Face nord du Mönch par la voie Lauper (La -)
tenhorn et du Morgenhorn. Rares sont les alpinistes pouvant s' enorgueillir d' une liste de courses comprenant ne serait-ce que cinq ou six des faces précitées. Mention spéciale à W. Munter qui, dans les années soixante, gravit toutes celles du Lauterbrunnental!
Aujourd'hui, on peut considérer que la plupart des itinéraires qui parcourent ces versants sont d' une autre époque. L' engagement, la prise de risque et, au bout du compte, l' expérience que nécessitent ces réalisations, mettent ce genre d' objectif aux antipodes de la tendance actuelle, qui est de poursuivre le leurre d' une sécurité idéale! En outre, et ceci sans jugement de valeur, le haut niveau de polyvalence qu' exigent les grandes faces oberlandaises est peu compatible avec l' encadrement de
Le versant nord du Mönch vu des environs de la Petite Scheidegg. On remarque, sur la gauche de la face, l' évidente nervure oblique de la voie Lauper Du Lauberhorn, vue sur le Mönch couvert de neige fraîche. A droite, la face nord bordée par le Nollen. La voie Lauper passe par la gauche
plus en plus unidirectionnel dont les jeunes grimpeurs font l' objet. La multiplication des cours de sécurité et l' escalade en falaise aseptisée ne favorisent que modérément l' adaptation au terrain délicat et aux situations d' urgence. Ce qui est dommage, car ces faces sont belles... si belles même qu' elles pourraient bien, un jour, faire naître des rêves peuplés de désirs nouveaux... et préluder à un renouveau.
Hans Lauper
Dentiste réputé de Zurich, né en 1895 et décédé en 1936 d' une complication d' appendicite, Hans Lauper fut un des alpinistes les plus doués de son temps. Son idéal romantique le fit se lier étroitement avec les grimpeurs anglais, dont il admirait le sens de l' éthique. Il était en outre très fier d' appar à l' Alpine Club.
Félin, rapide, redoutablement à l' aise dans le terrain mixte, Lauper s' imposa comme un des plus agiles « sans-guide » de Suisse. Son efficacité alliée à sa grande prudence lui permit de réussir une série de premières ascensions qui passent, aujourd'hui encore, pour des courses très difficiles! Les plus remarquables sont la face nord du Mönch ( 1921 ), l' éperon nord du Grosshorn ( 1921 ), la face nord de
la Jungfrau ( 1926 ) et la face nord-est de l' Eiger ( 1932 ), pour laquelle il s' était attaché les services des guides J. Knubel et A. Graven. En un sens, il fut un concurrent de Willi Weizenbach qui, à peu près à la même période, s' illustrait également dans les faces nord de l' Oberland. Seule sa retenue envers les dangers objectifs de certaines parois le mit hors compétition.
D' un oeil exercé, Lauper jugeait rapidement la possibilité d' un itinéraire et on peut dire que la majorité des voies nouvelles qu' il traça sont d' une ligne esthétique. Les dernières années de sa vie furent agitées par des considérations philosophiques sur les nouvelles tendances de l' alpinisme. Il détestait profondément ceux qui cherchaient la reconnaissance à tout prix et pensait que l' avenir de l' al était mal engagé. Tout ce qu' il voyait ou entendait l' éloignait alors de son idéal romantique...
La face nord du Mönch
Des versants nord qui constituent le célèbre triptyque oberlandais, c' est celui du Mönch qui par son aspect rappelle le plus les sommets himalayens. Ses
Alpinisme et autres sports de montagne Une vue plongeante prise depuis l' arête de gneiss. En face, vers le soleil, on distingue la crête du Nollen La cabane Guggi ( 2791 m ) est le point de départ pour la face nord du Mönch
nombreuses nervures enneigées, séparées par autant de goulottes régulières, le différencient immédiatement de l' Eiger et de la Jungfrau. D' une hauteur de plus de mille mètres, la face nord du Mönch est plus complexe qu' il n' y paraît au premier abord. Les perspectives trompeuses rendent aléatoire l' in du terrain et plongent souvent le grimpeur dans une soucieuse expectative. Composée de calcaire dans sa première partie, la face passe sans transition au gneiss dès sa mi-hauteur. On retrouve d' ailleurs cet intéressant phénomène géologique sur le versant sud de la montagne, le long de la voie normale.
