température des couches profondes du glacier ne dépasse pas la valeur, un peu inférieure à 0°, à laquelle la glace se transforme en eau sous la pression extérieure.
Dès lors il s' intéressa toujours et surtout à la physique du glacier. La géologie glaciaire l' attira peu et la doctrine du creusement des lacs par le glacier le trouva toujours sceptique et réservé, quoique prêt à se soumettre à l' évidence, si on la lui montrait. Il apportait d' ailleurs pareille réserve dans des questions plus directement accessibles à son contrôle, celle de l' identité d' origine du rubanage glaciaire et de la stratification, en particulier.
F.A. Forel a déployé dans cet alpinisme spécial, souvent dangereux, toujours fatigant, du coureur de glacier, un entrain, une endurance remarquables. Survenait-il quelque phénomène intéressant, quelque catastrophe glaciaire, il partait aussitôt en quête d' éclaircissements. Nous le trouvons successivement à la Spitalmatte après l' éboulement de l' Altels, à St-Gervais après la débâcle de Tête-Housse, à Crête-Sèche après celle de ce glacier en 1894. Quant il ne peut aller lui-même, il y pousse d' autres, il fait des enquêtes, il subventionne des recherches. Rentré chez lui, il fouille des bibliothèques, exhume des documents, remet en lumière mille faits oubliés. Il évoque entre autres avec un attrait singulier la physionomie attachante de Jean-Pierre Perraudin. Sa collection d' anciennes vues de glaciers était admirable.
F.A. Forel a su mieux que personne susciter les collaborations. On retrouve partout son impulsion bienfaisante. Dans le Collège glaciaire d' abord, qui met en œuvre le programme grandiose des mensurations au glacier du Rhône ( Rhonegletschervermessungenpuis dans la Commission suisse des glaciers. Au sein de la commission Schläfli, il fait proposer un prix pour une méthode rapide de forage glaciaire. A son instigation la fondation Louis Agassiz met au concours l' étude de, l' écoulement du glacier d' Arolla dont les particularités l' avaient intrigué. Mais surtout il fait généreusement place à ses jeunes amis Léon Dupasquier, Lugeon, Muret et le soussigné dans ses Rapports, assurant ainsi la pérennité de son œuvre. Lui-même a plaisir à y exposer ses idées et ses travaux pour ses amis clubistes qui depuis longtemps lui ont témoigné leur reconnaissance admirative en le nommant membre honoraire du Club alpin suisse.
F.A. Forel était en commerce suivi avec tous les glaciéristes de son temps qui le reconnaissaient comme un maître et l' accueillaient comme un ami précieux. Ils ont donné son nom à un glacier du Spitzberg, et l' Expédition suisse à travers le Groenland s' honore d' avoir pu appeler Mont-Forel le plus haut sommet mesuré à ce jour dans le pays de 1 ' " inlandsis.
F.A. Forel a été un très grand glaciériste.P.L. Mercanton.
Œuvre glaciologique de F.A. Forel.
Recherches sur la condensation de la vapeur aqueuse de l' air au contact de la glace et sur l' évaporation ( en collaboration avec M. Ch. Dufour ). Bull. S.V. S. N., X, 621, Lausanne 1871. Sur les pierres enchâssées dans la glace du glacier. Bull. S.V. S. N., X, 673, Lausanne 1871. Plan du front du glacier du Rhône et de ses moraines frontales ( en collaboration avec M. Ch.
Dufour ). Bull. S. V. S. N., X, 680, Lausanne 1871. Les variations périodiques des glaciers des Alpes. Rapports annuels. Ier rapport 1880, Echo des Alpes, XVII, 20, Genève 1881. IIe „ 1881,XVIII, 138, „ 1882.
IIIe à XVe rapports, 1882 à 1894, Jahrb. des S.A.C., XVIII, 251, Berne 1883 à 1895. Le grain du glacier. Archives VII, 329, Genève 1882. La grande période de retraite des glaciers des Alpes de 1850 à 1880. Jahrbuch des S.A.C., XVII, 321, Berne 1882. Sur les variations périodiques des glaciers. IIIe congrès de géographie, Venise, 21 septembre 1881. Actes II, 158, Rome 1883.
Les travaux du Club alpin suisse au glacier du Rhône. Echo des Alpes, XIX, 26, Genève 1883. Etudes glaciaires, I° Température intérieure du glacier. Archives, XII, 70, Genève 1884. II° La grotte naturelle du glacier d' Arolla. Archives, XVII, 469, Genève 1887.
III° La perméabilité du glacier. Archives, XVIII, 5, Genève 1887.
