Le Mont Maudit (4465 m.) par l'Arête de Tour Ronde
( 24 juillet 1933.Par René Dittert.
De la Vallée de l' Arve on aperçoit le Mont Maudit entre le Mont Blanc et le Mont Blanc du Tacul. Sur ses flancs s' étalent d' énormes glaciers et son sommet émerge comme d' un océan en furie soudainement figé. Mais c' est du sud qu' il faut le voir et l' admirer; du Col du Géant ou mieux encore du Glacier de la Brenva, il se présente dans toute sa sauvage splendeur avec ses immenses murailles sillonnées de sombres couloirs et balayées sans cesse par les chutes de pierres et les avalanches.
Le Mont Maudit est nettement séparé du Mont Blanc et du Mont Blanc du Tacul par deux importantes dépressions: à l' ouest, le Col de la Brenva et, à l' est, le Col Maudit. De l' épaule de l' arête NO se détache une imposante arête de neige et de granit qui descend jusqu' à la Tour Ronde.
C' est lors d' une ascension au Mont Blanc par le versant de la Brenva les 3 et 4 juin 1933 que cette arête nous a séduits. Ses gendarmes se profilant sur le ciel, ses fines crêtes de neige, ses énormes corniches qui surplombent les abîmes de ses flancs: tout est si grandiose que l' alpiniste se sent irrésistiblement attiré vers tant de beautés.
Nous osions à peine songer à pareil projet d' escalade. Ce fut grâce à un caprice du temps que nous en vînmes à envisager cette course et, au cours de l' ascension, nous gravîmes l' important gendarme qui termine l' arête, avant qu' elle n' aille se perdre dans les parois de l' Epaule du Mont Maudit. Les caravanes précédentes paraissent avoir tourné l' obstacle par le flanc sud. Notre itinéraire, quoique demandant beaucoup de temps, est avantageux et intéressant lorsque les rochers sont secs.
Le samedi 22 juillet 1933, Francis Marullaz, Walter Marquart, Victor Bressoud et moi-même arrivons à Chamonix où une pluie fine nous oblige à garder nos projets bien au fond de nous-mêmes. En effet, nous avions l' intention de parcourir les grandes arêtes de la face sud du Mont Blanc, mais comme, malgré une forte hausse du baromètre, le temps reste maussade, nous décidons de monter au refuge du Requin qui offre d' innombrables ressources.
Le lendemain, l' un de nous annonce de belles éclaircies du côté de l' Italie; nous sautons alors rapidement au bas de nos dures couchettes. Dehors, le vent du nord souffle et permet d' espérer un changement radical du temps. Nous sommes perplexes sur ce que nous devons faire, car tous nos beaux projets ont été bouleversés. Mais Marullaz essaye de nous convaincre d' aller au Mont Maudit par la fameuse arête dont nous n' avions pas oublié la vision magnifique.
Longuement, nous discutons le projet. Pour les uns, la course est trop ardue, pour les autres, les conditions ne sont pas favorables. Durant cette discussion, le ciel s' est éclairci et le temps s' est mis au beau. Nous bouclons rapidement nos sacs et partons pour le refuge Torino au Col du Géant.
Les caravanes précédentes ont laissé une trace profonde dans les séracs et ceci nous facilite la route. Plus haut, nous flânons en admirant de petits nuages qui se pourchassent dans le bleu du ciel. Comme nous arrivons au pied de la Vierge et que nous avons devant nous une longue et radieuse journée, nous décidons de l' escalader. Du sommet, nous apercevons l' Arête de la Tour Ronde au Mont Maudit émergeant des nuages. La hardiesse de celle-ci nous laisse une impression de suprême beauté.
Enfin, par le Petit Flambeau, nous gagnons Torino. La cabane est presque vide. Seuls, quelques alpinistes et les douaniers italiens séjournent sur ces hauteurs. Nous entrons immédiatement en pourparlers avec ces derniers afin de faire apposer sur nos passeports un visa d' entrée en Italie, car nous comptons descendre, au cours de la semaine, au refuge Gamba et tenons à être en règle. Mais les douaniers sont zélés; non seulement ils visent nos passeports, mais encore ils apposent un plomb à notre appareil photographique ce qui ne nous enchante guère. Enfin, après maintes discussions, nous obtenons un cachet de sortie, ce qui leur permet de déplomber notre appareil. La compagnie est amusée par cette petite comédie.
