Des «suites» dans les cabanes du CAS? Pro de Fridolin Vögeli
Le confort gagne les cabanes du CAS. Les lits se font plus larges, les dortoirs sont remplacés par des chambres plus petites. Les cabanes qui proposent des chambres doubles sont toujours plus nombreuses. Quel doit être le niveau de luxe en montagne? Nous avons posé la question à deux gardiens.
«A la Fründenhütte, il est clair que nous n’agencerions pas de chambres doubles. Ça ne conviendrait pas à l’esprit du lieu. La cabane avec ses quatre murs classiques en pierres se trouve à 2500 mètres d’altitude, dans un environnement escarpé et alpin. La montée est exigeante. Au sein de la section, nous parlons actuellement de procéder à quelques rénovations, mais nous ne voulons pas en faire un hôtel. Nous ne voulons pas miser sur le confort pour attirer plus de gens, nous avons d’autres atouts: un paysage préservé, une atmosphère agréable dans la cabane et de la nostalgie. Il y a des géraniums sur le rebord des fenêtres, nous accueillons nous-mêmes nos hôtes. Et le nombre de nuitées a augmenté ces trois dernières années, sans que nous n’ayons rien changé au niveau de l’infrastructure. Pour nous, il est important que l’accès à la cabane soit bon et sécurisé. Chaque année, nous consacrons de nombreuses journées à l’entretien du chemin.
Pour moi, un niveau de confort trop élevé est en contradiction avec le but initial des cabanes du CAS, à savoir d’offrir un hébergement simple en montagne, et ce aussi pour les personnes qui ne roulent pas sur l’or. La taxe de nuitée couvre tout juste les coûts d’infrastructure. Il n’est pas vraiment possible de réaliser de grosses provisions. Les dons, le travail bénévole et les moyens alloués par des tiers sont essentiels pour les rénovations. Investir dans des infrastructures luxueuses dépasserait ce cadre. De mon point de vue, le but ne doit pas non plus être de faire à tout prix le plus de nuitées possible et de doper le chiffre d’affaires. Améliorer le confort comme mesure de marketing, ce n’est pas toujours judicieux sur le plan économique. Il faut faire attention.
Un autre problème que posent les «suites», c’est qu’elles font penser aux hôtels et suscitent des attentes en conséquence. Et même si nous le voulions, nous ne pourrions pas y répondre. Comme les ressources en eau sont limitées, nous n’avons pas d’eau courante potable, ni de douche. La situation est différente pour d’autres cabanes, qui ont de meilleures infrastructures. Il peut alors être tout à fait judicieux et adapté d’offrir plus de confort.
Nous pouvons nous démarquer d’autres établissements par notre niveau de confort modeste. C’est le cas par exemple avec les classes d’écoles professionnelles qui viennent ici. Au début, c’est la panique parce qu’il n’y a ni douche, ni accès à Internet. Mais une fois que les apprentis s’y sont faits, ils redécouvrent les cartes et les jeux de société, et ils discutent ensemble. La plupart des hôtes font preuve de compréhension lorsqu’on leur explique les raisons de ce niveau de confort modeste. A cet égard, le CAS et nous, les gardiens, avons une tâche importante à accomplir.»