IV° La température de la glace dans l' intérieur du glacier ( en collaboration avec Ed.
Hagenbach ). Archives, XXI, 5, Genève 1889.
V° Erosion ou excavation glaciaire. Archives XXX, 229; Genève 1910. L' éboulement du glacier de l' Altels. Archives XXXIV, 513, Genève 1895. Structure rubanée du glacier. Zeitschr. f. Gletscherkunde, I, 65, Berlin 1906. Jean-Pierre Perraudin de Lourtier. Bull. S.V. S. N., XXXV, 104, Lausanne 1899. Température estivale et variations de grandeur des glaciers. Mem. Soc. imp. russe de géographie.
t. XLVII, 1908, S'-Pétersbourg 1909.
Circulation des eaux dans le glacier du Rhône. Acad. Sc. Paris, C. R., LXXVII, 572, 1898. Les expériences a la fluoresceïne; circulation de l' eau sous les glaciers. Réponse de M. E.A.
Martel; réplique de F.A. Forel. Spelunca, IV, 155, Paris 1899. Eboulement du glacier du Rhône. Eglogae géol. helv., VI, 1900.
Le glacier du Rhône. Dictionnaire géographique de la Suisse, IV, 102, Neuchâtel 1906. Les Osars de la Finlande. Archives S, V, 191, Genève 1898.
Les glaciers du Mont-Blanc en 1780. Annuaire du Club alpin français. Paris 1902. Les variations périodiques des glaciers des Alpes. Rapports annuels. XVI ' ' à XXX " rapports en collaboration avec L. Du Pasquier, E. Muret, M. Lugeon. P.L. Mercanton et E. Argand.
Jahrbuch des S.A.C., XXXI à XLV.
Dans ces rapports ont paru entr' autres les études suivantes: Quelques mots de théorie générale sur les variations des glaciers. XVI. Grands glaciers et petits glaciers. XVII. Fleuves et glaciers. XVIII.
La circulation des eaux dans l' intérieur du glacier du Rhône. XIX. Le lac temporaire de Mauvoisin 1818. XIX. Dessin cartographique des glaciers. XX. Le bloc de l' Hôtel des Neuchâtelois en 1884 à 1899. XX. Petites crues apparaissant au milieu de la grande décrue des glaciers. XXI. Durée de la période des glaciers. XXII. Les glaciers des Alpes vont-ils disparaître? XXIII. Le débit du torrent glaciaire. XXIV. Glaciers courts et enneigement. XXV. Les glaciers des Alpes suisses et allemandes. XXVI. L' étiage du glacier. XXVII.
Périodicité météorologique et variations des glaciers. XXVIII. Débit du torrent glaciaire. XXIX.
Variations de la vitesse d' écoulement des glaciers. XXX.
Le cycle de Brückner. XXXI.
Liste de ses publications antérieures dans la série des rapports. XXXII.
Dans chaque rapport la chronique des glaciers des Alpes suisses, en collaboration avec E. Muret. Essai sur la température des glaciers. Echo des Alpes, XX, 197, Genève 1884. Die Temperatur des Eises im Innern des Gletschers ( en collaboration avec M. Hagenbach-Bi- schoff ). Verhandlungen der Naturf. Gesellschaft in Basel, VIII, 635, Bâle 1888. La formation des glaçons-gâteaux. C. R. Acad. Se, CXII, 319, Paris 1891. L' avalanche du glacier des Têtes-Rousses. Gazette de Lausanne, 18 juillet 1892; C. R. Acad.
Sc., CXV, 193, Paris 1892.
La résistance de la glace. Rev. Scient., LI, 379, Paris 1893. Les cartes lustrales des variations des glaciers des Alpes suisses et savoyardes. Association française pour l' avancement des sciences, Congrès de Besançon, 1893. La Commission internationale des glaciers. C. R. Acad. Sc., CXXI, 300, Paris 1895. Lecture sur les variations périodiques des glaciers. Soc. helv. sc. nat. Thusis. Actes, 51, Chur 1901; Arch. Gen., X, 401, 1900.
Les variations périodiques des glaciers. Bibliothèque universelle, LXIV, 537, Lausanne 1911. Les variations périodiques des glaciers étudiées par la Commission internat. des glaciers. Arch. Gen.
Discours préliminaire. XXXIV, 209, 1895.
Idem. Ier rapport, en collaboration avec L. Du Pasquier. II, 129, 189(5. „ IIeIV, 218, 1897.
Rapport de la Commission internationale des glaciers. Congrès internat. de géologie St-Péters- bourg, 1897. C. R,, p. CXCVI, 1896. Les variations périodiques des glaciers. Rapports de la Commission internationale des glaciers résumés par F.A. Forel. Arch. Gen.
