Du col de la Forclaz au col des Montets Randonnée à raquettes
Juste au-dessus de la vallée du Rhône, entre Martigny et Chamonix, le vaste secteur qui s' étend du col de la Forclaz jusqu' à Trient et Vallorcine offre aux randonneurs une multitude d' iti à parcourir raquettes aux pieds, dans une ambiance très haute montagne.
Pour avoir un bel aperçu de cette région qui s' étire en une succession de terrasses d' altitude entre plusieurs massifs montagneux ( Mont-Blanc, Aiguilles Rouges et l' ensemble Tour Sallière-Tenneverge-Ruan juste au-dessus d' Emosson ), le meilleur moyen est d' effectuer une randonnée de deux jours au départ de la localité valaisanne de Ravoire. De bon matin, juste après avoir laissé derrière nous les derniers petits chalets du village, notre itinéraire commence par une longue montée dans une profonde forêt où la nature semble encore endormie, car il n' y a pas un bruit, ni une seule trace d' animaux marquant la couche de neige poudreuse tombée durant la nuit. Alors que nous poursuivons l' ascension, les rayons d' un timide soleil irisent la neige qui fait se coucher vers le sol les branches des sapins. Dans un froid qui devient plus vif, nous quittons la partie basse de la forêt pour progresser parmi de vieux mélèzes, dont certains semblent être plusieurs fois centenaires tant le diamètre de leur tronc est imposant. Après avoir dépassé les vieux chalets posés ici et là sur l' alpage de l' Arpille, c' est par une pente qui se redresse tout en devenant étroite vers 1900 mètres d' altitude, que nous pouvons accéder à la ligne de crête de la montagne. Le reste de l' itinéraire n' est plus que pur bonheur car le panorama va en s' élargissant au fur et à mesure que nous approchons du point sommital. Dès l' arrivée au sommet, on admire en direction du sud-est toute la splendeur du puissant massif glaciaire des Combins. Culminant à 4314 mètres d' al, sa partie supérieure est formée à l' est par le glacier du Grand Combin et à l' ouest par le grand glacier de Corbassière. Des mesures réalisées il y a quelques années par l' Ecole polytechnique de Zurich et par les Forces Motrices de Mauvoisin ont permis d' avoir une estimation de son volume: quelque 1,5 km 3 de glace, soit l' équivalent de 1600 milliards de litres d' eau!
Au sud, le massif du Mont-Blanc, qui s' impose d' emblée par la force et la spectaculaire beauté de ses innombrables pics, parois et pentes, parmi lesquelles on remarque le glacier du Trient tout proche. Le panorama s' ouvre aussi sur les silhouettes caractéristiques des montagnes qui s' étirent du Ruan ( 3054 m ) jusqu' aux Dents-du-Midi ( 3257 m ).
Au matin du second jour, le parcours en boucle vers les chalets de Loriaz devrait nous offrir des coups d' œil inhabituels sur les sommets du Mont-Blanc! Le départ depuis le Couteray est des plus faciles: en quelques minutes nous remontons la petite route d' alpage qui conduit vers la forêt de Loriaz. Dans cette profonde forêt, nos chances sont bonnes d' apercevoir des chevreuils, des cerfs et pourquoi pas des chamois. Notre itinéraire se déroule sur un sinueux sentier qui file sur le flanc d' une pente raide. Après plusieurs virages en lacets, nous abordons déjà le bas de l' alpage de Loriaz, que nous traversons jusqu' au site des chalets du même nom. Le paysage est à couper le souffle: le glacier du Tour, l' Aiguille du Chardonnet ( 3824 m ), l' Aiguille Verte ( 4122 m ) et la Sans-Nom ( 3982 m ), les Droites ( 4000 m ), les Courtes ( 3856 m ), les Drus ( 3754 m ), la Dent du Géant ( 4013 m ), la fameuse trilogie Grands-Charmoz, Grépon, Blaitière, l' Aiguille du Midi ( 3842 m ), suivis d' une longue enfi lade de dômes enneigés qui se répandent au sud vers l' énorme carapace de glace des trois Mont-Blanc: Mont-Blanc du Tacul ( 4248 m ), Mont-Maudit ( 4465 m ) et Mont-Blanc ( 4808 m ). La perspective que l'on a sur le plus haut massif d' Europe occidentale est ici tout a fait extraordinaire car l' ambiance fascinante de la haute montagne règne sans partage!
Poursuivant notre boucle, c' est par une courte descente en dévers que nous gagnons le plateau de la Gouille du Sassey. Ici, la beauté du lieu est telle qu' en l' espace de quelques minutes, l' ambiance de la randonnée se transforme pour devenir quelque peu magique. Pendant la traversée du plateau, le panorama sur les imposants glaciers qui déchirent et marquent les pentes des montagnes prend encore plus de force. Au gré de notre itinéraire sur cette étendue neigeuse, nous avons le plaisir de découvrir les traces toutes fraîches d' un « Blanchot » ( le lièvre variable ), surpris peut-être par le crissement de nos raquettes. Sous le soleil couchant, c' est dans le prolongement du plateau ( au sud ), juste à la base de la Tête de la Chevrette, que nous retrouvons la route d' alpage qui nous ramènera après une longue descente jusqu' à notre point de départ.