Agir aujourd’hui, voilà l’essentiel
A propos de l’éditorial «Parlons-en sans ambages!» d’Alexandre Vermeille, paru dans «Les Alpes» 11/2020
Je suis d’accord avec vous: fouiller dans les poubelles du passé n’est agréable pour personne. Je ne suis pas un fervent défenseur du «devoir de mémoire» qui, dans de très nombreux cas, est instrumentalisé à des fins politiques. Dans le même temps, comme vous le laissez entendre, il est malsain de gommer les aspects nauséabonds des idées et des faits de nos prédécesseurs et nous savons que les légendes et les renommées peuvent cacher des sujets de ressentiment et de rejet.
Ceci dit, il faut se rappeler que les gens ont souvent plusieurs facettes et sont confrontés à des situations qu’ils ne contrôlent pas nécessairement. Robert Brasillach, un collabo notoire exécuté en 1945, était un fin helléniste, Churchill, avec toute sa célébrité, a ordonné la destruction de Dresde, un acte injustifié militairement et particulièrement odieux. Inutile d’allonger la liste. Remuer dans les poubelles du passé implique un tri malaisé.
Plus important: quelles leçons tirer des regards sur l’histoire? Nous avons sous nos yeux, un peu partout sur la planète, des situations qui sont la honte de notre humanité. Défenseur de la cause palestinienne, j’en connais un bout sur le sujet, et l’on pourrait citer ici un grand nombre de peuples et de communautés dont les droits les plus élémentaires sont bafoués. Il est vrai que la plupart des «grands médias» sont aux mains de puissances politiques et financières, qui n’ont pas intérêt à ce que leurs manquements soient révélés. L’information biaisée qui est largement dispensée n’incite pas le commun des mortels à une réflexion critique. C’est peut-être là, à mon avis, le point essentiel, la leçon de l’histoire: essayer d’ouvrir les yeux et agir «hic et nunc»!