Les chutes en randonnée à skis, un risque sous-estimé?

En ski de randonnée, le risque d’accident dépend en grande partie des conditions de neige. Du point de vue des avalanches, c’est le degré de danger qui est déterminant, tandis qu’en matière de chutes, la qualité de la neige est cruciale. Skier hors-piste dans de la poudreuse légère ou de la neige de printemps ne pose en général pas problème, mais si la neige est croûtée et que la surface est dure, le risque de blessure prend l’ascenseur.

Les statistiques des urgences en montagne de ces dernières années (voir graphique, p. 36) montrent une évolution nette. En pourcentage, les accidents dus à des avalanches diminuent, tandis que ceux dus à des chutes augmentent. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène:

Les accidents d’avalanches présentent la mortalité la plus élevée, d’où l’accent mis sur la prévention contre le risque blanc dans les formations. Il existe une vaste offre de cours de très bonne qualité en la matière.

Ces dernières années, beaucoup d’améliorations ont été réalisées en matière d’évaluation du danger d’avalanches (p. ex. l’outil Skitourenguru pour la planification d’une course), de la qualité des prévisions et de l’aide d’urgence. Ainsi, les DVA et les pelles d’avalanche sont toujours meilleurs, et les casques et sacs airbag de plus en plus utilisés.

Selon l’étude sur le sport en Suisse, le nombre d’adeptes de randonnée à skis augmente constamment. La très grande majorité d’entre eux reste toutefois en terrain facile, où le danger d’avalanches est faible. Cependant, nul n’est à l’abri d’une chute ou d’une blessure, même sur ce type de terrain.

Evaluer la qualité de la neige n’est pas toujours facile et souvent subjectif. Un débutant ira souvent chercher des informations auprès de ses connaissances ou sur les réseaux sociaux. Cependant, l’avis d’un as du ski estimant une neige comme facilement skiable pourrait ne pas être partagé par une personne inexpérimentée une fois sur le terrain.

L’équipement n’est pas non plus à sous-estimer. Depuis plusieurs années, les fixations à inserts se taillent la part du lion dans le domaine de la randonnée à skis. Si elles permettent de gagner en légèreté, le comportement au déclenchement de certains modèles ne semble pas être la priorité des fabricants («Les Alpes» 11/2019).

Bien que le pourcentage d’accidents d’avalanches diminue, ceux-ci ont été nombreux l’hiver passé. L’état complexe et difficile à évaluer du manteau neigeux, qui a perduré pendant de longues phases, pourrait avoir joué un rôle important dans l’augmentation du nombre d’accidents d’avalanches.

«On a beaucoup spéculé sur l’influence de la pandémie. Il a souvent été supposé que de nombreuses personnes n’ayant que peu d’expérience en matière d’avalanches sont allées en montagne parce qu’elles voulaient échapper aux domaines skiables où il y avait beaucoup de monde et qu’il y a donc eu plus d’accidents impliquant des personnes non expérimentées, mais cela n’est guère confirmé par les chiffres concernant les accidents d’avalanches», écrit le SLF. Le niveau de formation des personnes recensées n’est certes pas enregistré dans la banque de données des avalanches ayant provoqué des dommages, mais l’impression subjective des prévisionnistes d’avalanches et des personnes traitant les accidents ne permet pas de confirmer cette supposition. Il ressort plutôt que les accidents ont souvent impliqué des personnes très expérimentées.