A la limite du skiable
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A la limite du skiable

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PAR DANIEL BÖDMER, BERNE

A la limite du « skiable » Avec S illustrations ( 117-121 ) Les temps sont révolus des glissades tranquilles sur les longues pentes doucement ondulées. Le Blindenhorn, la Fuorcla Ziteil, le Hahnenmoos et le Hessisbohl, où le skieur de la vieille école, encore peu féru de vitesse, pouvait descendre paisiblement sur des kilomètres et des kilomètres sans rencontrer d' obstacles, ont vu pâlir leur renommée. Avec les progrès de l' équipement et de la technique du ski s' est modifié aussi ce que je voudrais appeler le « style du ski»1. Ce style du ski est l' expression de son époque.

La division des esprits dans la pratique du ski devient toujours plus profonde et plus évidente. Autrefois, on faisait à peine une distinction entre le ski de performance et le ski de tourisme, entre le sport public des compétitions et le sport privé. Aujourd'hui, par contre, nous avons trois catégories nettement distinctes: ski de compétition, ski de piste, ski de tourisme. Ces trois tendances divergent toujours plus et bientôt on ne pourra que difficilement les loger à la même enseigne.

Le skieur-touriste paraît aujouid' hui un peu partout légèrement démodé et conservateur. Il se rend parfois subitement compte qu' il est relégué au rôle d' un « Tartarin au Righi » et tourné en ridicule. Le skieur alpin, avec ses peaux de phoque et son sac de montagne, semble un anachronisme sur les pistes technisées toujours plus nombreuses, avec leur flot de skieurs obsédés par la descente, dans l' atmosphère des inévitables petits potins et intrigues d' avant et d' après.

Est-ce à dire que le skieur alpin en est resté au « style du ski » d' autrefois et devient ainsi une relique du passé bonne pour le musée? Le but de cet article est de montrer qu' il n' en est rien et que devant l' alpiniste de vieille roche s' ouvrent des voies toutes nouvelles, grâce, justement, à une technique perfectionnée. Des montagnes qu' on ne trouve ni sur les cartes de ski ni dans les guides du skieur et qui, autrefois, semblaient réservées au tourisme estival, sont entrées non seulement dans le champ visuel du skieur alpin moderne, mais aussi dans son champ d' action.

Ces sommets se distinguent soit par des pentes neigeuses raides et étroites, soit par des obstacles de rocher ou de glace, soit par tout cela à la fois. Si l'on me demandait le « pourquoi » des courses de ski extrêmes, je serais tout aussi embarrassé dans ma réponse que devant le non-alpiniste qui me pose cette question au sujet des escalades d' été. Qu' est qui prédomine, la passion de l' alpinisme hivernal, le plaisir de dessiner sa trace solitaire dans un terrain vierge et varié, l' ivresse et l' excitation d' une descente raide dans la bonne neige, ou tout simplement la joie de la découverte? Je ne saurais le dire.

Les limites du « skiable » s' élargissent non seulement quant au terrain, mais aussi quant à la saison et la position géographique. Autrefois, la saison de ski commençait en décembre et finissait en avril, tandis que maintenant on pratique de plus en plus le ski avant l' hiver déjà, et la saison de ski en haute montagne dure jusqu' en juin ou même juillet. Le ski a pénétré aussi dans de nouvelles régions et même dans les zones chaudes, à l' Etna, dans l' Atlas, au Liban; et les plus hautes montagnes de l' Asie ne tarderont pas non plus à devenir son domaine.

Voici les perfectionnements grâce auxquels nous pouvons aujourd'hui faire du ski dans ces régions:

1° Amélioration du ski, de la fixation et de la fixation des peaux; 2° emploi des couteaux avec pointes en dents de requin ( les couteaux Bilgeri simples étaient déjà employés autrefois, mais uniquement pour remplacer les arêtes encore inexistantes1 Cette expression ne comprend pas seulement la technique du ski, mais plutôt la manière de le pratiquer.