Idem. XIe rapport, 1905, Archives XXIII, 36, Genève 1907.
XIIe „ 1906,XXV, 577, „ 1908.
„ XIIIe „ 1907, „ XXVIII, 150, „ 1909.
CXI. L' enneigement en 1912.
Etat des neiges. Les renseignements sur l' état des neiges dans nos Alpes suisses nous sont mesurés par nos collègues clubistes avec une déplorable parcimonie. Malgré nos appels répétés le nombre de nos collaborateurs occasionnels diminue en raison directe, semble-t-il, de l' accroissement numérique du Club alpin, et sans le concours assuré de quelques correspondants fidèles nous devrions supprimer cette rubrique. Le Club alpin dégénérerait-il en une simple association pour la défense des intérêts matériels de l' alpiniste? Nous aurions regret de le croire.
Voici les rares indications que nous avons pu obtenir.
Alpes de la Suisse orientale. M. Frauenfelder ( Schaffhouse ) a gravi le Rhaetikon au milieu de juillet, traversé le bassin de la Plessur, et séjourné dans le massif de l' Albula. Jusqu' à la dernière semaine de juillet 1912 il a trouvé des conditions d' enneigement très analogues à celle de 11)11, à la même époque. Puis des chutes de neige se sont produites en abondance, et jusqu' à 1800 m les hauteurs sont restées enneigées pendant le reste de l' été.
Alpes de la Suisse centrale. M. le prof. Koenigsberger, de Fribourg en Brisgau, notre appui le plus certain depuis de longues années, nous envoie les notes suivantes:
„ Les conditions de l' enneigement ont été, cette année, partout extraordinaires. Au Gotthard et à la Purka non seulement les fronts des glaciers élevés, du Mutten, du Gratschlucht, étaient complètement sous la neige au commencement d' août, mais de vastes névés tapissaient encore les flancs des montagnes jusqu' à 2400 m. Depuis de longues années les régions au-dessus de 2700 m n' avaient été pareillement couvertes; les précipitations ne s' y sont faites que sous forme de neige. Tous les gisements de minéraux élevés sont restés invisibles; des pluies chaudes ont dégagé les gisements inférieurs, niais pour peu de temps, car au début de septembre déjà la neige couvrait les montagnes jusqu' à 2200 m. "
Dans les régions supérieures du glacier du Rhône il y a eu enneigement progressif. L' accroissement moyen sur le profil supérieur du Grand-Névé ( 2940 m ) a été de 1,19 m, sur le profil inférieur ( 2819 m ) de 0,58 m; sur le profil supérieur du Thäli ( 3034 m ) il a atteint 2,08 m ( mensuration du glacier du Rhône, en 1912, M. Leupin ).
Alpes de la Suisse occidentale. M. Joseph Cook-Smith ( section Genève ) nous écrit de Champéry, que de mai à septembre la couverture de neige n' a pas subi de changement appréciable dans les montagnes du Val d' Illiez. La Haute-Cime des Dents du Midi n' a laissé voir, du Col de Susanfe à son sommet, que de rares espaces découverts. Du col au sommet de la Dent Jaune, toutes les vires sont restées fortement enneigées.
A la fin de juin le versant sud du Petit-Ruan, ordinairement dégagé, portait encore 40 cm de neige.
Une large corniche a persisté jusqu' à la mi-août au Col de Sagerou, et sur son flanc nord, qui se dénude ordinairement dès juillet, il y avait encore, en septembre, un mètre de vieille neige.
Les corniches de la Dent de Barmaz se sont accrues constamment depuis la fin de mai, pendant toute la belle saison. Enfin les guides de Champéry ont invariablement fait l' ascension de la Cime de l' Est par l' arête même, en raison de l' enneigement énorme de la voie ordinaire.
Observations nivométriques.
Nivomètre d' Orny 1 ): J' avais espéré pouvoir achever en 1912 la réfection de l' échelle, empêchée, en 1911, par l' abaissement insolite de la surface glaciaire.
Ma participation à l' expédition suisse au Groenland du Dr de Quervain m' en a malheureusement détourné. Je n' ai pu me rendre sur place que le 4 janvier 1913, M. Edouard Correvon, de Jaman, un ami dévoué du nivomètre d' Orny et de son „ gérant " avait une fois de plus consenti à m' accompagner dans cette pérégrination d' hiver quelque peu ardue. Nous emportions une rallonge pour la balise nivométrique, colis léger mais encombrant.