Des itinéraires qui jalonnent la face nord du Mönch, celui dit du Nollen est le plus fréquenté. Il s' agit d' une course glaciaire de difficulté moyenne et peu homogène qui attire beaucoup de monde du fait de son accès rapide et de son retour facile. C' est une belle course qui réserve des coups d' oeil magnifiques sur le versant nord de la Jungfrau. Elle est cependant passablement excentrée de la face nord proprement dite.
De la base du Nollen, une descente raide et délicate sur 250 mètres conduit le grimpeur dans l' antre du « monastère » ( Mönch signifie moine en allemand ). On se trouve alors au coeur d' une mystérieuse cuvette glaciaire suspendue au-dessus d' un chaos de séracs infranchissables. L' endroit est austère. Saisi par le doute, l' alpiniste qui se trouve là
aux premières lueurs du jour se demande s' il a choisi la bonne course... Au-dessus de lui, la face est sévère et les rares itinéraires qui la parcourent en son centre ont la réputation d' être très exposés aux chutes de pierres! Il se dirige alors plus à l' est, en direction d' une nervure bien marquée, là où, noire et béante, la gueule d' une rimaye semble prête à l' avaler. Il se dirige vers la voie Laupen..
L' échappée belle de deux guides
Ce mois de septembre est annonciateur d' un magnifique automne. Délaissant un court moment nos engagements divers, Christian Hug et moi-même rassemblons ce qui peut rester d' énergie et de motivation à deux guides en fin de saison pour nous offrir une petite escapade libérée des contingences habituelles. Nous cheminons tranquillement sur la sente de la petite cabane Guggi. La journée est chaude et nous nous interrogeons sur les conditions de neige que nous rencontrerons le lendemain! Observée aux Jumelles, la face ne présente cependant aucune trace de coulée. Nous sommes en mesure de rester confiants...
La lumière tiède de cette fin d' après embrase notre arrivée à Guggi. La solitude est totale. Seul un petit bout de notre itinéraire du lendemain est visible. Nos regards vont vers la Jungfrau, splendide écrin planté au milieu d' une tempête glaciaire faite de séracs et d' arêtes neigeuses finement décou-
Prudemment, nous nous engageons sur la vire pées. Partout, sur les crêtes, les ourlets de neige fabriqués par le vent nous révèlent notre privilège. Ici, sur le petit promontoire où se trouve perché le frêle refuge de Guggi, nous goûtons en toute humilité le spectacle de la montée des ombres. Pas d' alpi, pas de gardien, la nuit recouvre peu à peu notre lieu de gîte et nous laisse face à l' agitation de nos consciences. Comme je l' exprime souvent, ces dernières heures du jour correspondent pour moi au moment où les pensées des guides et des marins s' unissent dans le même souci du lendemain...
La nuit est encore profonde lorsque nous quittons notre havre de sécurité pour chercher un passage à travers les dalles calcaires supportant le Nollen. Entre guides, la place du client existe aussi. Ainsi, lorsque Christian est devant, je lui fais totalement confiance. Je le suis sans me poser de question, sachant très bien que s' il a un doute il n' hési pas à me consulter. Lorsque mon tour vient d' être en tête, je sens que cette confiance est parfaitement réciproque et que mon compagnon ne dis- Le franchissement du ressaut calcaire dominant la vire neigeuse présente une succession de passages délicats, qu' il faut négocier crampons aux pieds cute pas mes choix. Ces moments d' entente sont merveilleux et, dans la nuit « monastique », sous la complicité des étoiles, les sentiments de solidarité prennent ainsi l' onctuosité d' une liqueur. Nous progressons rapidement.
