J’y vais ou j’y vais pas? Décider dans la pente
Pour les courses à skis et snowboard, on utilise en général la méthode d’évaluation 3×3. Cependant, il manquait jusqu’à présent un guide permettant de poser les bonnes questions et de procéder de manière systématique pour prendre une décision dans la pente. La nouvelle fiche d’information «Attention avalanches!» y remédie.
La pente est raide, magnifique, et la neige est profonde. Cependant, comme toujours, on ne peut prédire avec certitude si le manteau neigeux tiendra. On connaît plus ou moins la situation dans la région, on s’est bien informé en consultant le bulletin d’avalanches et en faisant ses propres observations sur place. On a procédé à une première évaluation du risque avec la méthode de réduction graphique. Et désormais, il s’agit de prendre une décision où il n’y a que deux possibilités, vert ou rouge, oui ou non, y aller ou ne pas y aller.
Pour évaluer le risque que présente une pente, il est essentiel de prendre en compte la combinaison de trois facteurs: la probabilité d’une avalanche, les conséquences et le comportement à suivre. La fiche d’information «Attention avalanches!» a été mise à jour et contient désormais un nouvel outil d’aide à l’évaluation. Cet outil se concentre sur les secteurs de pentes qui constituent des passages-clés typiques. Il est conçu en premier lieu pour les situations qui ne sont ni clairement délicates, ni clairement sans problème. On l’utilise donc lorsqu’il est difficile de prendre une décision, dans un premier temps pour évaluer la probabilité d’une avalanche, puis les conséquences d’un éventuel déclenchement, et enfin pour essayer de réduire le risque en adaptant son comportement.
Evaluer la probabilité
Tout d’abord, il faut déterminer la partie de la pente sur laquelle le déclenchement d’une avalanche est le plus probable. Ce peut être une zone comportant beaucoup de neige fraîche, voire la pente tout entière. Il faut ensuite évaluer la probabilité qu’une avalanche se déclenche: modérée ou relativement élevée. Mais que faut-il comprendre derrière ces mots?
Le niveau «modéré» correspond à une situation favorable, comme c’est typiquement le cas lorsque le degré de danger est faible. Il peut également s’agir d’une pente soufflée, ou dont le manteau neigeux peut être jugé relativement stable au vu de signes manifestes. Lorsqu’on observe des signes clairs de danger d’avalanches, par exemple si l’on entend des «woums», si l’on constate des avalanches de plaques de neige, ou si la pente est recouverte de neige fraîche soufflée susceptible de se décrocher facilement, la probabilité d’une avalanche doit être jugée comme «relativement élevée». Le terrain et la situation avalancheuse peuvent dans un premier temps être évalués séparément, puis on évalue globalement la probabilité du déclenchement d’une avalanche dans la pente.
La détermination de la probabilité d’une avalanche n’est ainsi plus rattachée au degré de danger indiqué par le bulletin. Ainsi, sur le terrain, la probabilité d’une avalanche dans une pente peut tout à fait être modérée même si le degré de danger est marqué. A l’inverse, lorsqu’une pente comporte de la neige fraîche soufflée, la probabilité peut être relativement élevée alors que le degré de danger n’est que limité.
Evaluer les conséquences
Outre la probabilité d’un déclenchement, il faut aussi évaluer les conséquences qu’aurait une avalanche. Pour cela, les critères essentiels sont les suivants: taille de l’avalanche, pièges du terrain (danger de chute ou d’ensevelissement) et taille du groupe (nombre de personnes exposées). Mais comment comprendre les catégories, de «+/-» à «---»? (voir ill. ci-contre à d.)
Pour la catégorie «+/-», il est très probable qu’il ne faille pas compter avec un ensevelissement complet ou de graves blessures physiques. Selon les circonstances, on risque cependant déjà de se tordre un genou. Lorsqu’on peut s’attendre à des ensevelissements profonds ou à de très graves blessures physiques, c’est la catégorie «---» qui est indiquée. Les grands groupes ou un nombre important de personnes exposées sont généralement synonymes de graves conséquences. Cet état de fait doit aussi être pris en compte.
Si l’on reporte dans le diagramme ces deux évaluations, celle de la probabilité d’une avalanche et celle des conséquences, on obtient une proposition, soit «Go/Go here» (risque acceptable), soit «No go» (risque trop élevé). Plus on est loin dans la zone grise «No go», plus le risque est important.
Réduire le risque
Selon les circonstances, il est possible de réduire le risque en adaptant son comportement, et de ramener le point rouge représentant la décision de la zone grise à la zone blanche. Cependant, le déplacement peut être au maximum d’une longueur d’un carré, comme l’illustre la zone orange à 90 ° sur le schéma. Si la mesure ne fait que réduire les conséquences (p. ex. descendre un à un ou s’arrêter aux endroits sûrs), le point indiquant la décision à prendre est déplacé vers le bas.
Ce n’est que lorsque le comportement peut aussi entraîner une diminution de la probabilité d’une avalanche (p. ex. passages très plats, choisir un terrain accidenté ou descendre dans une zone déjà tracée) que le point rouge peut aussi être déplacé vers la gauche. Il tombe sous le sens que des mesures comme descendre un par un ne peuvent pas être comptées à la fois pour les conséquences et pour le comportement.
L’évaluation de la pente reste toutefois une entreprise difficile. Pour de nombreux facteurs, l’interprétation peut présenter des imprécisions essentielles. La procédure d’évaluation de la pente présentée dans la nouvelle fiche d’information «Attention avalanches!» doit affiner les sens afin de permettre de trouver des réponses aux questions importantes, et de les combiner correctement. Néanmoins, chacun doit décider par lui-même, en fonction de sa propension au risque et de la responsabilité qu’il assume.