Vers la fin de l' après, plusieurs caravanes arrivent, entre autres une conduite par le guide renommé Armand Charlet. Ce dernier, que nous avons le privilège de compter parmi les amis sincères de notre petit groupement, nous fournit d' utiles et abondants renseignements sur l' Arête de Peuteret que nous nous proposons également de parcourir. Il nous fait don d' une tablette d' ovomaltine: « Mangez-la lorsque vous serez au-dessus de 4000 m ., cela vous redonnera des forces », nous déclare-t-il; nous apprécions fort son amabilité à notre égard. Après un copieux repas nous allons nous coucher.
La nuit est agitée. La vision de l' arête vertigineuse ne cesse de nous tracasser. A 2 heures du matin, en maugréant, nous délaissons les excellentes couvertures chaudes. Rapidement, nous buvons une tasse de thé et aussitôt quittons la cabane pour entrer dans la nuit sombre. Des milliers d' étoiles scintillent au ciel. Une caravane italienne est déjà partie pour les Aiguilles du Diable.
Nous traversons l' immense Glacier du Géant et pénétrons bientôt dans l' infernal Cirque Maudit. D' imposantes murailles de glace semblent vouloir s' écrouler et nous engloutir; nous nous sentons bien petits dans cette grandiose nature qui sommeille encore. Enfin, nous atteignons la rimaie d' un couloir qui mène à l' arête. Ce couloir est plus raide et plus long que celui du Col de la Fourche, mais il permet d' atteindre l' arête plus haut. Il a été utilisé par la caravane de MM. R. L. G. Irving, G. H. L. Mallory et H. E. G. Tyndall en 1911.
A l' est, le ciel se teinte peu à peu de violet, puis de pourpre: c' est l' aurore. Les Aiguilles du Diable profilent leurs flèches de granit dans l' azur, comme si elles voulaient, les premières, atteindre les rayons du soleil.
Nous chaussons nos crampons et escaladons la neige dure du couloir. La pente est raide et nous nous élevons rapidement. Marchant à intervalles serrés, les pointes acérées des crampons du camarade qui nous précède viennent nous effleurer le visage. Aux deux tiers de la pente, nous obliquons à droite, et la raideur augmente encore. Enfin, nous atteignons l' arête. Nous nous restaurons un peu et augmentons les longueurs d' attache, car le caractère de l' escalade va changer.
Sur le versant du Géant, nous quittons l' arête par une traversée délicate de dalles recouvertes de neige poudreuse, pour atteindre un petit couloir. Celui-ci nous mène à des rochers instables et enneigés, que nous escaladons sans difficulté.
Nous rejoignons bientôt un important couloir que nous devons remonter sur toute sa longueur pour de nouveau atteindre l' arête. Sur le versant de la Brenva, la neige fait bientôt place à de la glace, et maintenant seul le bruit rythmé du piolet qui entame la couche gelée rompt le silence impressionnant qui plane sur ces hauteurs. Les éclats de glace vont pour la plupart se perdre dans l' abîme; quelques-uns nous heurtent impitoyablement, et nous déployons toute notre adresse pour esquiver ces projectiles, sans ménager nos invectives à l' auteur involontaire de ces méfaits.
Le couloir s' est élargi et le premier de cordée a déjà atteint la crête. Solidement assurés, nous rejoignons le leader sur l' arête. Mais quelle arête! Par endroits, d' énormes corniches à double face la défendent; ou bien, très effilée, elle court vers le ciel. A droite, la paroi est verticale, tandis qu' à gauche, la pente que nous venons de remonter, plonge vers le Glacier de la Brenva. Nous redoublons d' attention, car les corniches surplombant de plusieurs mètres ne facilitent guère nos progrès.
Nous arrivons bientôt à un ressaut, d' où l' arête descend d' une dizaine de mètres pour se heurter à un énorme gendarme. A califourchon sur le fil même qui est de neige très dure, nous nous laissons descendre à reculons, en nous aidant de nos crampons et de nos piolets. Encore quelques mètres très exposés à franchir et nous atteignons le pied du gendarme.