3° création du ski court d' été qui permet de virer dans les couloirs les plus étroits et qui gêne moins pour la varappe dans la glace et le rocher; 4° meilleure connaissance des propriétés et du comportement de la neige. Elle permet de juger avec une grande sûreté si des pentes très raides sont praticables à ski et de diminuer ainsi les risques d' accidents par avalanche. Il y a des montagnes qu' on ne peut affronter à ski sans courir de trop grands risques que dans des conditions tout à fait déterminées et souvent très rares.

Par contre, les ascensions hivernales dans le rocher et la glace ne sont pas une nouveauté, et les pionniers ont déjà développé une maîtrise dans ce domaine. Quelques jeunes chasseurs de « premières » semblent l' ignorer encore.

Le lecteur trouvera ci-dessous quelques brefs récits de courses à ski qui peuvent paraître extravagantes et dont la répétition n' est pas toujours possible ou même pas recommandable du tout.

1° Reissend Nollen, 3003 m De même que le Titlis, son voisin occidental domine les terrains classiques de ski du Jochpass-Triibsee. Mais ils sont rares ceux qui, en plus des lunettes de coureur démesurées, du pullover à motifs de cerfs et de l' abonnement de ski-lift prennent des peaux de phoques pour aller au Jochpass. Le Jochstöckli, situé à une demi-heure seulement au-dessus du col, porte souvent un manteau de neige encore intact, tandis qu' en bas, à l' ombre du Graustock, l' orgie de la vitesse est à son comble.

Si je ne l' avais pas appris de source sûre, j' aurais eu peine à croire que ce versant neigeux raide et bombé avait déjà supporté la visite de skieurs, sans se secouer d' un air maussade pour s' en débarrasser. Peu exposée au soleil, pareille à un bouclier qui repousse avec froideur, la pente se bombe au-dessous de l' arête allongée. Un banc rocheux la coupe au tiers de sa hauteur. Trouver une neige skiable sur cette pente d' une raideur régulière sans accepter des risques exagérés, c' est une vraie quadrature du cercle. Si la neige est poudreuse et docile, elle menace de glisser en avalanche; si elle est granuleuse et gelée, ou durcie par le vent, on risque, à la moindre faute de carre ou d' équi, de faire une glissade-éclair dans la ligne de pente, glissade qui serait fort probablement aussi la dernière.

Un magnifique dimanche d' avril m' amène au Trübsee. Je suis bien entraîné après les vacances de printemps, et une voix intérieure me chuchote: maintenant ou jamais! A quatre, nous remontons le névé encore durci et rugueux jusqu' à la selle, de l' autre côté du Jochstöckli. Là nous nous divisons en deux groupes. Tandis qu' un jeune camarade à toute épreuve se joint à moi avec enthousiasme, les deux autres prennent à droite, en direction du Wendensattel. Grâce aux peaux et aux couteaux, nous pouvons, au début, nous tenir sur la surface granuleuse et nous montons obliquement à gauche. Le banc rocheux est le seul relais dans la pente. Quelque 50 m plus haut, l' inclinaison atteint son maximum, nous forçant à monter à pied dans la ligne de plus forte pente, les skis sur l' épaule. C' est merveilleux comme on peut bien aujourd'hui faire les pas dans la neige sans s' aider du piolet. Notre échelle céleste prend fin à l' arête sommitale où nous trouvons les chaudes caresses du soleil. Il ne reste plus que quelques pas jusqu' au point le plus élevé ( quatre heures après le départ ). Un véritable trône des dieux! Une journée radieuse s' avance, tandis qu' en bas, sur les étendues blanches, le fourmillement de la foule devient toujours plus dense. Le soleil du printemps a déjà ouvert par-ci par-là de grands trous dans le manteau de neige; nous attendons que son effet se fasse sentir aussi sur notre versant nord. Enfin, nous ne pouvons plus résister à notre impatience. Il est midi lorsque, ayant vérifié nos fixations, le cœur un peu battant, nous nous lançons dans le premier virage sur le versant maintenant éclairé. Grande déception: rien encore qui ressemblerait à de la neige de printemps. Par bonheur, une toute petite couche de neige fraîche permet de maîtriser un peu ses skis. A chaque virage nous dévalons la hauteur d' un étage, et cependant la pente semble tout aussi haute encore. Dans la partie la plus raide médiane, nous faisons un prudent dérapage latéral, et soudain je sens sous mes pieds une neige modelable. Alors l' ivresse commence. Nous alignons virage sur virage; et à chaque fois le Jochstöckli, jalon rocheux, s' élève et se rapproche. Et pour terminer, la fameuse descente du Sulzli, en plein nord, jusqu' au Trübsee. Lorsque nous nous retournons pour regarder avec émerveillement notre trajet, nous sentons des frissons délicieux nous courir dans le dos.