Nous arrivons à l' épaule du Nollen. Il fait toujours nuit. Nous devons maintenant descendre vers la cuvette glaciaire qui marque la base de la face nord du Mönch. La pente est raide, peut-être 55°, et longue. Les premières lueurs du jour nous cueillent à proximité d' une rimaye. Nous la franchissons rapidement et traversons la cuvette qu' à son extrémité orientale. Une nouvelle rimaye, cette fois-ci plus sérieuse, défend le premier ressaut de la voie Lauper. Nous mettons la corde et étudions le meilleur passage. Par un pont fragile, je m' engage dans sa gueule béante et me rétablis sur une partie rocheuse copieusement arrosée par le débit de fonte du couloir qui domine. Je grimpe une trentaine de mètres et fais venir Christian.
Alpinisme et autres sports de montagne
Nous continuons ensemble en escaladant un système de vires étagées emplies de débris. La neige apparaît à nouveau. Nous sommes sur le premier névé, celui-là même qui vient mourir 200 mètres plus haut, contre le grand mur de calcaire noir formant le passage clé de l' ascension. La pente se redresse progressivement pour atteindre près de 60° à sa jonction avec le ressaut. Une vire déversée s' étend comme un ruban à notre droite. Je la suis sur une longueur de corde et installe mon relais, coincé le plus profondément possible entre la lèvre du névé et le rocher. Ma position n' a rien de trop confortable. Rapidement engourdi par le froid, je prends mon mal en patience. Christian continue directement dans la longueur suivante et oublie, au passage, de prendre le petit choix de pitons que nous avons emporté. Je surveille sa progression, qui se fait lente et circonspecte. Il termine la traversée et escalade au-dessus de lui une vague goulotte garnie de neige pourrie. Sa situation est délicate et ses mouvements saccadés font naître une tension communicative. Le bruit caractéristique des pointes de crampons sur le calcaire compact et la lame du piolet qui tape, sourdement, dans une glace déliquescente, me font prendre pleinement conscience de la relative sécurité qui nous lie! Perdu sur mon balcon aérien, je me tasse instinctivement au fond de mon trou. Aucun piton ni coinceur au relais. Entre nous deux, il n' existe que trois protections aléatoires, et qui se trouvent déjà bien en dessous de mon compagnon. Christian aimerait pouvoir planter un piton. De mon côté, je commence à supputer les chances que j' ai de ne pas me faire expulser comme un vulgaire bouchon de champagne si, par malheur, mon camarade vient à chuter! Je ne le quitte pas des yeux et grimpe virtuellement avec lui. Par moments, j' anticipe même. Je me demande pourquoi il ne se met pas en écart, mais je ne dis rien de peur de le déconcentrer. Les minutes se fondent en une éternité...
La longueur a été chaude! Lorsque je rejoins Christian à son relais, nous unissons nos espérances pour que la suite ne nous réserve pas trop de passages du même acabit...
Je contourne un surplomb par une fissure délitée et progresse, en traversée à gauche, le long de strates verglacées mais néanmoins bien étagées. Toute la délicatesse de cette longueur vient du fait que la couche de glace n' est pas assez épaisse pour qu' on puisse se fier aux engins. J' effectue mon relais sur la dernière strate précédant le deuxième névé. Relais exigu, pendu sur deux friends. Nous remontons ensemble le névé sur environ 300 mètres et abordons la fine crête de gneiss qui caractérise la partie supérieure de notre itinéraire. Nous nous accordons une brève pause tandis qu' un vent froid se
lève. Au loin, noyées dans l' éclat d' un soleil dont nous sommes envieux, quelques cordées descendent du sommet de l' Eiger. Nous continuons.