Perplexe sur la route à suivre, nous jetons un coup d' œil sur le guide Vallot. L' itinéraire le contourne par le flanc sud. Or, les rochers de cette face sont raides, couverts de verglas et d' une épaisse couche de neige poudreuse. Cette traversée serait extrêmement délicate. L' un de nous propose d' escalader le gendarme; nous acceptons aussitôt et pensons qu' en deux bonnes heures, l' obstacle sera derrière nous. Comme nous nous trompions! En réalité, nous ne mîmes pas moins de quatre heures pour en atteindre le sommet et encore deux de plus pour redescendre sur son versant nord.
Le rocher est défendu par un bouchon de neige qu' il nous faut tout d' abord escalader; de là, par un mouvement pendulaire, nous gagnons sur la droite le pied d' une profonde cheminée complètement obstruée par de la glace. Marquait s' élance dans le « crack » et disparaît à nos yeux. Très lentement, la corde file entre nos doigts gourds. Nous hélons notre camarade et demandons « si ça va »; comme réponse, seul le bruit mat du piolet qui frappe nous parvient. Soudain, la corde monte plus rapidement et enfin Marquait nous crie que nous pouvons venir jusqu' à lui.
La cheminée est très pénible; pour rejoindre le leader, nous peinons, soufflons et jurons. Après un dernier effort, nous atteignons une étroite plateforme, sur laquelle il n' y a malheureusement place que pour deux. Les autres doivent rester dans la fissure à demi suspendus.
Il nous faut ici ôter nos crampons car nous avons à faire désormais à du rocher pur. Cela n' est guère facile, car nous sommes dans une situation très instable. Pour mon compte, j' ai mille peines à m' en défaire. Une fois les sangles desserrées, mes crampons ne veulent pas d' eux quitter les bottines et je dois avoir recours à Marullaz qui se trouve en dessous. Il monte jusqu' à moi et, avec son piolet, parvient à me tirer d' affaire.
Nous commençons à regretter de ne pas avoir contourné le gendarme, car le temps passe rapidement. Une heure s' est déjà écoulée et c' est à peine si nous avons progressé. Par une dalle raide, munie de prises rares et petites rendant l' escalade délicate, nous rejoignons un petit couloir. Nous le remontons sur quelques mètres et atteignons une vire relativement commode. Le leader essaie en vain de planter un piton afin d' assurer le reste de la caravane qui s' impatiente. Il n' y réussit pas et la cordée doit se contenter d' un assurage précaire.
Encore quelques plaques et nous arrivons sur une nouvelle plateforme. De là, le gendarme se dresse d' un seul jet dans le bleu limpide du ciel. Quarante mètres plus haut, son sommet couronné de neige brille au soleil.
Nous sommes affamés, aussi décidons-nous de nous arrêter quelques instants pour nous restaurer. Tout en mangeant, nous cherchons, d' un œil inquiet, une voie d' accès dans la paroi fauve de l' obélisque qui nous domine. Seule une fissure qui s' élargit dans le haut parcourt la muraille. La partie terminale est surplombante et nous paraît devoir être difficile.
Le moral de la caravane est bas; mais Marullaz, qui n' en est pas à sa première escalade, nous rassure bien vite en nous annonçant que si cela ne va pas, nous forcerons le passage en chaussant des espadrilles. Son assurance nous rend tout notre courage, et comme pour souligner les paroles énergiques de notre camarade, une joyeuse tyrolienne se fait entendre, résonnant dans le cirque grandiose. Ce sont les Italiens qui ont atteint le sommet de la Pointe Chaubert, aux Aiguilles du Diable. Bientôt après, nous les voyons, comme des araignées pendues à leur fil, descendre sur la brèche Médiane.
D' immenses parois nous environnent de toutes parts, tandis que, tout en bas dans la vallée, la Doire déroule son ruban argenté. Plus loin s' étendent à perte de vue les plaines du Piémont. A l' ouest, la masse imposante des mystérieuses Aiguilles de Peuteret où sans cesse grondent les pierres qui tombent.
Le temps passe, et nous devons nous remettre en route. C' est à mon tour de prendre la tête. Je m' élève lentement le long d' une fissure verticale et bientôt j' atteins une esplanade où je puis planter un piton. Mes compagnons me rejoignent. Une courte échelle me permet alors de surmonter un petit mur sans prises. Vient ensuite une ramonée magnifique au-dessus d' un vide impressionnant, qui me permet de parvenir enfin au faîte. Le hissage des sacs se révèle être fort pénible, mais bientôt, tout de même, la caravane se trouve réunie au sommet. Nous n' y trouvons aucune trace d' ascension antérieure.