2° Haut de Cry, 2969 m Qui connaît cette montagne valaisanne dédaignée au-dessus d' Ardon? Et pourtant elle domine la plaine du Rhône tout aussi fièrement que la Dent de Mordes et offre une vue tout aussi belle. Ses arêtes, ses côtes, ses gorges et ses flancs s' étendent dans toutes les directions et, par son étendue c' est un massif alpin imposant. Et comme but touristique? Non, là il ne joue aucun rôle.

Lorsque, un soir de mai, notre ami Uttendoppler proposa cette montagne comme but d' une course à ski, il ne vit que des mines peu compréhensives. Je ne la connaissais moi-même que par les « Tragédies alpestres » de Charles Gos; en effet, lors d' une tentative d' ascension hivernale par le versant SE, le guide valaisan J.J. Bennen y trouva la mort dans une avalanche 1. Mais par où donc un itinéraire de ski pourrait-il conduire sur ce sommet presque entièrement rocheux? L' initiateur de la course lui-même ne semble pas très au clair sur les détails de la route, bien qu' il affirme catégoriquement que celle-ci doit partir de Derborence et passer par le versant NW. Tant mieux si, une fois de plus, nous pouvons jouer le rôle de pionniers si rare aujourd'hui, avec tout ce que l' aventure et la route inconnue déclenchent de piquant et de séduisant pour l' être humain.

L' itinéraire de ski indiqué pour Derborence, 1449 m, conduit d' Anzeinde, 1876 m, par le Pas de Cheville, 2038 m. Nous apprenons par hasard que la petite route carrossable du Pont de la Morge à Aven a été depuis peu prolongée jusque loin dans la vallée de la Lizerne. Passant bien au-dessus du torrent qui coule dans une gorge profonde, elle coupe les parois de la rive gauche et s' abrite par endroits sous de longues galeries. Elle se termine près de Motélon, 1253 m, où elle touche le fond de la vallée et traverse le ruisseau. Il ne nous reste plus que trois quarts d' heure de marche, dans un paysage dont le romantisme, accentué encore par le crépuscule tombant, dépasse l' image créée par l' œuvre de Ramuz. Une forêt alpestre très ancienne aux arbres majestueux nous accueille. Des troncs morts, pareils à des fantômes, pourrissent sous une couche de mousse. J' attends avec impatience le moment où, à travers les branches, j' apercevrai le lac mystérieux. Un marécage et de petites flaques annoncent son approche. Enfin, aux dernières lueurs du jour, apparaît la surface bleu-vert de l' eau, sombre comme les sapins. Vers le nord, le lac est en train de se combler. Par un raccourci nous le contournons à droite, traversons en sautant le ruisseau qui en sort et atteignons en quelques minutes les chalets de Derborence où nous pouvons dormir dans le foin. Le temps ne promet rien de bon; une pluie fine tombe des nuages bas.

L' éclaircie de fœhn est une bonne surprise, et à 6 heures, nous pouvons nous mettre en route. La neige des avalanches descendues très bas nous permet bientôt de chausser nos skis. Nous suivons approximativement le chemin d' été vers la vallée de la Derbonne, dont la partie inférieure, profondément encaissée, n' est pas praticable. A partir du point 1582, nous devons descendre de quel- 1 Le 24 février 1864.