J' ai eu la surprise de ne pas retrouver trace du nivomètre; non seulement rien n' émergeait du névé, mais encore l' aspect des rochers était si changé que je ne pus même repérer sûrement l' emplacement de l' échelle. Je me suis borné à faire, à ras la neige, une série de marques rouges. L' été prochain on pourra facilement déterminer l' amplitude de l' enneigement hivernal à la date du 4 janvier.
Les lectures nivométriques ont été faites avec zèle par M. Maurice Joris, que je remercie sincèrement. Quelques-unes émanent de collègues clubistes, que je remercie également.
Le tableau I donne le détail de ces lectures. On y voit que le minimum absolu annuel a été relativement haut et est intervenu prématurément ( 5 août 1912 ).
. ' ) Une enquête récente m' ayant revélé des incertitudes dans l' orthographie du nom d' Orny je crois préférable de rétablir ici, jusqu' à plus ample informé, l' orthographe de la carte Siegfried.
Il se produit ordinairement à fin septembre. A cette époque, d' ailleurs, on a noté un minimum secondaire peu marqué.
Nivomètre d' Orny ( 3119 m ).
Tableau I.
( 2 degrés valent 1 mètre. ) Dates Degrés 1910 1911 1912 6 III20 enfoui — 28 III 2016 IV20 enfoui — 27 V20 enfoui — 19 VI17 29 VI16 6 VII16 9 VII 181 1 VII15 14 VII — 14 — 15 VII14 19 VII — 14 —
22
VII 16 13 14 25 VII13 27 VII12.5 28 VII 15 11 — 31 VII — 10 — 1 VIII 143 VIII — 10 — 5 VIII — 9 1 1 9 VIII — 8 — 10 VIII — 8 — 1 4 VIII 1316 VIII 12 — 14 18 VIII 1 119 VIII — 7 — 20 VIII 1022 VIII 924 VIII — 6 — 28 VIII 830 VIII — 5 — 31 VIII15 3 IX16 5 IX 8.5 4 — 11 IX — 3 — 19 IX13.5 9 X 65 XI6.54 I 1913 enfoui Le tableau II donne les bilans successifs du nivomètre depuis son établissement il y a dix ans. L' automne 1912 enregistre le plus fort résidu positif avec 4 mètres.
Ce chiffre ne représente pas, bien entendu, exactement l' accroissement moyen d' épaisseur du névé. La mesure de cet élément ne peut être faite par les nivomètres de paroi. C' est le rôle des balises nivométriques.
Tableau II Accumulation Dissipation Résidu Hiver Mètres Eté Mètres Automne Mètres 1902—1903 5 1903 5.5 1903 — 0.5 1903 — 1904 6 1904 7.5 1904 — 1.5 1904—1905
>5.5
1905
>5.5
1905 0 1905 — 1906 6 1906 9 1906 — 3 1906—1907 7 1907 7 1907 ( i 1907 — 1908 8.5 1908 8.5 1908 U 1908—1909?
1909?
1909 — 0.5 1909 — 1910 10 1910 7 1910
1910—1911 >6 1911 > 7 1911 — 1.5 1911—1912
1912 >3 1912
Bilan 1902-1912 0 Il est intéressant de remarquer que le bilan décennal du nivomètre solde par zéro exactement; le niveau moyen du glacier y est resté invariable, de 1902 à 1912.
Balise nivométrique d' Orny. J' ai décrit suffisamment cet appareil dans le chapitre Enneigement du XXXIIe rapport, pour 1911.
Lors de son établissement la tige de l' engin s' élevait normalement jusqu' à 420 cm de la surface neigeuse durcie d' arrière saison. Je n' avais pu y monter en automne 1912 pour placer la rallonge prévue. Les chutes de neige de novembre et diverses circonstances retardèrent encore l' opération et déjà je craignais de perdre sans retour le fruit de mes efforts, quand j' eus la chance de profiter de quelques belles journées, au Nouvel an, pour parfaire l' œuvre commencée. Il n' était que temps d' ailleurs; lorsque nous arrivâmes, M. Correvon et moi, au col d' Orny, le 3 janvier, 11cm de tube saillaient seulement du névé prodigieusement épaissi.
J' ai vissé et goupillé une rallonge de 195 cm, au bout de laquelle j' ai attaché l' étiquette de zinc, précédemment fixée au bout de la balise. Celle-ci n' était, remarquons le, plus verticale, elle penchait de quelque 12° vers le col des Pluies. On peut compter toutefois que du 5 novembre 1911, jour de son établissement au 3 janvier 1913, le névé a gagné 4.2—0.1 = 4.1 m de, neige tassée.