La crête de gneiss, haute d' environ 300 mètres, présente une superbe escalade bien pourvue en plates-formes de relais. La grimpe est aérienne et facile. Cette portion de la voie Lauper est certainement la plus enthousiasmante de toute la face. Le rocher, assez sec, permet de progresser ensemble sans crampons. Il est 10 heures du matin lorsque nous arrivons aux pentes sommitales qui doivent nous conduire à l' arête nord-est. Le vide s' est passablement creusé. Peu à peu, la sécurisante arête de gneiss s' est évanouie dans la raide pente sommitale. La nature du terrain réveille en nous des tensions que nous avions abandonnées plus bas. La neige est mauvaise. Granuleuse, elle n' a que modérément adhéré à la mince couche de glace. Nous surveillons constamment nos gestes et tâchons de choisir la meilleure ligne d' ascension. Les broches butent contre les dalles de gneiss et les relais sont aléatoires. Nous nous réjouissons de sortir...
Une dernière longueur de neige et glace m' amène à l' arête nord-est où je manque de basculer dans le versant sud avec un morceau de corniche! Le vent est fort et le soleil brillant. Je m' assieds à califourchon sur l' arête et fais monter Christian. La remontée de l' arête jusqu' au sommet du Mönch nous demande encore beaucoup d' attention. La mauvaise qualité de la neige sur les deux versants sud et nord nous contraint à garder le fil de l' arête, désagréablement corniche. Nous montons le plus délicatement possible, concentrant notre attention sur le meilleur comportement à adopter au cas où surviendrait le pire...
Il est midi lorsque nous parvenons au sommet du Mönch. Tout en bas, nous percevons encore le petit refuge de Guggi. Que de chemin parcouru en un peu plus de huit heures d' escalade! Nous sommes cependant d' accord pour convenir que les conditions ont été globalement très bonnes et que,
Du sommet du Mönch, vue en direction du Finsteraarhorn
si elles devaient se révéler mauvaises, l' horaire pourrait probablement doubler. Les grimpeurs intéressés par cette course magnifique devront particulièrement faire attention au bon enneigement du névé au-dessus du ressaut calcaire. En effet, ce névé recouvre une longue section de dalles mal imbriquées qui imposent une progression délicate et difficile à protéger. Le temps perdu à cet endroit pourrait être considérable. Pour le reste, je ne peux que
Photo: Jean-François Robert
conseiller cet itinéraire injustement peu fréquenté. La variété de l' escalade y est tout à fait étonnante et, de plus, nous n' avons pas vu une seule pierre tomber durant toute notre ascension. Ce qui, on en conviendra, n' est pas négligeable... surtout si l'on songe au fait que notre projet initial devait être le pilier Bonatti, aux Drus, qui a été le théâtre d' un énorme éboulement une semaine plus tard!
De la Jungfrau, vue sur le Mönch. A droite, la face S ensoleillée et, en arrière, la branche S de l' arête E ( voie normale ). En sortant de la voie Lauper de la face N, on atteint le sommet depuis la gauche ( derrière la côte située dans l' ombre et orientée en direction du sommet )
alpinisme et autres sports de montagne
Alpinismo e altri sport li montagna
Alpinismus, Berg-i. a. Sportarten
Préparer la relève Le championnat national se disputera au cours de huit épreuves. Le calendrier 1999, très chargé, ne proposera guère de nouveautés, exception faite de l' effort en faveur des jeunes.
Les juniors seront répartis en deux catégories: cadets ( 16 ans révolus - 17 et 18 ans ) et juniors ( 19 et 20 ans ). La dénivellation de leurs épreuves sera ramenée à 1200 mètresou -10 % ). De plus, un classement « espoirs » sera établi pour les concurrents âgés de 21 à 25 ans qui pourront ainsi mieux situer leur valeur au terme d' épreuves qui seront les mêmes que celles de leurs aînés.
Dans le même ordre d' idée, un premier cours d' entraîneurs sera mis sur pied en décembre. Des spécia-listes-compétiteurs, guide, médecin, physiothérapeute, etc. entoureront Trophée de Valerette 1997. A l' arrière, vue sur la vallée du Rhône et le lac Léman