Il est 11 heures, nous avons employé énormément de temps pour arriver jusqu' ici et nous ne savons pas si nous aurons assez de corde pour descendre de notre gendarme. Il est impossible de découvrir aucune plateforme sur le versant que nous devons descendre. La corde double placée, Marullaz s' y laisse glisser sans heurt. Il disparaît à nos yeux. Nous sommes inquiets et attendons impatiemment des nouvelles de notre camarade qui continue à descendre doucement. Va-t-il trouver un emplacement où il pourra s' arrêter et nous faire venir? Enfin, comme de l' intérieur d' une caverne, une voix nous parvient et nous apprenons avec plaisir que tout va bien. Délicatement, les uns après les autres, nous nous laissons couler à la double corde et atteignons la brèche. Ici, nous sommes à l' ombre, un vent frais souffle et nous transperce.
Une étroite crête de neige de plusieurs mètres relie cette brèche à un petit gendarme secondaire des plus sauvages. Le passage est très délicat et les manœuvres de corde sont compliquées, car la place manque. Cette nouvelle traversée nous prend deux bonnes heures et nous plaignons Bressoud qui reste dernier, car, dans l' attente et l' inaction, il est littéralement congelé.
Maintenant, c' est une crête rocheuse recouverte d' une épaisse couche de neige qu' il nous faut chevaucher. Bientôt, nous retrouvons l' arête de neige; mais au lieu d' une arête débonnaire, sur laquelle nous aurions pu progresser rapidement, nous trouvons des corniches que nous devons continuellement contourner par le versant de la Brenva. La taille est alors pénible; la pente trop raide nous rejette en dehors; il nous faut creuser des prises pour les mains et pour les genoux. A un endroit, nous devons même utiliser la double corde pour nous laisser penduler dans une brèche. Les premiers passent aisément, mais le dernier est forcé d' amarrer le filin à une corniche de neige. Pour rappeler la corde, nous scions par frottement le fragile point d' appui.
Peu à peu nous arrivons au point où l' arête se perd dans la paroi qui monte à l' épaule et de là au sommet du Mont Maudit. Il est tard, la neige s' est amollie au soleil et menace de glisser en avalanche. Nous nous demandons si nous ne devons pas rester sur l' arête à attendre le gel. Pourtant, avec prudence, nous nous hasardons dans la paroi dangereuse; chaque petit rocher qui émerge nous sert de point de ralliement et ce n' est que très lentement que nous nous élevons.
La fatigue commence à se faire sérieusement sentir; nous ne pouvons toutefois pas songer à nous arrêter avant de nous être tirés d' affaire. Il nous faut monter, monter sans répit. Maintenant, nous nous engageons dans une rigole resserrée entre des parois granitiques insurmontables. Là, une glace noire, terriblement dure, remplace cette mauvaise neige qui, plus bas, menaçait de nous emporter. Nous devons tailler d' énormes marches, car nous avons négligé de rechausser nos crampons. Nos mains gercées nous font souffrir au contact continuel de la glace et du granit, et ces quelques mètres nous sont très pénibles.
C' est avec plaisir que nous débouchons dans un large couloir qui nous conduirait rapidement à l' épaule, si les conditions de la neige étaient plus favorables. Nous préférons remonter les rochers de droite; là encore, nous sommes déçus, car ils sont couverts de neige et de verglas. A grands coups de piolet, nous les débarrassons de leur dangereuse carapace et, tant bien que mal, nous progressons.
Encore quelques cheminées pénibles et nous voilà enfin confortablement installés sur l' épaule du Mont Maudit. Après tant de misères, nous sommes si heureux de nous être tirés de ce traquenard, que nous nous mettons aussitôt à plaisanter.
D' où nous sommes, l' arête plongeante se dessine magnifique sur l' ombre de la vallée. Nos traces lilliputiennes se distinguent à peine le long des énormes corniches surplombantes. Longtemps encore, nous voudrions admirer cette merveilleuse arête, mais le froid et l' heure tardive nous commandent l' action.
La dernière partie de l' ascension s' effectue le long d' une crête qui, quoique n' offrant pas de difficulté, est de toute beauté, le versant Brenva est ourlé d' immenses corniches, tandis que la pente faisant face à la Vallée de l' Arve est légèrement glacée et nécessite encore quelque attention. Après un dernier effort, nous arrivons à 19 heures au sommet du Mont Maudit.