Le 3 janvier la balise prolongée émergeait de 206 cm. J' avais mesuré exactement, en 1911, ses distances à deux repères rocheux, dans deux directions à peu près à angle droit. Quand j' ai voulu répéter ces opérations le 4 janvier dernier, il m' a été impossible de découvrir l' un des repères, complètement enfoui. J' ai retrouvé l' autre, voisin de la cabane Dupuis, sans pouvoir d' ailleurs l' utiliser. Il était cerné par la grande paroi de neige verticale, que les vents entretiennent devant le rocher où se dresse la cabane. Cette corniche avait le 4 janvier 13,5 m d' aplomb.
Est-il nécessaire d' ajouter que le glacier d' Orny était skiable sans danger sur toute sa longueur.
Je n' ai pas revu la double rimaie qui balafrait en 1911 la grande pente nord du Portalet.
Nivomètre de l' Eiger. Ses données toujours recueillies avec infiniment de soin et de régularité par M. Liechti et son personnel, que je remercie vivement, sont résumées dans les tableaux III, IV et V.
Elles s' accordent entièrement avec celles d' Orny. Le minimum absolu a été noté le 5 août également; il a été moins bas aussi qu' en 1911. L' enneigement a subi aussi dès novembre une marche rapidement progressive. Le gain de 1912 a été considérable, 16.5 m. Quant à l' allure du désenneigement et du réenneigement elle a été remarquablement régulière.
Nivomètre de l' Eiger ( 3100 m ).
Tableau III.2 degrés valent 1 mètre. ) Degrés Dates 1910 1911 1912 4 I 18 43 10 18 I 18 36 22 3 II 37 27 30 18 II 42 25 25 2 III 42 45 28 12 III 32 38 33 31 III 34 41 35 13 IV 37 37 40 29 IV 40 39 39 17 V 45 32 40 1 VI 39 22 34 15 VI 34 17 26 1 VII 28 19 28 15 VII 30 7 16 1 VIII 22 — 8 11 15 VIII 18 —18 10 1 IX 12 —24 21 15 IX 18 —26 20 1 X 21 —25 15 15 X 12 — 18 14 5 XI — 12 27 16 XI 30 — 2 35 4 XII 34 — 6 38 20 XII 42 — 1 35 30 XII 44 8 40 Minimum absolu 1911 ( 11 IX ) —26 Maximum absolu 1912 ( 28 V ) 40 Minimum absolu 1912 ( 5 VIII ) 7 Maximums en degrés Dates Degrés Minimums en degrés Dates Degrés Ampliludes en metres ( 2 degrés — 1 m ) Décrue Crue Tableau IV. 13 IV 40 17 VI 32 5 IX 25 14 XI 35 30 XII 40 4 I 10 13 VI 23 5 VIII 7 15 X 14 13 XII 32 15 8.5 4.5 12.5 9 5.5 10.5 4 Accumulation Tableau V. Hiver Métres 1906 — 1907 >19 1907 — 1908 > 18 1908—1909 17 1909—1910 25.5 1910—1911 16.5 1911—1912 33 Dissipation Eté Mètres
1907 > 18 1908 >21 1909 16.5 1910 19 1911 35.5 1912 16.5
Residu Automne Mètres 1907 + 1 1908 —3 1909 +0.5 1910 + 6.5 1911 —19 1912 + 16.5 Nivomètre des Diablerets. Cette échelle est restée enfouie pendant toute la belle saison 1912. Le rocher même où elle est peinte n' était pas visible. L' en a donc dépassé celui de 1910 ( Ernest Reber, guide ).
Nivomètres de l' Aletsch. Le Service de l' Hydrographie nationale étudiant actuellement le régime de la Massa, en fonction des précipitations dans son collecteur, y a installé en 1912 des nivomètres de paroi au sujet desquels le directeur du bureau, Dr L. W. Collet, veut bien nous communiquer la note suivante:
Le Service de l' Hydrographie nationale suisse ayant commencé des études sur le glacier d' Aletsch et étudiant le débit de la Massa en fonction des précipitations, M. l' ingénieur Lütschg à établi 6 nivomètres sur le glacier d' Aletsch. L' un se trouve près du lac de Märjelen et les 5 autres autour de la „ Concordiaplatz ". Les lectures suivantes ont été effectuées:
1. Strahlhorn, près du lac, de Märjelen 26 IX 1912 = 10.42 m Va de 10 à 15 m 19 II 1913==16.00 „ Différence5.58 m 2. Faulberg,9 VIII 1912 = 10.oo m Va de 10 à 17 m près cabane Concordia 18 II 1913 = 13.20., Différence3.20 m 3. Grüneck,24 IX 1912- 9.80 m Va de 10 à 16 111 vis-a-vis cabane Concordia 18 II 1913= introuvable, recouvert Un nouveau nivomètre à été établi le 20 II 1913, il va de 15 a 19.50. Lecture du 20 II 1913 = 15 m.
