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Wilderness

Le ski sauvage et la faune, c’est l’histoire d’une cohabitation contrariée. L’irruption de randonneurs à skis dans des forêts reculées et enneigées pousse les animaux à fuir, brûlant la précieuse énergie nécessaire pour survivre aux hivers rigoureux. C’est fâcheux, et comme admirateur de la nature inviolée, je peux accepter quelques restrictions à ma liberté. Reste que les mesures de protection de la faune sont souvent mal reçues, incomprises et ignorées.

Pour goûter à la wilderness, il faut la pénétrer; et gâcher par sa seule présence les lieux qui font l’objet de son amour inconditionnel… Je méditais ce dilemme en cheminant à skis, cet hiver, à travers la nouvelle zone de tranquillité de Pierres-Pointes dans les Alpes vaudoises. Cette mesure de justice favorable à la faune compense la réhabilitation d’une piste de ski à proximité, sous le téléphérique de Glacier 3000, qui relie le Pillon à la Tête aux Chamois.

Dans ce cas précis, je salue un compromis pragmatique. Les randonneurs à skis restent autorisés à traverser le périmètre protégé à condition de s’en tenir aux itinéraires inscrits sur les cartes. Les nuisances pour la faune sont canalisées. Une interdiction absolue de pénétrer la zone de tranquillité aurait été excessive alors que le versant nord du Pillon est intensément crayonné par les skieurs hors-piste empruntant les installations mécaniques. La faune trouve la quiétude plus au nord, sur le versant bernois, totalement interdit aux bipèdes sur un large périmètre.

Il semble peu pertinent de vouloir mettre sous cloche des espaces vierges dans un secteur déjà largement sacrifié au ski. En revanche, l’option de sanctuariser quelques périmètres bien choisis est, a priori, recevable. L’honnêteté impose de reconnaître que la place de l’homme dans l’environnement alpin est très largement garantie. En Suisse, l’exploitation touristique de la montagne est une réalité protéiforme. Savoir l’existence de quelques carrés de wilderness comme la possibilité d’une vie sauvage, à l’abri des regards humains, n’élève-t-il pas celui qui parcourt la montagne en quête de Beauté?

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