ques dizaines de mètres vers le fond de la vallée, où les avalanches ont déposé de grandes masses de neige. Par deux petits gradins couverts d' arbres clairsemés, nous atteignons le haut plateau de Pra Fleuri, 2100 m environ. Nous nous trouvons dans la ligne de pente de notre sommet qui se défend par une ceinture allongée de rochers; notre montée fait un trace raide et oblique le long du pied de cette ceinture. La couche de neige fraîche devient rapidement plus épaisse, et le brouillard nous engloutit. Il devient difficile de s' orienter, car la paroi à notre gauche disparaît peu à peu. La pente est raide, il faut se relayer souvent pour ouvrir la trace. De temps en temps les pointes de Tsérié, 2728 et 2710 m, sortent comme des repères de la blancheur. Arrêtés sur une petite plate-forme à leur pied, nous tenons conseil quant à la suite de l' itinéraire. D' après le guide, comme d' après le peu que nous pouvons en voir, l' arête SW, la plus rapprochée de nous, semble nous réserver quelques difficultés ( deux ressauts rocheux ). Nous nous décidons donc pour la route normale d' été, qui suit l' arête N. Mais cela nous oblige à une longue traversée, non dépourvue de risques, sur des pentes ininterrompues, parfois très raides, pour atteindre la sortie du couloir qui rejoint l' arête au sud du point 2739. La qualité de la neige et la raideur de la pente nous font renoncer ici à nos skis. A 10 h. 30 nous avons franchi à pied une dénivellation de 100 m environ. Sur ces entrefaites le temps se brouille complètement. Une neige profonde et molle alterne avec des gradins de roche friable qu' on peut éviter en partie par la gauche ( est ). Faute de champ visuel suffisant, il est difficile de juger à quel point les skis auraient pu nous rendre service ici. Le point le plus élevé se fond, blanc sur blanc, avec l' entourage ( durée totale de la montée, six heures ). A l' est un sommet jumeau, paraissant avoir environ la même altitude, se montre parfois à travers le brouillard.

La joie qui nous gonflait la poitrine pendant la descente s' éteint subitement lorsque nous approchons du bas du couloir. Trois paires de skis ont disparu avec leurs bâtons. Un glissement de neige lourde a suffi pour les faire basculer et les entraîner dans la pente, bien que nous les ayons plantés à l' abri d' un bloc de rocher. Par mauvaise visibilité, la recherche des déserteurs met nos nerfs à l' épreuve. Par bonheur, la couche gelée sous-jacente porte. 100 m plus bas, les masses de neige heureusement pas trop importantes s' arrêtent et rendent assez vite leur proie. Une fois de plus, ça finit bien. Le cœur soulagé, mais enrichis d' une nouvelle expérience, nous traversons de nouveau vers l' ouest, où commence une merveilleuse descente dans une neige docile. Et même le soleil nous envoie, en guise d' adieu, un petit sourire timide. Au fond de la vallée, la neige compacte des avalanches permet enfin à l' artiste skieur de s' épanouir entièrement. Au milieu de l' après déjà, nous sommes tous les quatre de retour à Derborence; le printemps s' y est installé entre temps et les ruisseaux murmurent parmi les crocus. Nous sommes tous d' accord qu' il valait bien la peine de faire ce long voyage pour donner au Haut de Cry l' estampille d' une montagne à ski.

3° Gsür, 2709 m Les arbres portent encore leur feuillage multicolore, et déjà l' hiver a fait son entrée dans le pays et jeté son manteau argenté sur les sommets et les arêtes. Aux journées où les flocons sauvages tournoyaient prématurément dans l' air succèdent des semaines baignées dans l' azur le plus pur. Mais la plaine est captive sous le brouillard qui semble effacer toutes les couleurs et noyer toute vie dans la grisaille. Comme une moisissure, le givre recouvre arbres et prairies. Qui aurait pensé prendre les skis dans les premiers jours de novembre déjà?