4. Trugberg,25 IX 1912= 8.8o 111 Va de 9 à 12 m pres du point 2856 18 II 1913 introuvable, recouvert 5. Kransberg,25 IX 1912= 8.80 111 Va de 9 à 13 111 Extrémité de la plus grande arête Est 18 II 1913 = 13.00., Différence4.20 m 6. Dreieckhorn,25 IX 1912 = l0.00 m Va de 10 à 14 m vis-à-vis cabane Concordia18 II 1913 recouvert Des avis et des cartes, avec indication des nivomètres, ont été placées dans la cabane Concordia et dans le Restaurant du Jungfraujoch.
Berne, 25 fevrier 1913.signé ) Dr Leon W. Collet.
On voit que de ces six nivomètres, trois seulement se sont trouves assez longs pour donner des indications sur l' enneigement de septembre 1912 ä fevrier 1913. Les chiffres obtenus ont une moyenne de 4,3 in, valeur très voisine de celles d' Orny.
Val d' Entremonts. MM. F. Balleys et Paul Genoud ont bien voulu continuer à noter, tous les 15 jours, la hauteur de la neige gisante, aux poteaux de la ligne telegraphique Orsières-St-Bernard.
Le tableau VI met pour deux des 15 poteaux les resultats de l' hiver 1911 à 1912 en regard de ceux des deux precedents hivers. On voit aussitot que l' enneige a suivi une allure régulière sans préesenter ni les fortes valeurs générales de 1909 n 1910, ni le maximum important et subit de mars 1911.
Epaisseur de la neige gisante en centimètres.
Tableau VI :.
( Le long le a route Orsières-St-Bernard.
Poteau Année Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Année Poteau Date 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 1Date 1909 — 10 60 30 20 40 70 90 100 50 30 101910 1910 L5 30 30 10 20 15 15 15 120 70 201911 1911 - 10 30 20 20 30 20 15 5 101912 Date 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 1 15 Date 1909 10 30 110 100 160 180 300 280 340 320 300 350 340 300 200 120 80 — 1910 1910 10 100 30 50 80 80 80 80 450 470 440 400 320 250 180 80 30 — 1911 1911 30 80 120 125 150 155 160 160 165 145 140 110 90 80 70 — 1912 Le poteau no 201 a reçu en 1 1909—1910 1e, no le poteau no 127 le no 136.
Quant aux chutes de neige, leur mesure, organisée depuis longtemps par l' obser de Genève, en quatre stations de la vallée de la Dranse, fournit deux faits intéressants:
II y a eu déficit de neige à Martigny, Orsières et Bourg St-Pierre pendant l' hiver 1911 à 1912, le printemps et l' été 1912. En revanche il y a eu excédent dès Orsières en amont durant l' automne et au Grand St-Bernard même, en toute saison. 1911 avait amené un déficit général.
Chutes de neige au Val d' Entremonte en centimètres. Tableau I. Ecarts avec les 10 dernières années.
Martigny Orsières Bourg St-Pierre Grand St-Bernard 480 m 890 m 1633 m 2475 1912 Chutes Ecarts Chutes Ecarts Chutes Ecarts Chutes Ecarts de neige 10 ans de nei?« 10 ans de neige 10 ans de neige 10 ans Hiver 21?
_ 59 — 16 144 — 7 453
+ 57
Printemps.
0 — 7 13 — 6 67 — 33 416
+ 108
Eté...
0 0 0 0 0 0 109
+ 66
Automne — 7 28
+ 11
110
+ 44
361
+ 105
Années 1912..
23?
— 100 — 12 321
1399
+ 336
1911 l )..
46 — 36 62 — 51 240 — 76 975
1 ) Ecart avec les 9 dernières années.
En préparant ce tableau j' ai dû reconnaître des erreurs dans les colonnes „ écarts " des tableaux similaires établis par M. Forel pour les rapports précédents, sans pouvoir d' ailleurs m' expliquer la raison de ces erreurs. Je crois bon d' en avertir le lecteur tout en remarquant que les hauteurs de neige indiquées sont parfaitement correctes.
Conclusions. Les faits rassemblés dans cet exposé permettent de conclure: 1912 a été pour nos montagnes, aux altitudes élevées, pour le collecteur glaciaire en particulier, une année d' enneigement fortement progressif. Cela tient plus encore au déficit de chaleur estivale qu' à l' abondance des précipitations de l' hiver. M.
