Protéger là où c’est nécessaire | Club Alpin Suisse CAS
Soutiens le CAS Faire un don

Protéger là où c’est nécessaire Le CAS et l’ASGM critiquent les larges restrictions d’accès dans le canton de Berne

Le Conseil-exécutif bernois a adopté la dernière tranche de la révision de l’ordonnance sur la protection de la faune sauvage en décembre 2023. De de fait, des interdictions de sentiers et d’itinéraires à grande échelle sont promulguées en hiver, au printemps et en été dans de nom-breuses régions de montagne, ce qui entraîne des restrictions disproportionnées pour les sports de montagne. Le Club Alpin Suisse (CAS) et l’Association suisse des guides de montagne (ASGM) ne peuvent pas soutenir la décision du Conseil-exécutif. L'ordonnance entrera en vigueur en août 2024.

Depuis 2016, l’inspection bernoise de la chasse a examiné en trois étapes les quelque 80 sites cantonaux de protection de la faune existants, dans lesquelles seules des dispositions relatives à la chasse étaient jusqu’à présent en vigueur. Les communes concernées et certaines associations comme le Club Alpin Suisse (CAS) et l’Association bernoise des guides de montagne (BBV) ont été invitées à participer. Les revendications du CAS et de la BBV étaient claires dans toutes les prises de position: des restrictions d’accès à petite échelle plutôt qu’à grande échelle, aucune interdiction préventive dans les endroits peu fréquentés où il existe de bonnes solutions pour les itinéraires alpins d’été dépourvus de sentiers.

Malgré un dialogue régulier et constructif avec l’inspection de la chasse, la désillusion est arrivée à la fin 2023. Le Conseil-exécutif a promulgué de nouvelles restrictions d’accès de décembre à août sur des surfaces disproportionnées. L’ensemble du massif du Lohner, le Suldtal, le Niedersimmental et le Hohgant sont par exemple concernés. Il est désormais interdit de s’éloigner des chemins autorisés par les autorités ou il faut se déplacer uniquement sur les itinéraires autorisés dans les zones sans chemins. Pour les sports de montagne, les obligations à large échelle de suivre les itinéraires en hiver et les interdictions de quitter les sentiers en été sont radicales, car elles concernent les terrains sans chemin dans les régions de montagne.

Le Conseil-exécutif met l’acceptation en jeu

Le CAS et l’ASGM ont du mal à comprendre pourquoi les autorités imposent des itinéraires et des chemins sur des terrains alpins exigeants que peu de personnes peuvent emprunter. En général, la topographie, les dangers objectifs et l’isolement canalisent automatiquement les gens sur ce terrain. Et même si les activités en plein air ont augmenté, la coexistence entre les adeptes de sports de montagne et la faune sauvage fonctionne généralement bien, à condition de faire preuve d’un respect approprié.

Les obligations à large échelle de suivre les itinéraires en hiver et les interdictions de quitter les sentiers en été sont très radicales pour les guides de montagne. Selon Pierre Mathey, secrétaire général de l’Association suisse des guides de montagne et Ueli Frutiger, président de l’Association bernoise des guides de montagne, il faut, pour des raisons de sécurité, une certaine flexibilité en montagne au moment de choisir l’itinéraire. Plus les restrictions au libre accès à la montagne sont grandes, plus cela deviendra difficile. De plus, on perd ainsi des itinéraires et des possibilités d’emploi.

Au début du processus, l’inspection de la chasse a annoncé au CAS et à la BBV que les restrictions d’accès n’étaient prévues que pour des petites zones centrales. Les itinéraires existants resteraient praticables. Ces deux affirmations ne se retrouvent pas dans la décision. Le canton de Berne est le seul en Suisse avec des restrictions aussi importantes. Il n’y a qu’au parc national que les réglementations sont comparables.

«
L’objectif du CAS est de préserver le plus largement possible le libre accès à la montagne, mais aussi de proposer une protection de la nature là où cela est vraiment justifié. Nous faisons de la sensibilisation en faveur des sports de montagne respectueux de la nature.
Philippe Wäger
Chef du domaine Cabanes et Environnement

«Nous ne pouvons toutefois pas soutenir cette décision: elle est disproportionnée, incompréhensible et très éloignée de la réalité de la montagne. Le Conseil-exécutif risque de mettre en jeu l’acceptation de principe des restrictions dans les zones de tranquillité, qui existe chez les adeptes de sports de montagne.»

Feedback