La vue sur les cimes environnantes est superbe. Le soleil rougeoie déjà, et son éclairage horizontal donne aux arêtes un relief extraordinaire. Tout près de l' horizon, d' énormes nuages traînent paisiblement dans l' éther et le temps se fait menaçant.
Nous prenons une photographie et, sans plus nous attarder, filons vers le Col de la Brenva, le Corridor et le Grand Plateau. Une rimaie nous oblige à faire un grand détour. Notre intention première était de passer la nuit au refuge Vallot; mais nous sommes si mouillés et l' heure est si avancée, que nous descendons vers les Grands Mulets.
Bientôt, la nuit sombre nous enveloppe; nous allumons notre lanterne et, à sa lueur vacillante, nos ombres s' allongent aussitôt comme des fantômes. Nous reprenons notre marche pénible dans une neige superficiellement durcie par le gel; nous enfonçons à mi-jambe à chaque pas, et une grande lassitude nous gagne. Nous en avons assez, la course se fait trop longue. Tout contribue à abaisser notre moral: les ténèbres, la fatigue, le poids des sacs, la neige infecte et__l' hôtellerie des Grands Mulets qui ne se montre pas. Pour peu, nous renoncerions à tout jamais à l' Alpe et serions disposés à vendre sans regret tout notre matériel.
Enfin, à 22 h. 1/2, nous frappons à la porte des Grands Mulets... boissons chaudes... eau minérale... copieux repas... et lits confortables...
Le lendemain, à midi, sous un soleil de plomb, après une matinée passée à se « retaper », une joyeuse cordée de quatre, heureuse du succès de la veille, le moral haut, montait en flânant par le Petit et le Grand Plateau en direction du refuge Vallot, à la conquête d' autres arêtes...
Horaire: Refuge Torino ( départ ) 2 h.Sommet du gendarme. 11 h.
Rimaie3 h. 1/2Epaule du Mont Maudit 16 h. 1/2 Début de l' arête... 4 h.Sommet du Mont Maudit 19 h.
Pied du gendarme.. 7 h.Grands Mulets.... 22 h. 1/2 Voici les différents parcours de l' arête ( renseignements dûs à l' obligeance de M. Lucien Devies, secrétaire de la rédaction de la revue Alpinisme:
1° Moritz von Kuffner avec Alexandre Burgener, Josef Fürrer et un porteur italien, 4 juillet 1887. Quittant leur deuxième bivouac au Col est de la Tour Ronde, à 5 h., ils arrivèrent au Mont Maudit à 13 h. 30 et au Mont Blanc à 16 h.
2° E. Canzio, F. Mondini et 1e porteur Henri Brocherei, 22 août 1901. Les membres de cette cordée passèrent chacun à leur tour en tête. Quittant le Col de la Fourche à 6 h., ils atteignirent l' arête nord-est du Mont Maudit au dessus et à droite de l' Epaule à 16 h. 30 et le Mont Blanc à 21 h. 55.
3° R. L. G. Irving, G. H. L. Mallory, H. E. C. Tyndall le 18 août 1911. Franchissant à 5 h. la rimaie au nord-ouest du Col de la Fourche, ils parvinrent au Mont Maudit à 15 h. 30 et au Mont Blanc à 18 h. 30.
4° O. et W. de Meyendorf et Erwin Mahlknecht les 16 et 17 août 1923.
5° Trois Milanais: A. Bonola, E. Romanini, L. Gioletta, 27 août 1930. Ils mirent 17 heures de la cabane Torino au Mont Blanc.
6° Peter Aschenbrenner ( 1e célèbre guide de Kufstein ) et son camarade Kuno Baumgartner d' Innsbruck, 25 juillet 1931.
7° W. Marin, F. Perringer, R. Singer, 25 juillet 1931. Ces deux cordées firent la course en même temps, mais la cordée Aschenbrenner—Baumgartner fut semble-t-il toujours devant. Départ du refuge Torino. Bivouac immédiatement après le grand gendarme. Le lendemain remontée de l' arête jusqu' au Mont Maudit. Sommet du Mont Blanc 15 h. 30. Mauvaises conditions.
8° V. Bressoud, W. Marquart, F. Marullaz et R. Dittert, le 24 juillet 1933.
9° Jean Charignon, Jean Leininger, Jean Vernet, le 29 août 1933, qui mirent onze heures du Col de la Fourche à l' Epaule.