CXII. Chronique des glaciers suisses en 1912.
Les inspecteurs forestiers suisses ont mesuré en 1911 les variations de 52 il aciers.
Nous donnons ci-dessous le relevé des observations faites:
E. Muret et P.L. Mercanton.
I. Bassin du Rhône. A. Alpes valaisannes.
Glacier.
1910 1911 1912 Années de crue.
m m m Rhône - 12.7 - 10.3 — ll.o Fiesch — 3 2.5 — 0.60 Aletsch - 20 — 18 - 2.70 Lötschen + O.5 — 13.5 — 5 1893à 1896, 1900, 1910 Zanfleuron — 14g
Le glacier de Saleinaz est en recul sensible sur le front et sur les flancs. L' exploitation de la glace a recommencé sur le front en 1912; on en a extrait 220 wagons de glace.
B. Alpes vaudoises.
Années de crue.
1902, 1910, 1912 1907, 1908, 1910, 1912 1902, 1908, 1912 1902, 1908, 1910, 1912 1904, 1906, 1909, 1910 1903, 1906 à 1910 1903,1906,1909,1910,1912 Variation en Glacier 1910 1911 m m m Puneyrossaz
— 18 + 14.,5o 1902, 1910, 1912 Martinets
— 11 + 0.8o 1907, 1908, 1910, 1912 Grand Plan-Névé — 3 - 15 1902, 1908, 1912 Petit Plan-Névé + 0.5 0.5 + G 1902, 1908, 1910, 1912 Le Dard
+ 12
— 26 1904, 1906, 1909, 1910 Sex Rouge
— 11 1903, 1906 à 1910 Prapios
+ 19
— 14 + 10 1903,1906,1909,1910,1912 Au moment des observations, le glacier de Paneyrossaz était encore recouvert d' uno couche de 30 centimètres de neige. La langue terminale présentait une profonde crevasse qui n' existait pas en 1911.
Les observations pour le glacier des Martinets n' ont pas pû être faites sur tous les points. Le glacier était complètement recouvert d' une couche de 1.50 à 2 m de neige dure. Les bords seuls étaient bien visibles.
L' avancement signalé par le Grand Plan-Névé ne résulte pas d' observations bien exactes; une couche de neige de 0.50 à 1 m empêchait de déterminer exactement la limite entre le glacier et la moraine.
Le glacier de Prapioz accuse un retrait très marqué du côté du Sex Rouge; l' allongement constaté du côté de Pierredar est sensible mais semble plutôt résulter d' un simple tassement. Une crue régulière n' est pas prouvée. Le névé qui s' étend en dessous de la ligne de base a une épaisseur de 2.80 m. ( Graff. ) II Bassin Canton de de l' Aar.; Berne.
Glacier.
1910 m Variation en 1911 m 1912 m Années de crue.
Stein Unteraar Ob. Grindelwald Unt. Eiger Blümlisalp Gamschi Wildhorn Gelten Tschingel
+ 3 — 9 — 11 + 15 — 10 — 3
2.5 — 11 — 10 — 40 + 27 — 8 — 6 — 50 — 7 — 60 + 3.3
+ 4 + 20 + 20 stationnaire — 1 — 1
1907, 1908, 1910, 1912 1912 1903, 1912 1907 à 1910, 1912 1906, 1908, 1911 1905, 1906, 1907 1907, 1909 1902 1899 Depuis l' année dernière, le glacier de Stein a fait sur sa droite une crue très sensible.
La crue du glacier d' Unteraar n' est qu' apparente. En réalité plusieurs points repérés n' ont pû être observés ensuite d' un retrait latéral très sensible. En somme depuis 1893, la décrue est persistante.
L' été humide et froid de 1912 a eu pour conséquence un petit allongement de la langue du glacier supérieur de Grindelwald, surtout sur le flanc droit. ( Marti. ) Durant les années 1893 à 1906, le glacier inférieur de Grindelwald avait été en phase de décrue constante et régulière; le retrait total durant ce laps de temps avait été de 293 m. Dès lors et jusqu' en 1910, les oscillations de la langue avaient abouti à une légère crue, qui en 1900 s' était transformée en un recul de 40 m. Cette année, il y a de nouveau allongement de 20 m, dû sans doute à l' été froid et humide. ( Marti. ) III. Bassin de la Reuss.
Glacier.
1910 1911 1912 Années de crue.
m m m A. Canton d' Uri.
