© Karin Steinbach Tarnutzer
Une arête abordable dans une ambiance de haute montagne Course d’escalade facile au fond du Lötschental
Entouré de «presque 4000» recouverts de glace, le Jegichnubel offre une voie facile de plusieurs longueurs et des vues spectaculaires. L’arête sud-ouest reste une aventure alpine à prendre au sérieux.
Même si le mot «Chnubel» fait davantage penser à une colline arrondie qu’à un sommet à escalader, le nom du Jegichnubel est tout à fait approprié, tant il se dresse discrètement à l’ouest de la Lötschenlücke, entre des montagnes comme le Grosshorn, le Mittagshorn, le Nesthorn, le Breithorn et le Bietschhorn, qui le surplombent de 600 à 800 mètres. Mais ce sont précisément ces voisins couverts de glace et l’ambiance de haute montagne qui rendent captivante la traversée de ce sommet plutôt méconnu par ses arêtes sud-ouest et sud-est.
Passer la nuit à l’Anenhütte, une cabane privée, avant l’ascension permet de profiter aussi de la «cabane la plus exclusive de Suisse», comme le précise son site Internet. Grâce à une centrale hydroélectrique, l’Anenhütte est autosuffisante et dispose d’assez d’électricité pour que les hôtes dorment dans des draps blancs fraîchement changés et qu’une douche chaude soit comprise dans le prix.
Anenhütte, une cabane très confortable
Initiée par l’association des guides de montagne du Lötschental pour faciliter l’ascension du Grosshorn et du Schinhorn, la première Anenhütte a été construite entre 1993 et 1995 dans le Aanakessel, au-dessus du Langgletscher. Elle a été rachetée en 2005 par le guide de montagne et ingénieur Peter Tscherrig. En 2007, ce dernier a décidé la reconstruire après sa destruction par une avalanche. Avec pour objectif de répondre aux exigences accrues des hôtes d’aujourd’hui: il a construit deux conduites d’eau pour alimenter en eau de glacier la colonne de chute raccordée à la salle des turbines et pouvoir utiliser une source d’eau potable. Les repas sont préparés avec des produits régionaux frais, livrés par hélicoptère une fois par semaine. Il est même possible de réserver une suite wellness avec sauna, baignoire balnéo et terrasse ensoleillée. Un confort digne d’un hôtel!
Un confort que les Tscherrig – Christian, le fils de Peter Tscherrig, et sa femme Mélanie gèrent désormais la cabane – font payer cher. La nuitée en demi-pension dans une chambre à plusieurs lits coûte 137 francs en semaine et 147 francs le week-end. Il faut compter un supplément de 6 francs pour le menu végétarien, 9 francs pour un litre d’eau de source au souper et 5 fr. 50 pour le thé de marche. Même l’utilisation de la via ferrata, aménagée pour attirer un public plus large à la cabane, coûte 10 francs, 5 francs pour les enfants.
Un environnement alpin classique
Après une soirée à l’Anenhütte, il devient évident qu’elle est surtout utilisée par des randonneurs à la journée et pour des fêtes ou des séminaires. Mais pour les familles qui souhaitent profiter du sentier de découverte du glacier, des lacs, des ruisseaux et des petits secteurs d’escalade aménagés à proximité de la cabane, elle est tout simplement trop chère. Et pour les adeptes de l’escalade qui se demandent si tout cela est vraiment nécessaire: soit ils profitent du confort et payent, soit ils s’en passent et grimpent plus longtemps.
Celles et ceux qui partent le lendemain matin pour l’arête sud-ouest du Jegichnubel ne doivent pas se laisser abuser par tout ce luxe. La voie, descendue pour la première fois en 1924, évolue dans une roche parfois délicate, notamment dans le couloir d’attaque. La gravir requiert une expérience de l’environnement alpin classique. La descente par l’arête sud-est, en particulier, n’est pas «très facile», comme l’annonce le site Internet, même si elle a été dotée, tout comme les relais de l’arête sud-ouest, d’un balisage rouge bien visible. Il faut pouvoir supporter un certain degré de vide. Si c’est le cas, alors c’est un véritable plaisir de caracoler pendant une journée le long des arêtes aériennes face au Breithorn et au Bietschhorn.
Carnet pratique
1
Jegichnubel (3124 m) – arête SW
En bref
4b, le plus souvent entre 3 et 4a, 15 L, 4 à 5 h
Itinéraire
Gagner l’arête par les dalles sur la droite du couloir en 2 longueurs. Ensuite, belle escalade par l’arête. Après 5 longueurs, on atteint le gendarme. Descendre ensuite du côté W en suivant les points d’assurage. Continuer sur l’arête, qui devient momentanément plus plate et qui bifurque vers le NE, avant de devenir plus raide jusqu’au sommet.
Descente
Par l’arête SE: d’abord par le versant sud jusqu’au début de l’arête SE. Désescalader par l’arête exposée de niveau 3 (points d’assurage si nécessaire). Il est possible de descendre en rappel de 20 mètres par un ressaut. Continuer à descendre à pied (traces de sentier) jusqu’à un dernier ressaut que l’on franchit en trois rappels. Descendre ensuite à l’E par un couloir de neige ou pierrier jusqu’à la moraine de l’Anungletscher et revenir par le chemin d’accès à l’Anenhütte (2 h à 2 h 30).
Montée
Remonter de l’Anenhütte à l’Anusee et, sur des traces de sentier, la moraine latérale de l’Anungletscher jusqu’à une altitude de 2760 mètres. Traverser ensuite le pierrier vers l’W et prendre le couloir entre les P. 2961 et 2966. Remonter le couloir jusqu’à ce que les premiers points d’assurage sur la droite soient visibles (1 h 30 à 2 h).
Accès au site
En train jusqu’à Goppenstein ou Gampel-Steg, puis en car postal jusqu’à Fafleralp.
Equipement
Corde de 50 m, 8 dégaines, friends moyens et quelques anneaux. Piolets et crampons peuvent être très utiles en début de saison.
Karten
CN 1 : 25 000, feuilles 1248 Mürren, 1268 Finsteraarhorn
CN 1 : 50 000, feuille 264 Jungfrau
Literatur
Ueli Mosimann, Berner Alpen, Ausgewählte Touren zwischen Sanetsch- und Grimselpass, Editions du CAS, 2013
Kletterführer Anenhütte, à acheter sur place ou commander sur le site Internet de la cabane
Nuitée
Anenhütte (2355 m): 079 864 66 44, www.anenhuette.ch, info@anenhuette.ch, montée: T2, 2 h.