La clairvoyance est intemporelle
On a célébré en août le centième anniversaire de la mort de Johann Wilhelm Fortunat Coaz. Son métier de cartographe des montagnes l’a amené à devenir un alpiniste important et un acteur de la première heure au CAS. Il était également garde forestier, fonctionnaire, chercheur sur les avalanches, protecteur de la nature, et il a joué un rôle de pionnier au sein de la jeune Confédération. Quand on s’intéresse à Coaz, on imagine une époque où tout semblait possible. Beaucoup de choses mises sur pied à cette période ont encore de l’importance aujourd’hui, et notamment la création du Parc national suisse, le seul jusqu’à présent (p.42).
Généraliste, Johann Coaz a eu le talent − et la chance − de mettre en œuvre des solutions globales. Actuellement, beaucoup ne pensent qu’à leur propre intérêt, ce qui engendre des frictions inutiles. Aujourd’hui, le CAS lui-même se définit comme une association de sports de montagne. L’alpinisme a cédé sa place à quelque chose de plus concret. Et c’est souvent ainsi que l’association est perçue. Johann Coaz en serait affligé, en tant que fonctionnaire et responsable d’une fonction au sein d’une association.
Les progrès dans le domaine de l’environnement ne semblent possibles que dans une moindre mesure. Les espaces accessibles aux randonneurs sont toujours plus limités. Les lois qui ont fait leurs preuves sont assouplies négligemment. La nature et les paysages sont mis en jeu sur la balance des intérêts économiques. Johann Coaz avait parié avec succès sur les districts francs pour le retour des ongulés. S’il était garde forestier aujourd’hui, miserait-il de nouveau sur cet instrument, dans des conditions tout autres?
Johann Coaz a aussi impressionné par son caractère. Il était un travailleur calme et clairvoyant, qui savait voir ce qui était pertinent. Aujourd’hui, de tels hommes sont rares.
Nous ne devons pas faire tourner la roue du temps dans l’autre sens. Johann Coaz lui-même a toujours été poussé par le progrès et l’esprit de découverte. Mais il a agi en assumant ses responsabilités et en gardant en tête des valeurs supérieures. Cette attitude est valable à toute époque. Pour les randonneurs solitaires comme pour notre association dans son ensemble.