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L'alpinisme en aphorismes

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

PAR J.P. HUMBERT

L' alpinisme est base sur la loi de la pesanteur. Si le corps humain abandonné à lui-même ne tendait pas à rouler au bas des pentes et rejoindre le fond des vallées en obéissant aux mêmes forces que l' eau des torrents, il n' y aurait ni piolets, ni cordes, ni varappe. Son poids est un élément que le montagnard tient essentiellement à ne pas soustraire à l' attraction terrestre. Si, arrive au sommet, il ouvre une bouteille ou dévore une côtelette, il est fier de les avoir portées, c'est-à-dire escamotées au vide qui ne demandait qu' à les absorber.

L' alpiniste est un homme aux dehors sérieux, qui se complique la vie en se démenant dangereusement dans des endroits exposés, au risque d' y laisser sa peau pour rien! Et même qui dépense son argent pour le faire! C' est pourquoi certains hésitent à le ranger dans une catégorie spéciale de paranoïaques...

Quand un boxeur se fait démolir la moitié de la figure pour cent mille francs, on dit qu' il les a bien gagnés, et on le considère comme un veinard; quand un alpiniste qui a dépensé cent francs pour une ascension se casse la tête dans une crevasse, on dit qu' il ne l' a pas volé et on le prend pour un fou de s' être exposé à un tel risque.

Pour dire: « On a eu du plaisir! » quand on a fondu de transpiration, couché à la dure, dormi quatre heures, gelé dans la neige et risqué vingt fois sa vie, il faut être dérangé ou alpiniste.

Extrait du journal d' un alpiniste: « Heureusement que le Père Eternel a eu l' idée de faire les vallées, comme ça, il a été obligé de faire les montagnes! Et je dirais même, sans vouloir le froisser, qu' il les a mieux réussies! » Le premier alpiniste est un homme qui voulait voir la lune de plus près. Malheureusement, il avait mal calculé son affaire, car il y avait éclipse cette nuit-là. La fois suivante, c' est son temps qu' il avait mal calculé, et il arriva à midi. « Faute de grives, on mange des merles », se dit-il.

Et il regarda le soleil, heureux de le sentir si proche.

La troisième fois, il oublia la lune et le soleil, et il admira le paysage; l' alpinisme était fondé.

Comme on peut le voir, il est né de l' astronomie.

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