Kartigel
5 — 3 1907, 1910 Wallenbühl 7 — 15 — 3 1909 Kehlefirn — 10 — 18 5.8 1902 Erstfeld — 3 — 1 1902 Hüfi — 4 — 3 Brunni - 24 - 18 - 15 Griessen Firnälpeli Est „ Ouest
+ 11 + 13
B.. Canton — 3
+ 12 + 2
d' Obwalden.
0.20
1908 1909, 1910, 1911, 1912 1910, 1911, 1912 La décrue constatée sur les glaciers du canton d' Uri doit s' être, dans bien des cas, produite en 1911 encore, à la fin de l' été et après l' exécution des mensurations. En effet, eu 1911, une température très douce a régné encore jusqu' en décembre dans la montagne, tandis que l' été 1912 a été au contraire très frais et très riche en averses de neige. ( Reich. ) Dans sa partie supérieure, le glacier du Firnälpeli augmente rapidement et pousse devant lui une moraine de tins matériaux. A sa partie inférieure, la langue du glacier s' est allongée de 30 mètres au moins. La langue est du glacier augmente aussi de façon appréciable, mais est recouverte d' une trop forte couche de neige pour avoir pû être mesurée exactement.
IV. Bassin de la Linth.
Canton de Glaris.
Glacier.
1910 Variation en 1911 1912 Années de crue m m m Biferten37.5 — Clarides20.5 — SulzgletscherLes glaciers de Biferten et des Clarides n' ont pû être mesurés, vu l' état de la neige. Ils sont restés enneigés tout l' été. Il semblerait résulter de constatations faites par des guides, que la décrue du glacier a subi cette année un temps d' arrêt. Des repères ont été placés au glacier de Sulz qui sera dorénavant mesuré chaque année.
V. Bassin du Rhin.
Glacier.
1910 m Variation en 1911 m 1912 m Années de crue.
Zapport Paradies Tambo Segnes Lenta Puntaiglas Lavas Porchabella Vorab Scaletta - 90 - 13 + 4
+ 7 — 11
— 193 A. Canton des - 24 — 17 — 10 - 34 — 13 — 5 — 20 — 21 — 18 — 9 :s Grisons.
+ 12
+ 11 + 10
— 9.7 — 12 + 13.7 1903, 1912 1903, 1912 1903, 1909, 1910, 1912 1907, 1909, 1910 1912 Piz Sol Sardona
+ 4 + 4
B. Canton — 7 5 de St-Gall.
+ 2.4
+ 2.6
1905, 1909, 1910, 1912 1906, 1909, 1910, 1912 L' état de la neige n' a pas permis les observations sur les glaciers de Lenta et de Segnes.
VI. Bassin de l' Inn.
Canton des Grisons.
Glacier.
1910 Variation en 1911 1912 Années de crue.
m m m Schwarzhorn7 — 1898, 1903, 1907, 1909 Bosegg 4 - 32
+ 0.5
1895, 1897, 1898, 1912 Morieratsch — 9 - 20 + 4.80 1899, 1912 Picuogl 2 5.81903, 1905 Lischanna
+ 10
— 24 — 1898, 1910 En août déjà, la neige est tombée jusqu' au front du glacier de Lisehanna, qui a été recouvert le 7 septembre par de la nouvelle neige. Toute mensuration en a été rendue impossible. La petite crue des glaciers de Rosegg et de Morteratsch est surtout sensible du côté de l' ombre.
VII. Bassin de l' Adda.
Canton des Grisons.
Glacier.
1910 Variation en 1911 1912 Années de crue m m m Palü — 2527 — 21.9 1895 Forno — 19 — 12 — 13.6 Le glacier de Pelü s' est si fortement retiré, en aval du grand éboulement rocheux, que dans peu d' années, si cette décrue persiste, toute cette partie du glacier aura disparu.
VIII. Bassin du Tessin.
Glacier.
1910 Variation en 1911 1912 Années de crue.
m m m A. Canton des Grisons.
Muccia — 11 - 30 + 7.6 1907, 1912 B. Canton du Valais.
Bossboden — 6 - 10
1893, 1894, 1912 C. Canton du Tessin.
Basodino Bresciana — 14Lucendro - 65y E. Muret et P.L. Mercanton.
Résumé.
Nombre de glaciers:
Alors qu' en 1909, onze glaciers, en 1910, dix-sept glaciers et en 1911, trois glaciers seulement offraient des symptômes de crue, nous en avons cette année, vingt-trois dans ce cas, dont douze en crue douteuse, neuf en crue probable et deux en crue certaine, soit les deux langues du glacier du Firnälpeli dans le canton d' Obwalden.
E. M.