Par une triste matinée de dimanche, nous partons à deux pour Matten, dans le Haut Simmental. Le Fermelbach s' échappe là d' une étroite gorge boisée, charriant du gravier, et son immense delta repousse le torrent principal vers la pente opposée. Les sombres sommets sont comme figés dans leur parure de givre. A Birchlauenen ( 1341 m ) nous perçons le brouillard qui se retire comme une mer aux vagues blanches. Un monde nouveau apparaît devant nous, frais, jeune et riant comme au jour de la Création. Vieillis par l' hiver, 1' Albristhorn et le Gsür, couverts d' une neige profonde, se dressent vers le ciel bleu, tendu de légères toiles d' araignée. A pas rapides, nous pénétrons dans la longue vallée. Le soleil brille aux vitres de ce joli hameau habité tout i' hiver. Un coin de terre que le tourisme n' a pas encore infecté. A Gruben, 1400 m environ, nous chaussons les skis. La couche de neige n' est pas encore épaisse, mais compacte et gelée, recouverte d' une fine couche de poudre. Passant au milieu des mayens et des granges brunis par le soleil, nous atteignons une forêt clairsemée de jeunes conifères. Nous suivons la rive droite du ruisseau jusqu' au voisinage du gradin rocheux qui nous sépare comme une ceinture du massif du Türmlihorn et du Gsür. Il est coupé par un ruisseau, mais la gorge est tout ornée de guirlandes de glace. Au nord-ouest s' élève une côte de rochers et d' herbe, à côté de laquelle se creuse un couloir qui va se perdre là-haut dans les raides pentes herbeuses du Türmlihorn. Celles-ci ont encore la couleur jaune de l' automne et ont déjà envoyé presque toute leur première cargaison de neige dans ce couloir où elle forme des tas irréguliers, visibles de loin. Bien que pénible, la voie de montée est aujourd'hui sans danger. La neige mouillée qui avait glissé sous les rayons du soleil a gelé dur et nous oblige à porter les skis. De temps à autre, pour nous reposer, nous traversons et rallions la côte limitant le couloir; en cas de danger d' avalanche, celle-ci représente la seule voie d' accès au Ruggentäli; encore n' est qu' à moitié sûre. Trois heures et demie après le départ, nous atteignons l' épaule à l' entrée de cette combe, entre le Turmlihorn et le Gsür. Une fois qu' on a traverse la pente raide pour atteindre le fond de la combe, on monte en lacets agréables en direction de la selle, 2359 m. Mais on la laisse à gauche et l'on se tourne directement vers le flanc escarpé de l' arête NE du Gsür, lequel conduit à l' épaule point 2614,9, et dont seule la partie supérieure ne présente pas de danger d' avalanche. Aujourd'hui nous trouvons de la neige bien tassée, recouverte d' une couche de poudre. Nous pouvons même remonter à ski une partie de l' arête. D' immenses coussins de neige tapissent les rochers faciles, formant souvent des corniches impressionnantes. Ce tronçon final nous prend 40 minutes, tandis qu' en été il demande à peine un quart d' heure. Pas après pas, le rocher doit être soigneusement débarrassé de son crépi de neige et nous en sommes complètement saupoudrés quand nous touchons le sommet ( durée totale, six heures ). Sans doute n' a pas souvent été visité à ski. Chers sommets bien connus et pourtant toujours nouveaux autour de nous! Il nous reste peu de temps pour admirer; les journées sont courtes et il faut prendre le chemin du retour. Prudemment on amorce le premier virage de la saison qui débute dans un terrain d' une extrême raideur. Bon, les jambes n' ont pas encore oublié la technique de la descente. A regret nous plongeons dans les ombres bleues, mais la joie d' une descente qui soulève des panaches de neige nous réchauffe bien vite le cœur. Une fois encore nous retrouvons le soleil, au moment où la descente sur Fermelberg passe par un couloir raide de 100 m. Entre temps, la neige s' est fortement ramollie et nous donne bien du mal; par contre, la dernière pente est de nouveau un pur délice. Les formes du terrain ne sont pas encore nivelées par la neige; chaque bloc de rocher, chaque ondulation du sol sont bien marqués. Mais contre toute attente, la neige durcie nous porte vers le bas dans un balancement délicieux. Le soir arrive sans qu' on s' en aperçoive. Un froid bleu se mêle au scintillement doré dans un adieu glacial. Et au bout d' une journée de bonheur, nous retrouvons le royaume étranger du vilain brouillard qui, pour une semaine, s' empare de nouveau de nous.

( Traduitpar Nina Pfister-Alschwang )

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